La situation de sécheresse qui pèse sur l'ensemble du territoire national depuis plusieurs mois inquiète. La rareté de la pluviométrie que connaît le pays ces dernières années fait penser à des scénarios catastrophes, similaires à ceux décrits dans les documentaires sur le réchauffement climatique et ses conséquences sur la vie sur Terre. Mais sommes-nous réellement en danger ? L'alimentation des Algériens en eau potable peut-elle être assurée à long terme ? Faut-il aller vers plus de rationalisation de cette ressource indispensable ? Les manifestations des populations, enregistrées durant l'été dernier dans plusieurs wilayas du pays, notamment à Annaba, constituent une sérieuse alerte. Elles rappellent à tout le monde, autorités et population, que l'Algérie dispose d'un climat semi-aride et que l'or bleu risque de manquer à l'avenir. «La tension sur l'eau sera toujours présente, car l'Algérie se trouve au cœur de la région MENA qui est la plus sèche au monde», affirme Brahim Mouhouche, enseignant à l'Ecole supérieure d'agronomie, lors de son passage hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Selon lui, «la part en eau potable de l'Algérien n'est que de 3,5% de la moyenne mondiale, soit l'équivalent de 292 m3». Brahim Mouhouche appelle, dans ce sens, à «réfléchir à des solutions à moyen et long termes». «Mais pour le moment, il faut absolument éviter le gaspillage», lance-t-il. Cet avis est partagé par le ministère des Ressources en eau et de l'Environnement. «Il faut aller à la gestion par la demande» «Pour l'avenir, nous devons aller vers la gestion par la demande. Il faut éviter le gaspillage et réparer les fuites. L'agriculture, qui consomme environ 6,7 milliards de mètres cubes/an, doit utiliser d'autres techniques d'irrigation», souligne Abdelwahab Smati, directeur de la mobilisation des ressources en eau au ministère des Ressources en eau, appelant aussi les industriels à recycler leurs eaux et éviter le gaspillage. «Dans notre politique, nous avons aussi prévu des stations d'épuration des eaux usées (192 stations sont déjà opérationnelles à travers le pays) pour servir dans l'agriculture», ajoute-t-il. Cependant, M. Smati se montre moins alarmiste quant aux capacités à «assurer une alimentation équitable d'eau potable à toute la population». En dépit de la rareté des pluies, dit-il, «la situation générale du pays n'est pas alarmante». «Nous disposons actuellement de 3,6 milliards de mètres cubes d'eau, dont 35% proviennent des barrages, 50% des eaux souterraines et 15% des stations de dessalement. Certes la situation des barrages est affectée par l'évaporation et l'effet de sécheresse, mais nous avons diversifié nos ressources», explique-t-il. Selon lui, l'option de rationnement de l'eau n'est pas à l'ordre du jour, d'autant plus que les quantités d'eau disponibles dans les 75 barrages du pays est au même niveau que celles enregistrées durant l'année 2016. «Généralement, les grands apports pour nos barrages sont enregistrés durant l'hiver (décembre) et au début du printemps (mars et avril). Pour les zones qui connaissent des déficits en eau, nous avons prévu des solutions de substitution, dont les forages et les stations de dessalement», explique notre interlocuteur. Rappelant les dispositions de la loi sur l'eau de 2005 qui accorde la priorité à l'alimentation de la population en eau potable, Abdelwahab Smati affirme que le plan de l'eau 2030 vise à sécuriser durablement l'alimentation en eau potable. «Nous avons opté d'abord pour la réalisation de l'infrastructure de base. Nous aurons d'ici à 2019, 84 barrages. Ensuite nous avons réalisé un maillage basé sur l'interconnexion des barrages, la valorisation des eaux souterraines et la réalisation des stations de dessalement dans les régions côtières», indique-t-il, précisant que le pays dispose d'environ 18 milliards mètres cubes d'eau renouvelables/an.