La conférence de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d'extinction qui s'est ouverte hier à Doha, a refusé une proposition de Monaco de suspendre les exportations de thon rouge d'Atlantique Est et de Méditerranée. Une décision prévisible, pour Mohamed Haouchine, docteur en biologie marine, enseignant chercheur à l'université Houari Boumediène à Bab Ezzouar. « Effectuer des campagnes d'évaluation et fermer provisoirement la pêche pour permettre aux stocks de se reconstituer, comme on le fait déjà pour l'anchois, serait la seule solution. Suspendre le commerce internationale visait à pousser chaque pays à moins pêcher, sachant que s'il prélève de trop grandes quantités, il ne pourra pas les écouler sur le marché international, poursuit-il. Mais cela aurait eu pour conséquence de favoriser les réseaux clandestins et aurait provoqué une flambée des prix. Prenons le cas de l'Algérie : qui pourrait se permettre d'acheter le thon à son prix fort d'autant que nous n'avons pas d'industrie de transformation permettant de réduire les coûts ? » Pour Mourad Kahoul, président de l'Association euroméditerranéenne des pêcheurs professionnels de thon, « Ce n'est pas une victoire pour les professionnels du thon rouge, c'est une petite victoire de la science contre l'arbitraire de certains groupes de pression. Car vouloir interdire l'exportation est une décision politique. Il y a du poisson. Une étude de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer donne des résultats positifs. Seulement, il existe un gros lobby écologiste qui veut tuer la pêche en Méditerranée alors que de nouveaux marchés s'ouvrent en Australie et aux Etats-Unis. » Une proposition européenne qui prévoyait aussi une inscription à l'annexe I pour interdire les exportations a également été rejetée par 72 voix contre 43 et 24 abstentions. chef de la délégation de Monaco, Patrick van Klaveren a déploré « un débat avorté ».