Cette réalité a été confirmée par l'Institut national de la propriété industrielle (INAPI). Lors de la célébration de la semaine internationale de l'entrepreneuriat, qui coïncide chaque année avec les 13 et 14 novembre, le représentant de cet organisme a abordé le volet de la protection de la propriété industrielle, pour éclairer les étudiants pour lesquels la création d'entreprises s'impose en tant que choix professionnel. Lotfi Boudjedar a assené une vérité qui ne peut qu'interpeller sur le retard accusé par la recherche en ce domaine. Le nombre de dépôts de brevets de la part de l'Algérie auprès du PCT est infime, ce qui la classe à la 132e place sur un ensemble de 152 pays. Et de rappeler la mission du PCT qui est un traité international, comptabilisant plus de 150 Etats contractants, et qui permet d'obtenir simultanément la protection d'une invention dans un grand nombre de pays en déposant une demande «internationale» unique au lieu de déposer plusieurs demandes de brevet nationales ou régionales distinctes. La délivrance des brevets reste toutefois sous le contrôle des offices de brevets nationaux ou régionaux. C'est ainsi qu'il est porté à la connaissance de l'assistance, composée majoritairement d'étudiants en fin de cycle, que les dépôts de brevet émanant des universités sont quasiment nuls. «Sur 100 à 105 dépôts de brevets annuellement, à peine cinq d'entre eux sont issus de l'université», rappellera le représentant de l'INAPI, qui précisera : «Et ce sont toujours les mêmes universités qui en font la demande.» C'est une information qui conforte le ministère de l'Enseignement supérieur dans sa démarche de réforme du secteur de la recherche scientifique. Ce dernier, selon des déclarations officielles, a englouti, depuis 2008, 67 milliards de dinars, d'un total de 100 milliards par les 1440 laboratoires, dont certains dépensent leur budget dans le matériel consommable uniquement. Mais dans le cas où la recherche aboutit, la question du dépôt de brevet s'imposera d'elle-même. L'inventeur devra se soucier des modalités de la protection de son produit ou procédé. Et c'est à partir de ce stade qu'intervient le rôle de l'INAPI. En préambule, Lotfi Boudjedar a tenu à tordre le cou à quelques clichés. Déposer un brevet n'est pas lié exclusivement à la technologie. L'innovation peut intervenir dans l'amélioration d'un produit ou concept. Qu'il n'existe pas de brevet international, mais que le brevet est territorial et son inscription coûte 12 500 DA, soit beaucoup moins cher comparativement à d'autres pays, dont la France où les frais sont estimés à 480 euros. Autre point soulevé et dont l'importance est capitale, celui de la recherche d'intériorité. Le communicant a conseillé aux étudiants présents, lors de ce séminaire organisé, les 13 et 14 novembre, à l'université Constantine 2, d'effectuer des recherches sur le projet avant de l'entamer. Une mesure pour épargner à l'université une perte de temps et surtout d'argent dans le cas où ce projet a déjà été abordé. Et à lui de donner quelques orientations : «L'INAPI peut effectuer les recherches d'intériorité pour vous. Il s'en charge gratuitement et a les compétences et les capacités de les réaliser vu la base de données dont il dispose. C'est très simple, il faut juste envoyer un courrier.» Des clarifications hautement utiles sur la voie de l'entrepreneuriat qui séduit énormément dans le milieu estudiantin. Qui nourrit aussi autant de craintes, quand bien même des expériences réussies ont été exposées. «L'idée de fonder une start-up m'intéresse, mais j'ai beaucoup d'appréhensions. Il y a très peu de réussites. Le fait qu'on expose aujourd'hui le cas d'une entreprise d'innovation ne traduit pas la réalité. Les chiffres de ceux qui échouent ne sont jamais présentés», nous confiera Djamel, un étudiant en master à la faculté des NTIC. Effectivement, les quelques statistiques disponibles autour de l'entrepreneuriat en milieu universitaire ne sont ni exhaustives ni précises. Le recteur, Pr Mohamed El Hadi Latreche, lors de son intervention, a affirmé, en citant le ministère de tutelle, que seuls 1% des universitaires ont bénéficié des dispositifs d'emploi, Ansej et Cnac. Ce qui est quantitativement très peu, et n'est d'aucun apport au secteur de la PME, levier du développement local et national. Pour sa part, la directrice de la maison de l'entrepreneuriat de la même université a affiché une certaine satisfaction quant à l'avancée réalisée en la matière. Selon Sandra Saibi, la création d'entreprises par les universitaires a atteint 19% de l'ensemble des projets financés par l'Ansej dans la wilaya. «Notre objectif est de garder au moins ce rythme», dira-t-elle, en précisant que le MESRS prévoit la création de 40 000 start-ups innovantes.