LafargeHolcim Algérie, la filiale algérienne du groupe cimentier mondial LafargeHolcim, a effectué, mardi dernier, sa première opération d'exportation de ciment gris vers l'Afrique de l'Ouest, précisément vers la Gambie, à partir du port d'Arzew (Oran). Cette première opération, depuis la levée de l'interdiction sur l'exportation de ce produit, concerne 16 600 tonnes de ciment gris, en vrac, acheminées de la cimenterie d'Oggaz, à Mascara, pour une valeur estimée à 600 000 dollars. L'événement, célébré en grande pompe par l'entreprise, les autorités locales et les responsables du ministère du Commerce et celui de l'Industrie et des Mines, renseigne sur l'énorme potentiel dont jouit actuellement l'industrie cimentière algérienne, plombée durant plusieurs années par un déficit de production. Il indique surtout l'état du marché national du ciment qui passe, désormais, à une situation de surabondance nécessitant de trouver des débouchés commerciaux à l'effet d'absorber les volumes de surproduction dégagés par les cimentiers nationaux. Selon Jean-Jacques Gauthier, directeur général de Lafarge Algérie, la bataille de l'export représente, aujourd'hui, «un défi et une opportunité majeurs pour l'industrie algérienne du ciment», en ce sens que tous les opérateurs du secteur doivent «contribuer à transformer cette opportunité en succès économique, car l'enjeu est capital». Et d'affirmer que l'Algérie produira près de 40 millions de tonnes de ciment à l'horizon 2020, pour un marché national de 23 millions de tonnes, soit un excédent de 15 à 20 millions de tonnes, représentant environ 60% de la production globale. Cette situation, préoccupante aux yeux des experts, pourrait impacter négativement l'industrie nationale du ciment, surtout si les entreprises concernées ne trouvent pas de moyens pour absorber les volumes surproduits en intégrant les marchés internationaux dans de meilleures conditions. Un récent rapport établi par le ministère de l'Industrie et des Mines sur la filière ciment en Algérie et les perspectives de son développement affirme, en effet, que l'entrée en exploitation progressive de tous les projets de réalisation de cimenteries par le Groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA), mais aussi LafargeHolcim Algérie, qui représentent à eux seuls 96% des capacités nationales installées, ainsi que le reste des entreprises privées, se traduira par une multiplication par 2 des capacités de production nationale du ciment, en passant de 19,5 millions de tonnes actuellement à 40,6 millions de tonnes en 2020. Le groupe public GICA, qui détient 12 cimenteries sur les 17 en exploitation sur le territoire national, disposera à lui seul d'une capacité de 20 millions de tonnes à l'horizon 2020, alors que LafargeHolcim (possédant deux cimenteries et une troisième en partenariat avec le groupe Souakri) atteindra 11,1 millions de tonnes à la même période. Quant à l'offre et la demande du marché sur ce matériau de large utilisation, il est prévu un surplus de production de l'ordre de 12,5 à 13,5 millions de tonnes par an, dès 2020, qui devrait pouvoir être écoulé sur les marchés internationaux.