Nous jouissons d'une télédensité du mobile de l'ordre de 117,5%, l'une des plus grandes d'Afrique et un taux de pénétration à internet de 45,5%, utilisateurs fixes et mobiles confondus (75,5% si on inclut les multipuces). Ces chiffres sont relativement bons au vu du retard pris par le Régulateur pour allouer les licences 3G aux trois opérateurs, retard qu'il a hâtivement rattrapé par l'octroi des services LTE/4G. Par contre, la pénétration en termes d'abonnés à l'internet fixe illimité de type ADSL, Wimax et VSAT, rapporté au nombre d'habitants, est de l'ordre de 7,3%. Ce dernier pourcentage est celui que les institutions internationales spécialisées (IUT, Banque mondiale, WEF…) documentent dans leurs rapports et que les classements prennent en compte, car il correspond à une connexion physique sur le téléphone fixe ou fibre optique et représente mieux l'appropriation des TIC par un pays lorsqu'il est comparé aux autres et à ses propres résultats passés. Notre pays a par ailleurs fait des avancées importantes pour une meilleure connectivité et une bande passante adéquate. C'est ainsi qu'en l'espace de 6 ans, nous sommes passés de 44 000 km de fibre optique installée à plus de 80 000 km déployée par Algérie Télécom seule. D'une bande passante internet internationale de 67 Gbps à plus de 1,1 Tbps (1100 Gbps) avec une bande passante nationale de plus de 1400 Gbps (1,4 Tbps). Cette dernière est plus importante que l'internationale car un effort particulier a été fourni par Algérie Télécom pour interconnecter la majorité les communes d'Algérie (près de 1500 sur les 1541, d'après les chiffres du MPTTN), cette bande passante nationale est par contre peu ou prou utilisée, car la quasi-totalité de notre trafic internet vient et va vers l'international. Ce trafic international n'est pas encore atténué par l'installation d'un véritable centre d'échanges internet (AlGiX) qui a été lancé puis éteint pour des raisons inconnues. Il interconnecterait les différents fournisseurs d'accès à internet, ce qui éviterait, par exemple, que le mail d'un client d'Algérie Télécom, habitant en Algérie, envoyé à un client d'Icosnet (ISP alternatif algérien) ne fasse le tour du monde avant d'arriver à son destinataire algérien. Les raisons de ce retard Une consommation de bande passante qui coûte de plus en plus cher, non pas pour sa valeur intrinsèque, qui diminue de jour en jour de toute façon sur le marché international, mais parce que la demande nationale augmente régulièrement. Cette augmentation est de 50 à 60% par an depuis 2011, elle pourrait égaler ou même dépasser la bande passante nationale à plus de 1,5 Tbps d'ici l'année prochaine. A toute chose malheur est bon, c'est ainsi que la lenteur dans le développement de la téléphonie fixe en Algérie et son incapacité à fournir en temps et en heure des services à large bande ont fait basculer toute la demande vers une utilisation de mobile. Ce dernier a explosé en nombre d'utilisateurs, comme le démontrent tous les chiffres et qu'atteste la réalité de jour en jour, aussi bien par le nombre de téléphones intelligents fabriqués et vendus en Algérie que par le nombre croissant d'applications, quelques-unes algériennes, pour les plus populaires d'entre elles. Malgré ces résultats somme toute flatteurs, l'association internationale GSMA relève dans une de ses études annuelles (GSMA Intelligence) que 51% des utilisateurs algériens de l'internet mobile estiment qu'ils n'arrivent pas à trouver du contenu local ou un contenu qui leur convienne. Dans ce lot d'utilisateurs mobile, 23% d'entre eux sont très peu ou pas instruits du tout et dans la plupart des cas sans aucune connaissance technique. Alors que 12% sont rebutés par le coût élevé des téléphones intelligents et/ou des services offerts. D'après cette étude, les Algériens feraient tout de même mieux que le Maroc dont 51% des utilisateurs sont peu instruits et, 33% d'entre eux estiment que le coût d'accès à la technologie est une barrière. Par contre, en termes de disponibilité de contenu local, le Maroc fait légèrement mieux que l'Algérie car ils ne sont que 49% à penser qu'ils ne trouvent pas de contenu spécifiquement marocain. Le mobile pourrait bien être la solution pour le tout numérique Le mobile est actuellement la plateforme de choix qui pourrait favoriser et aiguillonner la transformation numérique de notre pays. Il est l'environnement idéal pour créer, distribuer et consommer des solutions et des services numériques innovants, d'une part, et avec juste ce qu'il faut comme bouleversement pour que l'administration s'y adapte pour le bien du citoyen et que les entreprises s'y engouffrent pour accompagner leur indispensable croissance, d'autre part. L'un des meilleurs moyens pour développer une industrie de contenus algériens est la libération de l'esprit d'innovation et entrepreneurial existant pour utiliser la technologie mobile connectée aux périphériques de plus en plus intelligents, développer et fournir des solutions mobiles adaptées à nos besoins, répondant ainsi à nos intérêts et en accord avec notre culture. Toujours dans le domaine de l'internet sans fil, mais fixe cette fois-ci, le Wifi Outdoor, qu'une décision de l'ARPT avait pourtant institué depuis bientôt deux ans, n'a toujours pas démarré par manque d'autorisations de déploiement. Cela semblait pourtant tout à fait propice aux opérateurs alternatifs ainsi qu'à de nouvelles start-up pour investir dans l'accès sans fil fixe. Cela permettrait de diversifier les offres pour le grand bonheur des citoyens qui pourraient consommer, la concurrence aidant, à des prix plus abordables que ceux pratiqués actuellement par les opérateurs mobiles, du moins en ce qui concerne, dans un premier temps, l'accès urbain en attendant le dégroupage de la boucle locale, qui est en fait permis par l'actuelle loi n°2000-03, mais impossible à mettre en œuvre dans la pratique en l'absence d'une volonté ferme des pouvoirs publics. Ceux-là sont en droit d'obliger Algérie Télécom à jouer le rôle de grossiste de bande passante en ouvrant sa boucle locale. Ceci permettra la venue d'opérateurs alternatifs, des opérateurs virtuels (le cas de Free en France et de bien d'autres encore dans le monde sont édifiants dans la démocratisation de l'internet et la réduction des prix qui lui sont associés) dans une saine concurrence où le grand gagnant serait le citoyen et notre développement numérique. La bonne nouvelle est qu'à l'échelle internationale, dans le classement de l'index de développement des TIC (IDI de l'IUT) en 2016, nous avons gagné 9 places, passant de la 112e à la 103e sur 175 pays. Une progression de 115% qui nous a valu les félicitations du DG de l'IUT. Il a par ailleurs fait remarquer qu'une remontée pareille ne s'est jamais vue dans le monde arabe. L'IDI est l'instrument officiel grâce auquel on mesure au plan mondial le niveau de développement de la société de l'information. Cet index utilise 11 indicateurs, parmi lesquels : le nombre d'abonnements au téléphone mobile, le nombre de ménages ayant un ordinateur, le nombre d'internautes, le nombre d'abonnements à l'internet fixe large bande et mobile large bande et le taux d'alphabétisation, pour ne citer que les plus importants. L'accès à l'internet demeure cher Il reste que l'accès à l'internet, qu'il soit par mobile ou fixe, demeure relativement cher comparativement au pouvoir d'achat de l'Algérien moyen. En effet, le prix d'un forfait internet mobile de 1 Go représente 5,55% du salaire minimum en Algérie alors qu'il n'est que de 2,1% en Tunisie, de 2,3% en Egypte et de 0,4% au Maroc. Par contre, nous nous positionnons honorablement mieux en ce qui concerne les prix des smartphones, notamment en entrée de gamme, le produit le plus vendu. Chez nous, son prix ne représente que 55% du salaire minimum alors qu'il est à 72% pour le Maroc, 153% pour l'Egypte ; la Tunisie fait mieux que tout le monde avec seulement 40% du salaire minimum. Quant à l'internet fixe, le coût d'une connexion à 20 Mbps (en Algérie, pour ceux qui peuvent y accéder, nous avons pris ce débit par esprit de comparaison avec d'autres pays), il représente en Algérie 21% de son PIB mensuel alors qu'il n'est que 4,5% en Tunisie et de 2,90% en Egypte. Par ailleurs, les Algériens paient très cher le roaming voix et encore plus cher celui de la connexion de l'internet depuis l'étranger. Le 1 Mo consommé à l'étranger coûte 1700 DA, alors que partout ailleurs on tend vers l'uniformisation au prix que l'on paie en local, comme en Europe où le système de roaming a été purement et simplement abandonné. Un forfait en France est valable partout en Europe sans aucune surcharge ou diminution de crédit. L'abandon du roaming est une démarche logique et devrait être la norme pour au moins deux raisons. La première est : où que vous soyez dans le monde sur internet, la distance qui vous sépare de votre interlocuteur ou de votre cible n'a aucune incidence sur le prix, à part le coût de l'accès que vous payez à l'opérateur local, à votre fournisseur d'accès. La deuxième raison est que le coût des équipements a tellement baissé et baisse régulièrement et l'explosion de la consommation qui génère de confortables revenus pour l'opérateur est telle que le retour sur investissement est si court qu'il n'est désormais plus nécessaire de se faire payer à l'aller ainsi qu'au retour. Imaginez que lorsque vous êtes à l'étranger (la France pour cet exemple) vous payez les appels reçus, une moyenne de 30 DA la minute, vous payez lorsque vous appelez un numéro local 100 DA/minute, et surtout vous payez le prix fort lorsque vous appelez tout simplement chez vous à…150 DA/minute. Sachant que tous ces appels sont désormais véhiculés en utilisant internet comme pour les données et que que nous payons pratiquement lorsque nous utilisons d'autres moyens de communication voix comme Viber ou Whatsapp. Alors qu'est-ce qui justifie ces prix ? Comment réduire le coût de la bande passante sans impact ? La consommation numérique des Algériens est constituée principalement de vues vidéo, grosses consommatrices de bande passante. Elles viennent principalement du streaming vidéo, les films HD, TV et Youtube qui totalisent, uniquement pour ce dernier, plus de 10 millions d'abonnés algériens avec un peu plus de 50 millions de vues par jour. Cela en dehors des vidéos spécifiques à Facebook qui compte près de 18 millions d'abonnés algériens, étant tout aussi importants en nombre de vidéos visionnées, mais généralement plus courtes et avec une diversité de thème beaucoup plus réduite. Le reste est partagé par une utilisation des réseaux sociaux tels que Twitter (750 000 abonnés), LinkedIn (800 000 abonnés) mais aussi Whatsapp et autres Instagram. Par ailleurs, la quasi-majorité des sites web et blogs algériens ainsi que celle des messageries algériennes sont hébergées à l'étranger. L'absence de Data Center spécialement équipé pour faire de l'hébergement aux normes internationales, capables de prendre en charge la demande nationale, y est pour beaucoup, elle exaspère encore plus cet engouement de tout héberger à l'étranger. Il se trouve que même sur les quelque 9400 noms de domaines enregistrés en .dz, une proportion parmi les 6000 sites web est également hébergée à l'étranger. Alors que le nombre de sites web et blogs d'origine algérienne en .com, .net etc. est évalué à plus de 350 000, il était de 45 000 en 2012. Ceux qui hébergent leurs sites/blogs à l'étranger estiment que l'accès serait plus sûr et plus rapide. Pour d'autres, les raisons sont purement d'ordre économique et surtout de continuité de service. Les candidats à ce type d'hébergement le justifient par les mauvaises connexions, les pannes intempestives du réseau et les incidents à une échelle plus importante, telles que les coupures involontaires, comme celles de câbles en mer, ou «volontaires», comme celles des épreuves du baccalauréat (incidemment, ces coupures auraient occasionné de 2016 à 2017 des pertes évaluées à plus de 21 millions de dollars à l'Algérie, soit 2,4 milliards de dinars ou encore 240 milliards de centimes). Par ailleurs, le nombre impressionnant et toujours grandissant de smartphones et surtout la masse des applications utilisant le Cloud public renforce et complique cette dépendance devenue indispensable et nécessaire à la connexion internet à l'international. Il se trouve que notre pays souffre de l'absence de producteurs de contenu national et/ou local. Nous consommons à longueur de journée et de la nuit au sens propre 99% de contenu venant presque exclusivement de l'étranger où, même le 1% de contenu algérien, transite aussi par l'étranger. Développer nos propres contenus et être moins tributaires de l'internet international Notre pays a les moyens pour être un acteur incontournable dans le monde du numérique. Non seulement au niveau régional tel la zone MENA ou vers la sous-région, l'Afrique de l'Ouest et/ou francophone, ainsi qu'au niveau mondial, vers l'Europe, en particulier. Dans ces domaines à forte valeur ajoutée et où la croissance s'écrit très vite à 2 et 3 chiffres, nos voisins maghrébins ne sont pas en reste et enregistrent 7 à 10% de parts des TIC à leur PIB toujours en augmentation. Alors que nous avons tout le mal du monde, pour le moment, à faire bouger les lignes au-delà de 4%. En fait, la part du développement numérique tel que l'e-administration, l'e-santé, l'e-éducation ainsi que les logiciels et applications liées représentent réellement moins de 1%. Le gros étant constitué par les télécommunications, c'est-à-dire la téléphonie et l'internet mobile, dont la plus-value algérienne est peu significative pour le moment. Et ce, si on exclut les quelques expériences de création d'incubateurs et d'accompagnement de start-up que les opérateurs mobiles montent régulièrement dans le cadre de leurs actions médiatiques et de marketing patriotique. Dans le cadre du développement de notre économie numérique, ces actions entrepreneuriales vont dans le bon sens. Qui d'autre que les opérateurs du numérique et ceux du mobile tout particulièrement peuvent mieux que quiconque le promouvoir d'une manière aussi directe. En effet, selon l'UIT et la Banque mondiale, un emploi dans le numérique crée jusqu'à trois autres emplois dans le reste de l'économie et une augmentation de 10% dans la pénétration des TIC, ce qui a pour effet d'augmenter sa part dans le PIB de 1,4%. Quels sont les freins au développement du e-commerce en général ? Les freins, s'ils existent, le seraient de plusieurs ordres et à plusieurs niveaux : la disponibilité pratique des équipements et des moyens individuels de paiement, la sécurisation et l'encadrement légal, une rentabilité ou une attractivité générale qui ne semble pas évidente pour les commerçants, les mentalités d'acquisition de biens et/ou services, et enfin notre relation à l'argent qui guident in fine les usages d'achat. En effet, annoncé depuis des années, la disponibilité des cartes de paiement est toujours loin d'atteindre la masse critique aussi bien chez les usagers des banques que ceux d'Algérie Poste. Cette dernière vient d'annoncer qu'elle va distribuer 5 millions de cartes et mettre à la disposition des commerçants 50 000 TPE, cela s'ajoute aux 2 millions de cartes déjà en circulation et aux quelque 15 000 TPE qui seraient installés d'ici la fin de l'année 2017. C'est très bien si cela devait se faire tel qu'annoncé. Incidemment, la nouvelle loi sur le e-commerce prévoit de rendre obligatoire l'installation des TPE chez les commerçants dès 2018. Cette décision va certainement dans le bon sens car en plus d'améliorer la traçabilité des paiements et router une partie de l'argent circulant dans l'informel vers les établissements financiers, elle va efficacement mettre en place, pour durer, les réflexes nécessaires à l'établissement d'une économie numérique. Car il est vrai qu'aux yeux des commerçants, la rentabilité ou l'attractivité générale est loin d'être évidente. Il reste à s'interroger sur la justesse et l'efficacité de la contrainte que la loi impose au commerçant de mettre obligatoirement un TPE à la disposition de sa clientèle. Cela rappelle par certains aspects la disposition qui avait essayé d'obliger les personnes physiques et morales de payer, exclusivement par chèque, tout montant excédant une certaine somme, et ceci pour à peu près les mêmes motifs que ceux que je viens d'évoquer. Son résultat a été malheureusement sans aucune équivoque quant à ce qui était espéré par ceux qui l'avait institué. La contrainte ne règle rien, surtout dans le monde des affaires. Chercher et montrer l'intérêt qu'aurait le marchand à utiliser le TPE et le lui prouver avec pédagogie, accompagnement et communication, comme l'augmentation de son chiffre d'affaires d'une manière substantielle, en gagnant plus de clients comme il ne l'aurait jamais imaginé, sans compter le plus «numérique» qui lui permettrait d'avoir accès à ceux qui achèteraient en ligne aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, cela aura plus de résultats, à mon sens, que toutes les contraintes du monde. Ceci dit, un travail de communication et de formation devrait se faire avec les commerçants qui seraient près de 70% à ne pas savoir utiliser un ordinateur, d'après les chiffres de l'ANCA (Association nationale des commerçants et artisans algériens). Aussi, l'administration et les banques publiques qui sont moyennement informatisées auront beaucoup de mal à suivre la dynamique que semblent vouloir impulser les pouvoirs publics, cela constitue un obstacle sérieux pour un développement rapide et sans accroc du commerce électronique. En fait, nous ne faisons pas exception au reste du monde quand il s'est agi de dématérialiser la monnaie et les opérations financières en général. Il fallait mettre en place des mécanismes qui rendent l'utilisation des cartes de paiement attractive avec un gain évident, et ne pas les utiliser, non seulement ferait perdre ce gain mais occasionnerait au commerçant un manque à gagner de plus en plus important et au fur et à mesure que la concurrence s'y adapte, tout à son détriment. Un cadre juridique à développer L'Algérie se doit de compléter sa révolution numérique. Le manque de cadres réglementaires pour clarifier les rôles et les responsabilités des banques, des opérateurs et des intermédiaires tels que les e-acheteurs, les e-marchands, bloque le développement du e-commerce, c'est aussi la condition indispensable pour instaurer la confiance et favoriser son essor. La nature n'aime pas le vide. Ce qui n'est pas explicitement interdit est généralement implicitement permis. De tout temps, que cela soit chez nous ou dans le monde, l'usage et ce que l'utilisateur en fait ont toujours précédé les lois et règlements qui s'en inspirent grandement pour s'écrire et se faire promulguer. L'adoption de la loi sur le commerce électronique qui vient d'être présentée au dernier Conseil des ministres en est une preuve. Par contre, nous savons tous que les meilleurs articles de loi sont très souvent incomplets, très vite dépassés, pour certains d'entre eux s'ils ne sont pas suivis par les bons textes d'application qui les adaptent à la réalité du terrain, surtout lorsque ce terrain est aussi versatile technologiquement et rapide dans ses ruptures. La raison est simple, le numérique en général et la technologie qui le constitue en particulier ont un cycle si rapide que ce qui est vrai aujourd'hui risque d'être faux le lendemain. En 2015, les pouvoirs publics estimaient l'utilisation de Youtube inappropriée et fortement nuisible à un usage efficient et «responsable» de la bande passante internet. Alors que tout le monde sait actuellement que ce même média est encensé par les mêmes pouvoirs publics pour son apport à l'éducation et la communication thématique, les MOOC et les différentes applications d'enseignement en ligne sont là pour en attester. Tout le monde sait également que les jours de l'utilisation du GSM pour communiquer sont comptés, ne serait-ce que devant les applications OTT (Over The Top, des concurrents directs aux opérateurs télécoms sans aucun réseau et sans aucn investissemts, sans infrastructures) telles que Viber et autres Messenger avec des capacités audio et data. Nous nous rappelons tous la décision d'une ministre, dont le département était pourtant high-tech, qui avait exigé que son personnel revienne au fax pour ses communications et bannir purement et simplement le mail dans leurs échanges, ce n'était qu'en 2012 ! L'intelligence et ses pendants nourriciers, l'information et la communication, sont universels et accessibles à tous. Néanmoins, il est préférable que les lois ne soient plus aussi explicites temporellement et surtout aussi restrictives comme au bon vieux temps, sous peine de se voir dépassées avant leur application et, par conséquent, être un frein à la maîtrise de la nécessaire transformaiton numérique des insitutions et des entreprises. Les paradigmes ont changé, nous avons dorénavant besoin besoin de législateurs 4.0 pour accompagner des députés 3.0 et un gouvernement qui doit être au moins 2.0. Sécurité optimale pour les usagers du commerce en ligne En effet, certains mettent en avant l'aspect sécurité informatique et le piratage pour exprimer leur réticence vis-à-vis de ce mode de paiement. Est-ce que ces craintes sont justifiées ? Dans l'absolu, il est vrai que le risque existe et il est même double. Le premier est intrinsèque à la carte de paiement ; elle peut être volée ou, pour certaines, répliquées. Le second est que l'opération de paiement en ligne à travers internet n'est pas non plus sans risque. La sécurité et la sécurisation des transactions à travers internet sont indispensables et encore plus lorsque celles-ci sont complètement dématérialisées, les risques sont réels et multiples, ça c'est la mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que les méthodes et les techniques pour sécuriser aussi bien la carte de paiement que ses transactions en ligne existent et sont totalement prises en charge pour assurer leur confidentialité et leur intégrité. C'est ainsi que celles des cartes de paiement qui répondent à la norme EMV (EuroPay, MasterCard et Visa) rendent pratiquement impossibles toute fraude, tout en réduisant les coûts de protection et d'assurance d'une manière drastique. En ce qui concerne la sécurisation des opérations en ligne, des méthodes de plus en plus performantes existent pour limiter au minimum toutes les formes d'actes malveillants, dont celle dénommée 3D Secure. Ceci dit, la tendance, à moyen et long termes, est la disparition progressive de la carte en plastique. Elle sera à terme transférée vers le mobile ou un objet connecté équivalent. En attendant de s'en passer, elle a encore de petites belles années devant elle, aussi bien chez nous qu'à l'étranger. Ce qui est important et primordial, c'est améliorer et pérenniser ce que nous avons déjà en termes d'infrastructures internet, et surtout que la qualité idoine de la connexion suive. La qualité de service est tout simplement indispensable pour le fonctionnement des paiements électroniques sur internet. Ce type d'applications hautement sécurisées demandent un lien qui ne doit souffrir ni de micro coupures, encore moins de pertes de connexion. Il est clair que l'aspect sécuritaire qui englobe aussi l'encadrement légal est tout simplement indispensable. En plus de la sécurisation des opérations qui doivent passer par des plateformes technologiques certifiées électroniquement, le client qui achète en ligne doit être protégé du début de la transaction jusqu'à son aboutissement. Celle-ci est concrétisée par la bonne livraison du produit ou service selon sa demande. Le marchand a aussi droit à la même protection contre toutes fraudes ou arnaques pouvant survenir durant les transactions qu'il aura à traiter. La loi qui vient d'être approuvée et qui doit passer par les deux Chambres avant sa promulgation finale doit normalement avoir prévu tout ce qui pourrait mal tourner pour protéger les uns et les autres. L'essor du e-commerce dans le contexte de notre économie C'est très possible, car dans le numérique tout est permis. L'économie moderne et, encore plus lorsqu'elle se numérise, est entièrement basée sur l'inclusion financière du plus grand nombre.Il revient aux pouvoirs publics de créer et de favoriser les environnements nécessaires pour que les institutions financières ainsi que les banques les valident réellement sur le terrain, pour que tout le monde trouve son compte. Il est important que tous ceux qui sont en âge de le faire soient concernés. Tout doit être fait pour éviter l'exclusion d'une partie de la population, soit par manque de moyens, de culture, de genre, d'accès ou tout simplement pour cause de ruralité. Le commerce électronique est un des moteurs de l'économie numérique ; dire qu'il est le plus important et le sera pour toujours, c'est peu dire quand on voit ses parts au PIB des pays grimper d'au moins 3 points chaque année. Il est aujourd'hui un vecteur de croissance, de productivité et de compétitivité aussi bien pour l'entreprise, les particuliers, les ménages, leur comportement ainsi que pour le pays lui-même dans son fonctionnement général. Son caractère transversal impacte tous les secteurs de l'économie, il est également à l'origine des nouveaux secteurs innovants qui du coup en sont dépendants. Il s'est transformé en un mode d'échange utilisant une technologie universelle avec des implications qui vont bien plus loin que les technologies de l'information et de la communication telles qu'on les connaît. Grâce à internet, ses Data Centers, son Cloud, son internet des objets allaité par le big data, le plus grand site de commerce électronique au monde, Amazon, qui fait partie des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft qui ont une capitalisation boursière de près de 3000 milliards, quelque 20 fois le PIB de notre pays), permet, actuellement, pour nous, à un réfrigérateur de passer une commande directe de ce qu'il lui manque pour assurer la semaine en alimentation fraîche et se fait livrer par drone dans la matinée. En plus des impacts observés du commerce électronique sur la croissance d'un pays, qu'elle soit ou non en état de crise, il aura un effet disruptif certain sur tous les secteurs d'activité et sur l'économie en général. En effet, les comportements des consommateurs changent pour s'adapter, le fonctionnement et l'organisation des entreprises se transforment, notamment par l'amélioration des chaînes de valeur, des processus de production, d'organisation managériale et leur business model qui doivent être remis en question en permanence pour coller à la réalité numérique où tout va vite, très vite. Le nombre d'internautes, à près de 80%, la loi sur le e-commerce bien conçue et bien réfléchie dernièrement adoptée par le Conseil des ministres, les appels des pouvoirs publics à être plus créatifs pour créer de la richesse en dehors des ressources classiques qui ont prédominé jusqu'à présent, devraient éperonner d'une manière drastique toutes les volontés capables de saisir les opportunités entrepreneuriales que permet le numérique pour diversifier notre économie d'une manière durable et la détacher de toute rente. Les domaines à développer pour servir le e-commerce Les secteurs du numérique qui recèlent le plus d'opportunités d'investissement se trouvent actuellement dans cinq domaines-clés qui sont : – la connexion avec la fourniture d'accès et de services en haut et très haut débit, le montage et/ou la gestion de Data Centers, le domaine du Cloud, l'étude et la gestion du Big Data, et enfin la maîtrise et le développement de l'internet des objets (IoT). – La connexion : l'Algérie a le plus grand réseau de fibre optique d'Afrique, Algérie Télécom se doit d'avoir des partenaires pour l'aider à couvrir le pays en nombre et en qualité de service pour interconnecter en internet fixe le plus de citoyens possibles. – Les Data Centers : pour développer et promouvoir le contenu numérique algérien tout en assurant une sécurité aux données en les maintenant en Algérie, pour notre indépendance numérique et les économies en devises appréciables qui en découleraient, l'installation de Data Centers est une nécessité absolue. – Le Cloud : en plus de simplifier le stockage, la gestion et le traitement des données, il permet une telle économie d'échelle en termes d'équipements et de logiciels nécessaires qu'il devient tout simplement incontournable à tout développement, il est à l'économie numérique ce que la mémoire et le raisonnement sont au cerveau humain. – Le Big data : ou les données massives, comme son nom l'indique très bien, il est pratiquement infini car avec la masse d'informations qui est créée à chaque seconde aussi bien par chaque être humain sur Terre, ne serait-ce que par le fait de son existence, mais aussi à travers toutes les communications machine à machine interconnectées à elles-mêmes, ainsi qu'à l'homme qui génèrent encore plus de données. Le stockage d'un tel volume de données nécessite de revoir le mode d'enregistrement ainsi que le mode de stockage de l'information qui se mesure désormais selon ce que les professionnels appellent la règle des 3 V. Ceci correspond respectivement au mode de stockage de l'information, le Volume, la capacité de traiter les différents types d'informations, la Variété, et enfin la Vitesse avec laquelle on accède à toutes ces données, la Vélocité. L'internet des objets : est tout simplement l'ouverture, l'extension d'internet à des choses et à des lieux du monde physique. Un objet, dans l'internet des objets, pourrait être un implant cardiaque, une BioPuce implantée dans un animal de ferme, des capteurs intégrés dans une voiture pour alerter le conducteur sur toute anomalie avant qu'elle ne survienne ; en fait, tout objet artificiel ou non à qui on peut affecter une adresse IP (Internet protocol) avec la capacité de transférer des données sur le réseau, des données qui vont aller grossir le Big Data et se retrouver dans le Cloud pour en simplifier encore plus l'accès et le traitement et simplifier la vie de l'homme. Google prévoit même d'en rallonger la vie d'ici une centaine d'années… Plus terre à terre et beaucoup plus proche de nous, le drone d'Amazon, évoqué plus haut, est la plus belle des illustrations et la plus convaincante des utilisations pour préfigurer ce que la technologie apportera à l'économie numérique qui est désormais mondiale, qu'on le veuille ou pas.