Lors de la cérémonie de signature des contrats de performance, lundi dernier, à l'hôtel El Aurassi (Alger), Lazhar Bounafaa, président-directeur général (PDG) du groupe Hôtellerie Tourisme et Thermalisme (HTT), n'a pas fait dans la nuance. Il a mis en exergue dans son discours un état des lieux qui fait ressortir les paramètres suivants : «Fort endettement, situation financière déstructurée avec certaines filiales au bord de la faillite, management archaïque loin des réalités managériales des structures touristiques d'aujourd'hui, ressource humaine à la fois pléthorique et insuffisamment formée, sensibilisée et impliquée, qualité des services loin des standards internationaux à l'exception des trois établissements : El Aurassi, Sofitel et Mercure.» Il faut ajouter à ce sombre tableau les équipements et infrastructures vétustes et inadaptés aux attentes du marché et des touristes. Il s'agit dorénavant de «bien conduire sa filiale selon des repérages négociés et consensuels entre la filiale et le groupe HTT». Certains analystes affirment que l'Etat n'a pas vocation à gérer un hôtel. S'il y a un secteur dans lequel l'Etat devait se désengager, c'est bien celui du tourisme. D'autres nuancent néanmoins en ajoutant qu'il y a peut-être des joyaux et des fleurons qui doivent rester dans le giron de la puissance publique (des hôtels historiques à Alger) tels qu'El Djazaïr ou El Aurassi, qui ont un cachet particulier. Les schémas managériaux d'autrefois ont conduit à la situation catastrophique d'aujourd'hui. Le groupe HTT est obligé de changer son modèle de gestion. Le contrat de performance s'apparente à un guide pour les entreprises qui permettra de mettre en place des plans d'action opérationnels intégrant des paramètres qui répondent au mieux aux besoins de ces dernières. Le groupe veut instituer, à travers ces contrats, une déclinaison systématique des objectifs en indicateurs. Ces indicateurs ont été fournis à partir d'informations provenant directement des gestionnaires et ils ont été adoptés après consensus. Il y a un autre facteur à prendre en compte : l'arrivée de plusieurs concurrents qui prennent de plus en plus de parts de marché aux hôtels publics. Le secteur passera de 110 000 lits à 210 000 en 2021. Il y a 1882 projets agréés, 698 sont en cours de construction, selon les chiffres donnés par Hacène Mermouri, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, lors de son passage au forum de la Chaîne 1 (Radio nationale). Avec cette rénovation, ces hôtels visent plusieurs objectifs : meilleure visibilité, développement d'une stratégie de différenciation et valorisation de l'offre. Des défaillances en série En gros, on distingue trois catégories d'hôtels en Algérie : le groupe HTT public, les privés avec une dominance de gestion familiale et la Société d'investissement hôtelier (SIH), chargée de construire des infrastructures hôtelières et de les mettre sous management international afin de donner l'exemple aux investisseurs et attirer les grands groupes hôteliers à investir en Algérie, et dirigé par le très influent directeur de Club des Pins, Hamid Melzi. Une vaste opération de modernisation du parc hôtelier public a été lancée il y a quelques années. Elle vise non seulement la réhabilitation et la modernisation des infrastructures hôtelières publiques, dans l'objectif de les aligner sur les normes internationales en matière de prestations à la clientèle, mais aussi l'extension de leurs capacités d'accueil et la création de nouvelles prestations. Mais le rythme de concrétisation de ces projets a été jusque-là lent et les retards s'accumulent… Selon Lazhar Bounafaa, «fin janvier 2018 est le délai fixé pour que tous les travaux de réhabilitation soient lancés et l'opération de réhabilitation des hôtels publics se terminera en 2021». L'arrivée des chaînes est un élément créateur de valeurs pour le marché algérien, puisque chaque groupe va contribuer à travers ses propres réseaux de distribution internationaux, notamment les centrales de réservations et les bureaux de vente régionaux à l'échelle mondiale, à générer des clients et des nuitées pour les hôtels qui n'auraient pas existé sans leur présence. La présence des chaînes hôtelières est également bénéfique pour élever le niveau des produits et des prestations qui seront proposés à travers tout le pays. Face à l'impasse financière, l'ouverture du capital des hôtels publics peut être une manière d'accroître leur rentabilité et renflouer les caisses. Mais selon les observateurs, l'Etat doit revoir les outils et les instruments réglementaires, former le personnel, créer un environnement propice et mettre l'accent sur le management.