«Cette mesure, comme toutes celles déjà prises au profit de notre identité nationale dans sa triple composante, islamique, arabe et amazighe, confortera l'unité et la stabilité nationales, alors que des défis multiples internes et régionaux nous interpellent», avait souligné le président Bouteflika. Une demande tant revendiquée, même s'il s'agit d'une journée célébrée mais sans statut officiel, car il lui manquait cette grande reconnaissance. C'est une reconnaissance, comme en témoigne dans cette édition Azzeddine Kinzi, anthropologue : «En tant que l'un des fondateurs de l'identité de l'Etat-Nation qui est devenu l'Algérie après l'indépendance». Aujourd'hui, première année de la célébration de Yennayer d'une manière officielle, on s'accorde enfin à dire qu'il s'agit de l'aboutissement du long combat pour la culture, l'identité et la langue amazighes. Loin du folklore que certains veulent imposer aujourd'hui à cette journée, cette reconnaissance doit, en principe, «réconcilier» le peuple algérien et son histoire. Le gouvernement est aussi instruit de ne «ménager aucun effort pour la généralisation de l'enseignement et de l'usage de tamazight, conformément à la lettre et à l'esprit de la Constitution» (voir infographie). Aujourd'hui, nous avons choisi de consacrer toute l'édition à cet événement dans son esprit identitaire et historique et retracer avec nos intervenants le combat de l'amazighité et ce qui reste à faire comme l'installation de l'Académie berbère. D'abord, Mohand-Akli Haddadou, professeur de linguistique amazighe et écrivain expliquera dans le détail le calendrier amazigh, puis Azzeddine Kinzi revient dans un entretien sur l'urgence de mettre en place un plan pour la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe et aussi le long travail de concrétisation sur le terrain. Hend Sadi, auteur, qui dit que tamazight attend toujours pour savoir de quel Etat il est langue officielle, explique aussi dans un entretien qu'il ne reste que le mode de décentralisation pour régler le problème dans les régions où l'aspiration à l'amazighité a un ancrage populaire. Salem Chaker, linguiste berbère, affiche son inquiétude sur la création de l'Académie berbère en disant qu'on peut craindre que ce soit encore une mesure dont la finalité principale sera de reprendre ou essayer de reprendre le contrôle d'un champ qui a longtemps échappé à l'Etat. Nous avons aussi donné la parole à Ramdan Achab, éditeur et enseignant, qui a décortiqué certains aspects de la langue, Arab Aknin qui traite de la question de l'Académie berbère et Arezki Aïtali qui revient sur le combat identitaire du Printemps noir. En page 11, vous pouvez lire le reportage de notre correspondant à Beni Snous, où un grand carnaval est organisé chaque Yennayer.