Le parti de Soufiane Djilali, Jil Jadid, considère les développements qu'a connus la scène politique nationale ces dernières semaines comme un signe d'accélération de la «dégénérescence du pouvoir algérien». Dans une déclaration transmise à notre rédaction, Jil Jadid estime que «la crise financière induite par la chute du prix du pétrole a mis à mal le pouvoir d'achat de la population, mais probablement plus encore les prébendiers du régime, dont les appétits voraces s'impatientent face à l'extinction de la rente». Pour cette formation politique, qui appelle à l'application de l'article 102 de la Constitution relatif à l'incapacité du chef de l'Etat à terminer son mandat pour cause de maladie, «l'opération de transfert de ce qui reste du patrimoine national public vers les intérêts privés attise les convoitises et les rivalités». «Le PPP n'est pas, à l'évidence, affirme ce parti, la traduction concrète d'une politique libérale, pensée et exécutée en fonction d'objectifs économiques transparents, mais le paravent d'une distribution indue des biens de la communauté nationale à la clientèle affamée par les restrictions budgétaires». Jil Jadid revient sur la création monétaire qui n'est, selon lui, qu'«un des leviers pour effectuer ce hold-up hors normes». «Le pouvoir instruit la Banque centrale pour imprimer de la monnaie, puis celle-ci sera transférée sous forme de crédits aux prête-noms et aux clientèles, qui rachètent alors une partie du capital social des meilleurs entreprises à des prix symboliques et selon des procédures occultes et sans contrôle», relève ce parti. Selon lui, «ils auront alors, selon les dispositions de la loi de finances 2016, cinq années pour racheter l'ensemble du capital de ces entreprises, le temps qu'il faut pour les essorer et les récupérer gratuitement». La cerise sur le gâteau, poursuit Jil Jadid, c'est qu'ils rembourseront les prêts à moyen et long termes selon un cours du dinar qui sera alors au plus bas, vu l'inflation et la dépréciation de la monnaie nationale, inéluctables et programmées. «De la sorte, et après cinq années, le régime aura ‘‘légalement'' transféré l'essentiel des richesses nationales à un groupe de prédateurs qui disposeront alors définitivement du pays.» Jil Jadid considère que «ce qui a fait bouger la présidence de la République», le FLN et les «nouveaux opposants» contre le Premier ministre n'est pas l'intérêt public national, mais la répartition du butin et le rôle de «régisseur». «Cette opération nécessitait le 4e mandat. Le risque pris par le cercle présidentiel en imposant un homme terrassé par la maladie mais néanmoins accroché au trône n'avait d'égal que les fortunes promises au bout du deal», affirme Jil Jadid, pour lequel «l'absence manifeste du président de la République dans les arbitrages lors de la prise de décision, les contradictions internes au régime, la chute du prix du pétrole et la réaction de plus en plus forte de la population ont contrecarré, jusqu'à présent, la réalisation de ces desseins». C'est pour cela, estime-t-il, qu'on veut aller vers un 5e mandat. Car, pour Jil Jadid, un changement à la tête de l'Etat «remettrait en cause tous les échafaudages et les équilibres négociés et serait un désastre pour les hommes du régime, dont certains devront probablement faire les frais de la faillite générale des 20 dernières années !» Le parti de Soufiane Djilali appelle ainsi à un sursaut national pour sauver le pays. «La conjoncture impose aujourd'hui un sursaut national». Il estime que la prochaine élection présidentielle peut être un tremplin pour une phase transitionnelle en vue de remettre sur pied des institutions dignes d'un pays et sortir l'Algérie du guêpier dans lequel elle a été fourvoyée. «L'opposition a-t-elle les moyens politiques et psychologiques pour présenter un candidat unique et sauver le pays ?» se demande Soufiane Djilali.