Le parti Jil Jadid de Soufiane Djilali s'exprime sur la chronique politique qui tient en haleine l'opinion ces derniers jours : les tirs croisés contre le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune. Jil Jadid est convaincu qu'il y a vacance du pouvoir. Pour le parti, "depuis l'apparition au cimetière d'El-Alia de Saïd Bouteflika, pris en charge par le protocole présidentiel, et sa provocation publique contre le Premier ministre, les Algériens ont compris que les équilibres internes du régime étaient rompus". Aussi réclame-t-il, à nouveau, l'application de l'article 102 de la Constitution, à défaut d'une démission en bonne est due forme du président de la République. Dans un communiqué rendu public hier, où le parti est revenu notamment sur le dernier couac entre le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, auquel s'est associé Saïd Bouflika, frère du Président, qui a pris fait et cause pour le patron des patrons. Un couac qui a révélé les conflits couvant en haut lieu. Jil Jadid juge que la destitution du Président, dont l'invalidité ne fait plus de doute, serait l'unique solution pour "éviter à l'Algérie une aventure gravissime". Pour le parti de Soufiane Djilali, la lutte des clans en haut lieu trahirait la volonté des "parrains" du quatrième mandat d'organiser la succession du président de la République. Une démarche qu'il qualifie de "coup d'Etat rampant". "Les parrains du 4e mandat sont maintenant à découvert. Le transfert des prérogatives du président de la République à son entourage, avec sa bénédiction, du fait de son invalidité croissante, s'est réalisé avec de larges complicités", lit-on dans le communiqué de Soufiane Djilali, qui juge que "la rocambolesque publication de pseudo- remontrances présidentielles à l'égard de M. Tebboune, par le biais d'une télévision privée, dans le but de l'affaiblir et de préparer sa destitution, a fini par convaincre les esprits les plus sceptiques que le pouvoir s'était scindé au moins en deux". Du point de vue de Jil Jadid, "l'accord tacite entre le Président et son entourage était simple : le Président mourra en tant que Président quels que soient son état et la durée de sa maladie. En retour, le clan assumera le pouvoir en son nom et préparera la succession le moment venu, à sa convenance". Ce qui expliquerait, selon Jil Jadid, "le refus catégorique de la Présidence devant toute demande de visite du chef de l'Etat par des personnes neutres (...)". Estimant que la crise ne se résorbera pas par le départ du Premier ministre, Jil Jadid souligne que "l'édifice du régime étant maintenant largement fissuré, apparaissent clairement non seulement la vacance de la Présidence, mais aussi la tentative d'usurpation de fonction". "La voie ouverte par M. Tebboune et la force sur laquelle il s'appuie contrecarrent la grave dérive maffieuse du clan présidentiel qui met en péril la sécurité nationale et la paix civile. Il n'est plus possible pour une autre partie du pouvoir de fermer les yeux sur les décisions extraconstitutionnelles engagées au nom d'un Président en titre, mais irresponsable de fait, et qui mettent en péril l'Etat lui-même", écrit Jil Jadid. Pour rappel, le parti de Soufiane Djilali a, depuis 2013 déjà, alerté sur l'incapacité du chef de l'Etat à assumer ses charges présidentielles. Il a fait partie des partis de l'opposition qui ont réclamé la déclaration d'empêchement du président Bouteflika, en application de la Constitution. Farid Abdeladim