Les femmes en niqab qui voudraient se faire photographier exclusivement par une autre femme… reviendront ! La Régie de l'assurance maladie du Québec (l'équivalent de la CNAS en Algérie) n'est plus obligée d'accéder à leurs exigences. Une décision qui survient dans un climat de plus en plus malsain. « Les femmes voilées avec burqa et niqab devront accepter d'être photographiées par un homme ou encore refaire la file ou encore revenir un autre journée. » Dixit le porte-parole de Régie de l'assurance maladie du Québec. La commission des droits de la personne vient de décider que la Régie n'est pas obligée d'accéder aux éventuelles demandes de femmes portant le niqab qui demanderaient à se faire photographier exclusivement par une autre femme pour l'établissement des cartes. Tout en soulignant que le port de signes religieux par des membres du personnel de la Fonction publique au Québec n'est pas interdit en vertu du droit actuel. « Le seul fait que l'employée porte le hidjab ne peut permettre de conclure que le service qu'elle doit rendre sera d'une quelconque façon affecté par ses croyances religieuses ou de conclure que la neutralité de l'institution publique est remise en cause. » Un climat malsain Si cette dernière décision réjouit le gouvernement du Québec, elle irrite le parti québécois qui prône une laïcité à la française et dont le discours, pour certains observateurs, se radicalise, à tel point que le Congrès juif québécois pense que « le Parti québécois entraîne le Québec sur la pente dangereuse de l'intolérance envers la communauté juive ». « Nous nous sentons stigmatisés et c'est très troublant pour nous », affirme-t-il. Si les juifs du Québec présents depuis plus de deux siècles se sentent stigmatisés, il est facile d'imaginer le sort des musulmans dans ce climat malsain. Depuis près de trois ans, il ne se passe pas un jour sans que les médias du Québec ne révèlent une histoire de femme en niqab voulant tel ou tel arrangement ou un sondage suggérant en filigrane que les musulmans de cette province canadienne ne font pas assez d'efforts pour « s'intégrer » pour ne pas dire carrément « s'assimiler ». Dernier épisode en date : celui d'une immigrante égyptienne au voile intégral, expulsée d'un cours de francisation avec la bénédiction du gouvernement québécois. Un soutien impensable auparavant compte tenu de la tradition de tolérance envers toutes les religions dans cette région du monde régie par des lois inspirées du multiculturalisme canadien. La raison ? Cette étudiante au niqab aurait, entre autres, demandé à ses collègues masculins de ne pas se placer en face d'elle. Mais elle s'est finalement mise à dos tout le Québec, y compris les musulmans. « Elle a détruit tout le travail que nous menons depuis une dizaine d'années pour expliquer l'islam aux Québécois de souche », a affirmé un membre d'une association musulmane au Québec. Djemila Benhabib, l'ancienne correspondante d'El Watan au Canada, qui s'est faite connaître du public québécois par son livre au titre délibérément provocateur, Ma vie à contre-Coran, dans lequel elle dénonce l'islamisme, vient de publier une tribune où elle met en garde les Québécois contre « l'idéologie de la mort ». Elle rappelle que « l'islamisme politique est une idéologie misogyne, sexiste, xénophobe et homophobe qui porte en elle la haine et la violence. L'attachement de certains, voire leur entêtement, à porter le voile traduit l'état de misère dans lequel a sombré vertigineusement le monde arabe et musulman depuis une trentaine d'années. Le voile islamique est devenu, ici, en Occident, le premier pilier de l'islam alors que de plus en plus de femmes en Iran, au Soudan, en Arabie Saoudite et en Afghanistan le condamnent au péril de leur vie », ajoute l'essayiste. Comme d'habitude, les élites musulmanes du Québec s'intéressent davantage aux petits privilèges qu'elles peuvent tirer de leur proximité avec le pouvoir qu'au lancement d'un débat de fond dans la communauté, que ce soit pour se démarquer d'une conception archaïque de l'islam ou pour travailler à améliorer son image.