L'exigence faite par la CNAS, il y a quelques mois, a suscité de vives réactions de la part des promoteurs de ces centres, dont certains sont fonctionnels et d'autres qui n'ont pas encore débuté. Désormais, les responsables de ces centres doivent se référer au guide des bonnes pratiques en dialyse et transplantation rénale élaboré (chapitre 5) par la CNAS qui mentionne, entre autres, cette obligation. « Le traitement par les agents stimulants l'erythropoïése( ASE) des dialysés exige des connaissances , impose des règles et une surveillance stricte et doit être fait sous l'autorité médicale exclusive d'un néphrologue », a-t-on mentionné dans ce guide. Une décision qui a secoué plus d'une dizaine de responsables de ces centres contraints d'aller à la recherche d'un néphrologue qui voudrait bien faire signer un acte notarié pour pouvoir contracter une convention avec la CNAS. Entre-temps, des malades nécessitant des dialyses attendent une place au niveau de ces centres, affirme-t-on. Cette décision « prise de manière unilatérale » vient, selon ces médecins dialyseurs, compliquer encore davantage la situation des patients déjà affaiblis par la maladie. « Notre souci est la prise en charge des insuffisants rénaux qui doivent être soignés pour être enfin greffés”, ont-ils-souligné. Pour eux, cette disposition émanant de la CNAS « ne repose sur aucun fait objectif et met en péril les malades. Cette situation va générer une crise humanitaire, un état de non-assistance à personne en danger de mort, par manque de soins et insuffisance de centres opérationnels. Compte tenu des chiffres épidémiologiques, avec un total de 3000 nouveaux cas réels annuels, cette situation de blocage actuelle engendrerait une moyenne de 200 à 300 décès par mois ». « Le nombre de néphrologues est très réduit au niveau national. Il est difficile de trouver un spécialiste dans certaines régions du pays qui accepterait de signer. D'ailleurs, certains proposent leurs signatures monnayant un salaire de 250 000 DA et un profit de 10% sur le revenu », ont dénoncé les médecins dialyseurs des différentes régions du pays (Sétif, Mascara, Bordj Bou Arréridj, Relizane, Rouiba) qui se sont présentés à notre rédaction. Ils rappellent que la réglementation en vigueur, le cahier des charges précisément, n'exige pas pour le CHAP la présence d'un néphrologue comme cela est le cas pour une clinique. « Pour le CHAP, la réglementation exige un médecin dialyseur, CES d'hémodialyse, ou médecin généraliste ayant une attestation de fonction d'au moins deux années dans un centre d'hémodialyse. Il est aussi fait l'obligation d'être rattaché à un centre hospitalier ayant un service de néphrologie », a-t-on précisé, avant d'ajouter : « Si l'on devait pourvoir tous les centres de dialyse en néphrologues, mathématiquement, il n y aurait aucun service de néphrologie qui fonctionnerait, aucun greffé ne serait surveillé et traité, ce qui aggraverait la situation actuelle et la rendrait irrémédiablement insoluble. ». Les responsables de ces centres affirment que certains centres sont déjà fonctionnels et d'autres sont en voie de finalisation et attendent la convention avec la CNAS « La réalisation d'un centre d'hémodialyse dure de 18 à 24 mois et le coût moyen est d'environ 50 à 60 millions de DA, selon les capacités du centre, et exige 15 à 20 employés permanents qui doivent être payés avant la mise en fonction du centre », soulignent-ils. Ils précisent que « suite à cette circulaire, les nouveaux centres se retrouvent totalement paralysés dans leurs activités. » Interrogé à propos de cette décision, le Dr Ghalmi, médecin coordinateur de la cellule de conventionnement à la CNAS, affirme de prime abord que les conventions ne sont pas systématiquement accordées à tous les centres. « La convention n'est pas une obligation pour la CNAS même si il y a un néphrologue au niveau du CHAP ou de la clinique ». Concernant la décision portant obligation de la présence d'un néphrologue au niveau des centres, le Dr Ghalmi signale que la CNAS a notifié cette disposition, faisant suite aux recommandations des experts désignés par le ministère de la Santé, qui ont élaboré un guide sur la base des bonnes pratiques européennes. « La CNAS est prête à payer cher pour une meilleure prise en charge des malades », dira-t-il avant de signaler qu'il existe des pratiques douteuses pour lesquelles des avertissements ont été adressés. Les malades sont sous dialyse pour dépenser moins, a-t-il dit, en exhibant des chiffres après évaluation. « Les capillaires utilisés sont en dessous des capacités de la surface corporelle du malade », a -t-il précisé, en signalant que des centres d'hémodialyse au nombre de 177, dont 57 privés conventionnés, et 120 publics, sont implantés sur le territoire national. « Sans compter les 20 autres dossiers qui sont actuellement à l'étude pour un éventuel conventionnement », précise-t -il, en signalant que « les centres existants ne sont pas du tout saturés. Je lance le défi de nous ramener un malade qui n'est pas pris en charge dans les centres d'hémodialyse. Nous avons les capacité de prendre en charge 5000 autres malades », ajoute t-il, en précisant que le coût mensuel d'hémodialyse revient à 40 000 DA par malade dans les centres privés. Quant aux centres publics, notre interlocuteur affirme que 1030 DA sont versés, en plus du forfait pour chaque séance pratiquée. Le Dr Ghalmi estime que cette nouvelle exigence (circulaire sus-citée) faite aux responsables des centres est loin de mettre les malades en péril. Une fois que la situation aura atteint la normalité, « on pourra éventuellement faire des avenants pour les cas exceptionnels, dans certaines régions du pays surtout ». « Ce texte qui n'est qu'une approche scientifique et médicale n'est pas le Coran », a t-il souligné. A propos des salaires exigés par les néphrologues, le Dr Ghalmi affirme que « certaines conventions déposées à la cnas comportent des contrats notariés spécifiant les salaires des néphrologues ne dépassant pas 10 à 12 millions de centimes ». Avant de conclure, le Dr Ghalmi a tenu à souligner que la CNAS est ouverte au dialogue avec toutes les parties concernées.