Nouri Al Maliki a refusé de reconnaître les résultats, affirmant qu'ils n'étaient pas encore définitifs. Le vainqueur des élections législatives irakiennes, le laïc Iyad Allawi, qui a, dès l'annonce des résultats vendredi, promis de mettre fin au « communautarisme politique », ne compte pas perdre son temps. Il a lancé hier des négociations avec les autres partis pour former un « gouvernement fort » qui puisse rendre à l'Irak sa place dans le monde. « Jusqu'ici, il y avait des discussions. Les négociations commencent maintenant après l'annonce des résultats. Le dialogue se déroule avec les différentes forces politiques sans exception », a affirmé M. Allawi lors d'une conférence de presse qu'il a tenue au lendemain de la proclamation des résultats des législatives du 7 mars. « Des négociations directes se tiendront autour de la formation du prochain gouvernement, de sa nature et de son programme. Le programme est très important : assez de la souffrance du peuple, de la pauvreté et des intimidations », a-t-il ajouté. Celui qui a été surnommé le « petit Saddam » pour sa main de fer dans le traitement des problèmes de sécurité, a souligné la nécessité de former « un gouvernement fort, capable de prendre des décisions qui servent le peuple irakien et permettent à l'Irak d'atteindre la paix et la stabilité et reprenne sa place dans le monde arabo-islamique et au sein de la communauté internationale ». Iyad Allawi a précisé avoir chargé à ce titre le vice-Premier ministre sortant sunnite, membre de sa liste, Rifaâ Al Issawi, de mener les discussions avec « les forces politiques qui ont gagné ou non ». Quelques heures avant l'annonce de ces résultats, un attentat à la bombe venait de rappeler aux Irakiens que la situation reste explosive. Cet attentat perpétré à Khales, près de Baqouba, au nord de Baghdad, a fait, selon le dernier bilan, 52 morts et 73 blessées. Cela dit, Iyad Allawi a remporté vendredi les législatives irakiennes avec deux sièges d'avance sur le chef du gouvernement sortant, Nouri al Maliki, qui a refusé de reconnaître les résultats. La formation irakienne de M. Allawi a obtenu 91 sièges au Parlement, contre 89 à l'Alliance pour l'Etat de droit (AED) de M. Maliki, selon des résultats officiels annoncés par la commission électorale. Nouri al Maliki a, en revanche, rejeté les résultats, affirmant qu'ils n'étaient pas encore définitifs. Il avait lui-même appelé à un nouveau décompte des voix après les accusations de fraudes émises par son parti et agité l'épouvantail d'un « retour à la violence » si la commission n'accédait pas à cette demande. Les résultats annoncés par la commission électorale seront définitifs après leur certification finale par la Cour suprême et l'examen des éventuelles plaintes que les candidats pourraient déposer à partir de samedi. L'ONU et les Etats-Unis ont salué le scrutin. L'ambassadeur américain en Irak, Christopher Hill, et le commandant des troupes américaines, le général Ray Odierno, ont indiqué qu'il n'existait « aucune preuve de fraudes massives ou sérieuses » lors des législatives remportées par l'ancien Premier ministre irakien, Iyad Allawi. « Nous soutenons les conclusions des observateurs indépendants internationaux et irakiens qui ont affirmé leur confiance dans l'intégrité générale des élections et trouvé qu'il n'existe aucune preuve de fraudes massives et sérieuses », ont affirmé les deux responsables américains dans un communiqué. Ils ont également appelé tous les partis politiques à déposer des plaintes à travers les mécanismes existant, mais aussi à « accepter les résultats quand ils seront certifiés par les autorités juridiques irakiennes ». M. Allawi, qui fut Premier ministre du gouvernement par intérim entre juin 2004 et avril 2005, a promis qu'il discuterait « avec toutes les parties, qu'elles aient gagné ou non, pour former le prochain gouvernement ». La liste « Iraqia ouvrira son cœur à toutes les forces politiques et à tous ceux qui veulent construire l'Irak. Nous enterrerons ensemble le communautarisme politique », a-t-il ajouté à la télévision satellitaire Al Arabiya. A noter que Iyad Allawi a débuté sa carrière politique au parti Baâth de Saddam Hussein, avant de devenir un opposant résolu au régime puis, en 2004, le premier chef de gouvernement irakien après l'invasion américaine. Bio express : |Né le 30 mai 1945 dans une famille ayant donné plusieurs hauts responsables à la monarchie renversée en 1958, Iyad Allawi a appartenu au Baâth de 1961 à 1971 et a été un compagnon de route de Saddam Hussein, avant de se brouiller avec lui et de quitter le pays pour le Liban puis la Grande-Bretagne. En 1979, il est laissé pour mort par des agents de Saddam Hussein qui s'étaient introduits à son domicile londonien. En mars 1991, il fonde le Mouvement de l'entente nationale avec d'anciens baâthistes avec l'intention de renverser le dictateur. Avec la bénédiction de Washington, il monte un complot qui échoue en 1996. Infiltré en Irak, son groupe est démantelé et plusieurs de ses membres exécutés. Après les attentats du 11 septembre 2001, il milite pour une intervention internationale contre Saddam. En 2002, son mouvement transmet aux services secrets britanniques un rapport sur la capacité de l'Irak de déployer en 45 minutes des armes de destruction massive. Une information qui s'avérera fausse. Nommé Premier ministre en 2004, il est alors surnommé par certains "le petit Saddam" pour sa main de fer dans le traitement de problèmes de sécurité.| Agences, R. B.