La liste de l'ancien Premier ministre irakien laïc Iyad Allawi a remporté vendredi les élections législatives irakiennes du 7 mars, avec une avance de seulement deux sièges sur le chef du gouvernement sortant, Nouri al-Maliki, qui a refusé de reconnaître les résultats. Selon les résultats officiels annoncés par la Haute commission électorale indépendante d'Irak (IHEC), la liste de M. Allawi a obtenu 91 des 325 sièges que compte le Parlement, contre 89 pour l'Alliance pour l'Etat de droit (AED) de M. Maliki. L'Alliance nationale irakienne (ANI), qui rassemble des partis religieux chiites, est arrivée troisième avec 70 sièges, suivie par l'Alliance kurde, qui a remporté 43 sièges. De son côté, Nouri al-Maliki n'a pas reconnu les résultats, arguant qu'ils ne sont pas définitifs et qu'une enquête sur des fraudes présumées est en cours. "Nous estimons que les résultats ne sont pas définitifs, et la commission (IHEC) doit continuer à prendre en compte les plaintes déposées par plusieurs listes", a fait savoir M. Maliki lors d'une conférence de presse tenue peu après l'annonce des résultats à l'hôtel al-Rasheed, dans la Zone verte de Bagdad. Pourtant, l'émissaire de l'ONU en Irak, Ed Milkert, a qualifié le scrutin de "crédible", appelant toutes les parties irakiennes à accepter les résultats. "Les élections sont crédibles et nous n'avons pas encore constaté une preuve attestant d'un écart majeur", a déclaré M. Milkert. Après l'annonce de la victoire de M. Allawi, des centaines de ses partisans se sont réunis à Bagdad et dans plusieurs autres villes irakiennes pour fêter leur victoire par des chants et des danses. Parallèlement à ces scènes de liesse, les violences se sont poursuivies dans le pays. Un double attentat à la bombe a eu lieu dans la ville de Khalis, dans la province de Diyala, faisant 53 morts et 105 blessés. Selon la police provinciale, les attentats ont eu lieu au crépuscule. Une bombe en bordure de route et un minibus bourré d'explosifs ont successivement explosé à Khalis, près de Baqouba (chef-lieu de la province de Diyala), à environ 65 km au nord-est de Bagdad. Le bras de fer entre MM. Allawi et Maliki, ainsi que la flambée de violences, risquent de compliquer la formation d'un nouveau gouvernement. Pour former un gouvernement, M. Allawi doit se livrer à de laborieuses tractations avec les autres formations politiques pour assurer une coalition d'au moins 163 sièges. Allawi a indiqué ce samedi que sa liste avait nommé le vice-Premier ministre sortant, le sunnite Rifaa al-Issawi, pour mener les négociations avec les autres partis. "Jusqu'ici il y avait des discussions. Les négociations commencent maintenant après l'annonce des résultats. Le dialogue se déroule avec les différentes forces politiques sans exception", a-t-il dit. "Nous pensons qu'il doit y avoir un gouvernement fort capable de prendre des décisions qui servent le peuple irakien et permettent à l'Irak d'atteindre la paix et la stabilité et de reprendre sa place dans le monde arabo-islamique et au sein de la communauté internationale", a-t-il encore ajouté. Il a également assuré qu'il entendait ouvrir une "nouvelle page" avec les pays voisins de l'Irak --la Syrie, l'Iran, l'Arabie saoudite et le Koweït-- et établir avec eux "meilleures relations" basées sur "la coopération et le fraternité". Un avis de la Cour suprême, rendu il y a deux jours mais annoncé seulement samedi, pourrait toutefois compliquer les projets de M. Allawi. A la demande de Nouri al-Maliki, la Cour a interprété l'article de la Constitution qui stipule que le président de la République confie au "candidat du plus large bloc à l'assemblée la formation du conseil des ministres". La Cour suprême a jugé dans son avis que la tâche de former un gouvernement pouvait également être confiée à une alliance de listes qui se sont présentées indépendamment mais qui ensemble totalisent le plus grand nombre de sièges.