Chez nous, aujourd'hui, tout le monde s'érige en théologien et en inquisiteur. Pour tous nos gestes et paroles, nous avons une fetwa !». C'est ce qu'a déclaré l'écrivain Amin Zaoui, le 21 février passé, lors d'une conférence à Timezrit. Invité par l'association «Ciné+, Lumière sur la mémoire» pour parler de son dernier roman «L'Enfant de l'œuf», l'écrivain a évoqué plusieurs sujets ayant trait à son projet littéraire de façon générale et aux préoccupations politiques et religieuses qui secouent présentement le pays. Sur son projet littéraire, il dira : «Dans tous mes romans, il est question notamment de la religion, de la condition de la femme et de la diversité dans son sens large». Pour lui, une société qui met la femme sous tutelle masculine, qui ne respire que par la religion et l'unicité, est une société vouée inéluctablement à tous les fourvoiements et à la faillite. «Dans une société islamisée, tout le monde est fatigué. On se laisse facilement prendre par des hypocrisies et des comportements intolérants. Seules la diversité des opinions, la diversité linguistique, la diversité culturelle…peuvent garantir l'épanouissement et la stabilité» assène-t-il. Dans son roman qui met en scène un quinquagénaire, Moul, qui partage sa solitude avec son chien et une réfugiée syrienne, l'auteur montre justement la confusion des gens qui, au début, ont accueilli à bras ouverts «leur sœur syrienne», et qui se sont métamorphosés en personnes soupçonneuses, étroites et intolérantes une fois qu'ils ont découvert qu'elle était de confession chrétienne. «Dans la plupart des conflits anciens ou contemporains, la religion en est la cause principale» dit, en substance, le conférencier. Aussi plaide-t-il pour la levée de la tutelle religieuse sur la société. «Aux écrivains et hommes de culture de travailler en vue de libérer la société des carcans religieux. Car maintenant que le politique a montré ses limites, seule la culture rassemble et peut contrebalancer l'islamisme rampant», conclut-il.