L'Iran est en train de laisser passer sa chance de dialoguer avec la communauté internationale, et des sanctions ciblées pourraient s'avérer en fin de compte «inévitables», a estimé hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Nous pensons qu'il laisse passer sa chance de mettre en place un dialogue correct, mutuellement favorable sur la base des propositions qui ont été faites», a-t-il dit à l'issue d'une rencontre entre la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton et le président russe Dmitri Medvedev. M.Lavrov a par ailleurs répété que la Russie ne s'opposait plus au principe des sanctions à l'encontre de l'Iran, soupçonné de travailler sur un programme nucléaire militaire. «Comme le président Medvedev l'a dit, les sanctions marchent rarement, mais on peut en arriver à une situation où elles s'avéreront inévitables. Et nous n'excluons pas qu'une telle situation puisse se produire à l'égard de l'Iran», a-t-il dit. «Les sanctions doivent être intelligentes, pas paralysantes, sans impact humanitaire négatif sur la population», a-t-il ajouté. «Nous avons suivi la voie diplomatique et jugé que c'était la bonne chose à faire. Mais à présent nous en sommes à un point où nous demandons de passer à l'action», a de son côté remarqué Mme Clinton lors du point presse. «Nous travaillons très dur au Conseil de sécurité pour obtenir une résolution qui exprime la désapprobation face à l'attitude iranienne et mettre en place (...) un régime de sanctions intelligentes, ainsi que le président Medvedev les a appelées, afin de tenter de changer le comportement des dirigeants iraniens», a-t-elle dit. Le Conseil de sécurité de l'Onu a déjà adopté cinq résolutions, dont trois assorties de sanctions, pour exiger de l'Iran qu'il suspende ses activités nucléaires sensibles, notamment l'enrichissement de l'uranium. Téhéran, qui affirme le caractère purement pacifique de son programme nucléaire, les a toutes ignorées. La position russe sur des sanctions à l'égard de son allié l'Iran s'est nettement rapprochée de celle des Occidentaux ces derniers mois, à mesure que la crise empirait. Mais Moscou et Washington sont toutefois apparus en désaccord jeudi au sujet de la centrale nucléaire que la Russie construit pour le compte de l'Iran à Bouchehr (sud). Le Premier ministre Vladimir Poutine a annoncé qu'elle entrerait en service cet été, un lancement que Mme Clinton a jugée «prématuré».