Peut – on avoir un aperçu sur le lancement du cours en 2004 ? Suite à la publication des chiffres sur la fréquence du diabète réalisée dans la wilaya de Sétif et qui avait mis en évidence un taux de 8,8 % de diabétiques de type 2, avec 50 % de diabétiques méconnus, l'alerte a été donnée. A partir de ce constat, deux axes se sont dégagés pour parer à cette maladie silencieuse, à savoir un programme de dépistage et la nécessité d'une formation médicale continue, étant donné que la prise en charge du diabète de type 2 est majoritairement effectuée par les médecins généralistes. Que pouvez-vous dire à propos de son évolution ? Nous avons commencé timidement. Le premier cours régional a regroupé 40 médecins généralistes. Trois ans plus tard, le cours est devenu national. Dès 2009, la formation s'est internationalisée. L'engouement, l'engagement et le dévouement des encadreurs et des formateurs ont transformé cet événement en une véritable institution connue et reconnue hors de nos frontières. Quels sont les objectifs assignés au cours ? L'actualisation et la mise à jour des connaissances sur le diabète, les facteurs de risque cardiovasculaires (FRCV) sont les principaux objectifs du cours. Par ailleurs, un état des lieux est fait régulièrement sur le diabète et les facteurs de risque cardiovasculaires. Nous profitons à chaque fois pour transmettre aux médecins toutes les nouvelles recommandations concernant le diabète et les FRCV. Nous apprenons aux médecins généralistes comment dépister et poser le diagnostic du diabète et du prédiabète, comment suivre les patients, dépister leurs complications et aussi traiter convenablement selon les standards internationaux. La mission n'est pas simple ? Comme je l'ai signalé au début, de par son caractère insidieux, le diagnostic et son traitement doivent être précoces pour réduire le risque de complications et le coût, avec toutes les retombées économiques. Quand on évoque la prise en charge du diabète, c'est quelque chose de complexe, qui ne dépend pas uniquement du médecin, mais de tout un environnement. La prise en charge ne doit pas être glucocentrique, mais s'intéresser aux FRCV associés. Le patient ne doit pas être seul et si souvent on taxe les patients d'«indisciplinés», la faute est sans aucun doute partagée. Un patient doit recevoir une éducation thérapeutique structurée afin de lui permettre une autogestion et ceci concerne la prévention des complications et des hypoglycémies, l'auto-surveillance, la diététique, l'activité physique et la gestion du traitement et, entre autres, l'insuline. A qui s'adresse le cours ? Le cours est destiné aux médecins généralistes des secteurs public et privé. Nous donnons la priorité aux médecins qui s'occupent des maisons du diabète ou de consultation de diabète, ceux qui travaillent dans des endroits éloignés seuls, sans l'appui de spécialistes. On doit savoir que le médecin généraliste est le premier maillon dans la prise en charge du diabétique. Que pouvez-vous dire à propos du dépistage et du travail réalisé par votre réseau ? Ce cours nous a permis de constituer un réseau à travers l'est du pays. Ce réseau nous a facilité le dépistage à l'Est et au Sud- Est en 2006, pour un total de 90 000 dépistages. Nous avons réalisé dernièrement un état des lieux sur le diabète et le Ramadhan sur un total de 901 patients à l'échelle de 26 wilayas. Enfin la qualité de la prise en charge des médecins a fait un bond qualitatif considérable. Quels sont les résultats obtenus durant les 15 années de cours intensifs ? Pour des exigences universelles, la formation annuelle est dédiée à 120 médecins, leur permettant des conditions d'enseignement et de pratique à travers des workshops de qualité. Le seul point négatif, c'est que nous n'avons pu honorer qu'un tiers des demandes à travers ces 15 années et qui s'élèvent à 3989 candidatures. Grâce à l'insistance et à l'engouement des médecins, 1277 médecins généralistes ont été formés à l'échelle des 48 wilayas du pays, avec un pourcentage de pays voisins du Maghreb et d'Afrique totalisant 16 pays (France, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Maroc , Mauritanie, Niger, Palestine, Sénégal, Tunisie, République du Congo, Ruanda, Zimbabwe). 570 conférences ont été honorées, comptabilisant ainsi 285 heures et 90 workshops, soit 135 heures.