«C'est avec une grande tristesse que nous informons le public que Mme Winnie Madikizela Mandela est décédée à l'hôpital Milpark de Johannesburg lundi 2 avril», a déclaré Victor Dlamini dans un communiqué. «Elle est décédée des suites d'une longue maladie, pour laquelle elle a été hospitalisée à plusieurs reprises depuis le début de l'année. Elle est partie en paix en tout début d'après-midi lundi, entourée de sa famille», a-t-il ajouté. Winnie Madikizela Mandela, qui «était l'une des plus grandes icônes de la lutte contre l'apartheid, s'est battue vaillamment contre le régime de l'apartheid et a sacrifié sa vie pour la liberté de l'Afrique du Sud», a-t-il souligné. Le Congrès national africain (ANC, au pouvoir), fer de lance de la lutte contre le régime ségrégationniste, a salué, par la voix de l'un de ses responsables, Mbalula Fikile, une femme qui «symbolisait la force, la résistance et une âme éternelle de la liberté». «Elle s'est battue sans relâche pour que nous ayons une société juste et égalitaire. Elle a consacré sa vie au service du peuple africain», a-t-il insisté. Le prix Nobel de la paix Desmond Tutu a salué un «symbole majeur» de la lutte anti-apartheid. «Elle a refusé de céder face à l'incarcération de son mari, le harcèlement perpétuel de sa famille par les forces de sécurité, les détentions, les interdictions et son bannissement. Son attitude de défi m'a profondément inspiré, ainsi que des générations de militants», a déclaré l'ancien archevêque anglican sud-africain, ami proche de feu Nelson Mandela. C'est en 1958 que celle que l'on surnomme affectueusement «Winnie» épouse Nelson Mandela. Mais très vite le couple est séparé par les activités politiques croissantes de Nelson Mandela, qui est condamné en 1964 à la prison à perpétuité. Pendant les 27 années d'emprisonnement de Nelson Mandela, libéré en 1990, Winnie résiste aux persécutions du régime raciste et devient l'égérie de la lutte anti-apartheid. Elle ne plie pas devant les astreintes à domicile, les attaques à la bombe, les pressions incessantes.
Face au passé A la sortie de prison de Nelson Mandela en 1990, la «mère de la nation» marche main dans la main au côté de son époux. Le couple est accueilli en héros par des dizaines de milliers de ses partisans, l'image fait le tour du monde. Les lois d'apartheid sont ensuite abolies et, en 1994, Nelson Mandela devient le premier président noir de l'Afrique du Sud, au cours des premières élections démocratiques dans ce pays, son épouse entre dans le gouvernement. Mais les années de détention ont porté un coup fatal à leur relation. Pendant les années de détention de son mari, Winnie est devenue la pasionaria des townships. Elle encourage la violence pour lutter contre le régime ségrégationniste. Winnie Mandela est reconnue coupable de complicité dans l'enlèvement d'un adolescent, soupçonné d'être un agent du régime blanc et tué par ses gardes du corps. Ses frasques, son discours violent et des accusations de meurtre portées contre ses gardes du corps l'éloignent de son époux. Le couple se déchire et le divorce est prononcé en 1996. A sa mort en 2013, Nelson Mandela, qui s'est entre-temps remarié avec Graça Machel, ne lui a rien légué. Winnie est amère. Elle saisit la justice, en vain. L'une de ses dernières apparitions publiques remonte à la dernière conférence de l'ANC en décembre à Johannesburg, où elle a été saluée par des applaudissements. Quelques semaines plus tard, elle était hospitalisée pour une infection rénale et épuisement. Elle en était sortie une dizaine de jours plus tard, avant d'y être de nouveau admise ce week-end.