La fédération algérienne de karaté-do est en crise. La veille de la tenue de l'assemblée générale ordinaire, le 3 avril au siège du comité olympique algérien (COA), des voix se sont élevées pour « dénoncer la situation qui prévaut au sein de cette fédération », souligne un membre du bureau fédéral et menacent de « ne pas approuver les rapports moral et financier ». Le rendez-vous de samedi risque de provoquer des vagues. Pour éviter cela, des membres de l'assemblée générale et du bureau fédéral ont décidé d'alerter la tutelle sur les risques et nuages qui pointent à l'horizon de l'AG. Au lendemain de la réunion du bureau fédéral, tenue le 20 mars 2010, des membres de cet organe ont signifié leur refus d'adopter le bilan financier. Mokhtar Sadaoui, président de la commission technique nationale, a déclaré « ne pas être responsable du bilan financier qui sera soumis à l'assemblée générale ». Le premier vice-président, Touhouche Rabah, souligne que « les membres du bureau fédéral n'ont pas été associés aux dépenses entreprises lors de la saison 2009. La date de l'assemblée générale a été fixée (trois fois) sans nous consulter ». Plus grave encore, Karroub Mohamed, troisième vice-président, président de la commission des finances, fait savoir qu'il « n'a jamais délibéré sur une quelconque opération financière et n'a jamais reçu les détails des dépenses et que la date de l'assemblée générale ordinaire a été fixée sans que les bilans ne soient adoptés (par le bureau fédéral) ». De nombreuses démarches ont été entreprises par des membres du bureau fédéral et de l'assemblée générale, afin que la tutelle intervienne. A en croire quelques membres, « notre voix a été étouffée dans l'œuf par certaines parties qui occupent de hautes fonctions au ministère de la jeunesse et des sports (MJS). Elles ont convoqué des experts pour leur intimer l'ordre d'adopter les bilans moral et financier, des présidents de ligue ont fait l'objet de pressions de la part de certains DJS afin de les amener à voter les bilans qui seront présentés le 3 avril. » Pétition pour le rejet du bilan En date du 30 mars 2010, une correspondance a été adressée au ministre de la jeunesse et des sports, Hachemi Djiar, par des membres de l'assemblée générale, dans laquelle ils ont énuméré une série de griefs contre le président de la fédération, Aboubaker Mekhfi, ainsi que des « parties » proches du MJS qui « ont tout fait pour maintenir le statu quo et perpétuer la présence de l'actuel président à la tête de la fédération, et ce, malgré toutes les dérives commises depuis l'élection de la nouvelle fédération », martèle notre interlocuteur. Dans un document intitulé « rejet des bilans moral et financier 2009 et retrait de confiance au président », signé par 28 membres de l'assemblée générale, les signataires dénoncent « la nomination sans délibération du bureau fédéral des entraîneurs des différentes équipes nationales, désignation des présidents des régions sans délibération du BF, falsification des PV de réunions, violation de l'article 27, chapitre IV du décret exécutif 05-405, non-association des membres du bureau fédéral à la prise des décisions et absence d'un trésorier général élu au sein de la fédération... ». Nos (nombreuses) tentatives de prendre langue avec le président de la fédération, Aboubaker Mekhfi, pour lui permettre de s'exprimer sur cette situation ont été vaines. Il était injoignable. Du côté du MJS, des démarches ont été entreprises à la veille de l'assemblée générale pour « calmer le jeu ». A cet effet, « un haut cadre du MJS a invité Mesbahi, ancien président de la fédération et actuel vice-président de la fédération internationale et président de l'UFAK (union africaine), ainsi que le président de la ligue d'Alger, Aït Brahim Kheider, et a usé de leur influence auprès des membres de l'assemblée générale, afin que le bilan ne soit pas rejeté », a confié une source fédérale. La fédération de karaté-do surmontera-t-elle cette épreuve ? Réponse le 3 avril au siège du COA.