Le premier tour de manivelle du film retraçant la vie et l'œuvre du grand poète Si Mohand Ou Mhand, un long métrage éponyme Si Mohand Ou Muhand, réalisé par Ali Mouzaoui, sera étrenné le 19 janvier 2019, à 10h, à Djemaâ Saharidj, commune de Mekla, wilaya de Tizi Ouzou. Ce clap inaugural du tournage du film Si Mohand Ou Mhand sera effectué en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, du wali de Tizi Ouzou, du président et des membres de l'Assemblée populaire de wilaya. Dans sa lettre d'intention, le cinéaste, Ali Mouzaoui, motive cet ambitieux projet : «Consacrer, aujourd'hui, un film à l'œuvre et à la vie de Si Mohand Ou Mhand est une urgence. Il nous permettra de restituer aux Algériens un poète qui, jusqu'à sa mort, a gardé sa fidélité à l'Algérie. Ce sera aussi l'opportunité de faire résonner le cri d'un pays dans l'histoire du mouvement de la décolonisation dont notre pays a su, à jamais, tracer la voie… Sa mission est d'en porter toutes les souffrances et d'en récupérer, à travers son verbe et sa voix, la révolte et, plus tard, la résistance… Les conséquences de la révolte sont des plus tragiques. Si Mohand vit au centre des brasiers. Son père est fusillé sous ses yeux. Son oncle, Cheikh Arezki, protecteur et maître à penser du poète, est déporté en Nouvelle-Calédonie, d'où il ne reviendra jamais…La poésie de Si Mohand Ou Mhand n'est pas un discours politique. C'est une œuvre profondément esthétique. Une sensualité envoûtante, qui submerge et subjugue l'auditeur ou le lecteur dans les poèmes dédiés à la femme aimée. Si Mohand Ou Mhand ne gomme pas le corps, il l'idéalise jusqu'au désir incendiaire et incandescent…» Sa famille fut décimée et le reste déporté en Nouvelle-Calédonie. Le pitch ? Sa famille décimée, déportée en Nouvelle-Calédonie, et le reste exilé vers la Tunisie, il ne restera à Mohand, selon la légende, que la compagnie encombrante d'un ange qui le somma : «Parle, je versifierai ou ferai les vers et je parlerai.» Et ce fut le départ pour une vie tumultueuse et tourmentée. Durand plus de trente longues années, Si Mohand va sillonner le pays – plus souvent à pied – pour répandre sa poésie aux quatre vents. Il devint alors l'écho d'un peuple, d'un pays, d'une époque. A travers des poèmes-cris, il tenta de maintenir en éveil les valeurs des Imazignen, les hommes libres même dans la défaite. Dans la chute de son statut social, le poète n'avait que des vers pour accompagner son pain amer. Il brûla les cuillères en bois de sa famille pour se réchauffer. Il renonça à Ouardia, son tendre amour, pour répondre à l'appel irrésistible des routes. Comme obéissant à un pouvoir d'ubiquité, il était en Kaylie, on le croirait à Alger, le retrouvions à Annaba. Il séjourna à Cherchell. Partout, il était le porte-voix d'une détresse, d'une misère exprimée dans sa poésie.