Annonce ■ Une stèle commémorative à l'effigie du poète que l'on surnomme le Verlaine kabyle, Si Muhand U'M'hand, sera bientôt érigée dans la localité de Aïn El-Hammam, au sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce poète au don indéniable et au parcours atypique, continue toujours à inspirer les poètes, les artistes, les hommes de culture, les cinéastes, les écrivains et les chercheurs. Les travaux de réalisation de la stèle commémorative qui sera érigée au niveau de l'esplanade de l'ex-cinéma du chef-lieu communal seront aussitôt entamés après l'achèvement des démarches nécessaires, dont l'étude qui est en cours, avons-nous appris. En Kabylie, les poèmes de Si Mohand U'M'hand sont plus connus que ceux de son contemporain Chikh Mohand Oulhocine. Ses Isefra'(poèmes) reviennent comme une litanie dans la bouche des aïeux qui ont transmis par tradition orale ce trésor d'une valeur inestimable. Ce qui a permis aux poèmes de Si Mohand U'M'hand de traverser les décennies et d'être recueillis par les grands chercheurs en linguistique berbère. Le poète aurait juré de ne jamais répéter deux fois le même poème, de sorte que seule la mémoire populaire a permis de conserver son œuvre. Les poèmes de Si Muhand, le poète errant, sont directement inspirés de sa vie. Ils traitent de l'exil, de l'amour de sa terre natale, de l'amour et du destin. Ces derniers ont été publiés sous forme de recueils à plusieurs reprises, notamment par Amar n Saïd Boulifa en 1904, Mouloud Feraoun en 1960, Mouloud Mammeri en 1969 et par Larab Mohand Ouramdane au Maroc en 1997. D'autres poèmes de Si Muhand ont été recueillis et publiés en 2000 par Younes Adli. La vie et l'œuvre de Si Muhand U'M'hand ont été traitées par de grands hommes de lettres et des œuvres littéraires ont été publiées à cet effet, citons entre autres, Si Mohand ou Mhand. Errance et révolte de Younes Adli, Isefra n' Si Muhend U'M'hend de Mohand Ouramdane Larab publié en 1997, Si Mohand Ou M'hand, la vaine musique du vent de Kahar Rachid publié en 2006 édition Inas. Un film retraçant sa vie intitulé Si Mohand U M'hand, l'insoumis a été réalisé en 2008 par Lyazid Khodja et Rachid Benallal. Si Mohand U'M'Hand de son vrai nom M'hand Ath Hammadouche, est né vers 1845 dans l'ancien village de Ichériouène dans la localité de Tizi Rached. A son emplacement a été édifiée la citadelle de Fort National (Larbaâ Nath Irathen). Son enfance est placée sous le thème de la violence et de l'exil. Né dans une famille de la petite bourgeoisie, il assiste à l'arrivée des troupes françaises du général Randon en Kabylie et à la destruction de son village. À la place, les Français construisent une ville fortifiée devenue Fort national (Larbaâ Nath Irathen). Le père de Mehand Ameziane Ou Hammadouche, originaire d'Aguemoun, s'est réfugié à Ichariouène pour échapper à une vendetta. Après 1857, le village de Ichariouène a été rasé par l'armée coloniale et les parents de Si Mohand s'installent à Akbou au lieu dit Sidi-Khelifa, où son oncle paternel, Cheikh Arezki Ou Hammadouche, maître en droit musulman, a ouvert une zaouïa. C'est là que Si Mohand commence ses études avant de rejoindre l'importante zaouïa de Sidi Abderrahmane Illoulen (Aïn El-Hammam). Lors de l'insurrection de 1871, la famille de Si Muhand U'M'hend s'est engagée aux côtés de Cheikh El-Mokrani contre la colonisation. Son père, Mehand Ameziane a été exécuté à Fort National, son oncle Arezki est déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués. Sa famille a été ruinée et anéantie par l'armée française qui l'oblige à se disperser à travers le pays, et là débute sa vie de vagabond errant de ville en ville. Si Mohand, décédé le 28 décembre 1905 à l'hôpital Sainte-Eugénie des Sœurs Blanches de Michelet (Aïn El-Hammam), est enterré au sanctuaire de Sidi Saïd ou Taleb.