Ils ont réinvesti les forêts et les sentiers les plus sauvages. Hafid, Nadjib, Khiereddine et leurs potes passent leurs week-ends… en VTT ! Reportage hors-pistes avec ces amateurs de sensations fortes. « Je me souviens d'un vendredi en famille dans la forêt. J'avais 17 ans, je me baladais en VTT avec Kheireddine, mon cousin. Quand soudain, nous avons aperçu une barrière, limite de la piste autorisée aux automobilistes. Nous avons alors décidé de la franchir… » Mohamed Benkartaba, 25 ans, fait partie d'un groupe de huit jeunes vététistes qui, le week-end, partent à l'aventure dans les forêts de Mostaganem. Ce groupe est le premier en Algérie à avoir lancé une telle activité depuis les années 90 où de telles pratiques sportives n'étaient permises que dans quelques endroits dans le Sud. Hafid, Nadjib, Kheireddine & Co décident en cette veille de printemps, après une semaine d'orage, de rider en forêt de Sidi Lakhdar, à 30 km de Mostaganem. La veille, ils se sont donné rendez-vous chez Nadjib, 26 ans, architecte. « Car avant, nous devons procéder au réglage des freins, des roues, au graissage de la chaîne. Nous devons aussi établir notre parcours à l'aide de Google Earth et préparer les outils et pièces de rechange en cas de pépin », explique Kheireddine, 26 ans, opticien. « Nous manquons de pièces de rechange. C'est notre souci majeur, aujourd'hui nous les importons de France », confie-t-il. Chasse au trésor Khiero et ses amis ont depuis le début de cette aventure noué des relations avec des cyclistes de différentes régions du pays, fournisseurs de pièces de rechange. « Il est quasi impossible de trouver un magasin spécialisé en Algérie. Nous passons par nos propres circuits ». Il est 7h du matin, quand Kheireddine enfourche son nouveau VTT -acheté 70 000 DA- pour retrouver ses compagnons chez Nadjib, propriétaire d'une camionnette utilisée le week-end pour le transport des VTT. « Grâce à nos bonnes relations avec le garde forestier, nous circulons en toute liberté. Bien évidemment, nous protégeons l'environnement », confie Mohamed. Le choix de cette forêt n'est pas fortuit. Un ancien cycliste, archéologue de formation, les a informés de la présence d'un site historique romain dans cette forêt. Leur curiosité aiguisée, munis de cartes, ils se sont alors lancés à la recherche de ce trésor. La température avoisine les 18°C, le soleil est au rendez-vous, mais pas le vent. Bref, une journée idéale pour une sortie VTT. Les vététistes s'échauffent pour préparer leurs muscles. Enfilent leur casque et protège-genoux. Les dernières vérifications effectuées, sac à dos enfilé, l'aventure commence. Hafid, 25 ans, diplômé en génie mécanique, d'habitude peu bavard, s'enthousiasme. Beaucoup d'eau La piste semble un peu boueuse. « Ce qui compliquera un peu notre sortie, mais lui donnera sûrement… du piment ! », assure Mohamed. Khiero lance un défi : 10 km sans halte. Ses copains le suivent, la course est lancée avec acrobaties à la chaîne. Car, depuis huit ans, les vététistes s'entraînent chaque semaine. Le « cross ride » (le VTT dans la forêt) nécessite de l'entraînement. Notre équipe pénètre dans la forêt et s'éloigne des pistes pour mieux affronter bosses, descentes dangereuses, virages et passages étroits. Hafid part en éclaireur et informe les autres en temps réel de la difficulté du terrain. Manœuvres, marches à pied, freinages… Même dans les endroits a priori impossibles à traverser, ils ne se découragent pas. Ils se croisent, se suivent de près, virent à 180°C… et sautent de tous les côtés. Midi. Pause déjeuner. Du thon, du fromage, des fruits et surtout beaucoup d'eau. « Nos sorties sont thématisées. A chaque fois, nous choisissons un site qui nous permet soit une activité purement sportive, écologique ou historique. Nous avons déjà été à Djanet et Taghit dans le désert. » De retour au garage, ils organisent un rapide débriefing. « La journée a été dure dans la matinée à cause du sol boueux, mais dans l'après midi, la piste nous a permis de mesurer nos performances de vitesse et nous détendre. » Amine, 28 ans, télécharge les photos prises aujourd'hui sur l'ordinateur. Des moments gravés que l'équipe compte partager avec d'autres passionnés, sur Facebook. Car ils aimeraient créer des clubs de VTT partout en Algérie. « Des circuits sont mis sur pied pour les étrangers, notamment au Sahara, mais nous en sommes écartés, précise l'un d'entre eux. Mais qu'importe, personne ne nous empêchera de rouler… » Leur groupe Facebook : team RC 27