Le général major à la retraite Ali Ghederi annoncera aujourd'hui officiellement sa candidature à l'élection présidentielle du 18 avril prochain. Il le fera savoir à travers une déclaration qu'il rendra publique au courant de la journée. Il est le premier à se lancer dans la bataille présidentielle au lendemain de la convocation du corps électoral. L'homme au long parcours militaire, marqué de distinctions majeures, est aussi bardé de diplômes universitaires. Magister en Relations internationales et docteur d'Etat en sciences politiques, dont le thème traite de sécurité nationale. Une formation universitaire poussée qui complète celle du militaire. Ali Ghederi a occupé le devant de la scène politique et médiatique pendant des jours après avoir interpellé le chef d'Etat major de l'ANP, Ahmed Gaid Salah, lui demandant de ne pas permettre aux «aventuriers de violer d'une manière aussi outrageuse la constitution». Alors que pesaient de sérieux doutes sur la tenue de l'élection présidentielle dans ses délais en agitant le scénario d'un «report», le général major Ali Ghederi avait ouvertement demandé, le 25 décembre passé, à Ahmed Gaid Salah «d'assumer ses responsabilités historiques» en faisant respecter la constitution. Une prise de position qui a fortement secoué au sein du pouvoir, mais qui a provoqué une levée de bouclier et qui a surtout semé le doute dans les rangs. Cinq jours après, le ministère de la Défense national le «pilonne» dans un long communiqué au vitriol. D'une rare violence, le ministère de la Défense a même menacé le haut gradé à la retraite de poursuites judiciaires. L'organe central de l'ANP, la revue El Djeich lui consacre un éditorial de la même teneur, avant que le chef d'Etat major ne lui «tombe dessus» lors d'une tournée dans la deuxième région militaire. D'évidence, la sortie de Ali Ghederi a eu l'effet d'une bombe dans un champ politique national aussi hésitant qu'amorphe. Imperturbable, celui qui prend sa retraite volontairement en 2015 – il avait alors tout juste 60 ans – après avoir servi 42 ans sous les drapeaux, vient de marquer et de réussir son premier coup politique. «Ali Ghederi est désormais un homme politique en devenir», a considéré le politologue Hasni Abidi. C'est désormais acté avec sa décision de prendre le pari de la présidentielle. Fin connaisseur des arcanes du pouvoir et de ses hommes, Ali Ghederi, à l'inverse d'une bonne partie de la classe politique souvent sur la défensive, passe à l'offensive, fixe lui-même le tempo. En prenant l'initiative, il prend tout le monde de vitesse. Son entrée en scène est en droite cohérence avec sa démarche d'action. Il veut forcer le destin. Sa candidature n'est pas une candidature de témoignage, mais celle de la rupture, aimait-il répéter. «Il n'y a de bataille perdue que celle que l'on ne mène pas», semble-t-il vouloir dire. C'est le sens que prend son acte de candidature. C'est le destin de ce fils d'ouvrier des mines d'El Ouenza !