Les mises en garde du ministère de la Défense nationale (MDN) contre les interventions politico-médiatiques d'officiers de haut rang à la retraite sur la présidentielle ont été relancées par le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah. Après un communiqué virulent du MDN suivi d'un éditorial véhément de la revue El Djeïch, c'est le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, lui-même, qui a pris la parole, lors de sa troisième journée de visite dans la 2e Région militaire, pour lancer un nouvel avertissement aux militaires à la retraite, qui demandent à l'ANP d'assumer ses responsabilités dans la crise politique qui secoue le pays en favorisant une alternance au pouvoir. «Je tiens, à cette occasion, à rappeler, voire attirer l'attention sur cette importante question, où certains individus et parties mus par des ambitions démesurées et animés par des intentions sournoises ont pris l'habitude, à l'approche de l'échéance électorale présidentielle, de tenter de préjuger, sans véracité, des prises de position de l'institution militaire vis-à-vis des élections présidentielles, et s'arrogent même le droit de parler en son nom par tous les moyens, notamment les médias», a affirmé Gaïd Salah, considérant ainsi ceux qu'il a qualifié d'individus, de personnes ayant perdu «le sens de la mesure, qui s'accordent une vocation et une dimension qui ne sont pas les leurs, et se lancent, sans aucun scrupule, dans des affabulations débridées, découlant d'un narcissisme maladif». Des affabulations «qui les poussent jusqu'à prétendre bien connaître le haut commandement de l'Armée nationale populaire, pour prévoir sa position vis-à-vis des élections présidentielles ; grave dérive qui dénote d'un seuil inquiétant d'inconscience que seule l'ambition aveugle peut provoquer». Le chef de l'état-major a accusé «ces individus» de s'être autoproclamés «porte-parole de l'institution militaire» et d'être asservis à «des parties qui n'accordent aucune considération aux intérêts suprêmes de l'Armée nationale populaire». Sans le citer, le chef de l'état-major ciblait directement le général à la retraite Ali Ghederi, qui a appelé, à travers des tribunes publiées sur les colonnes d'El Watan, l'institution militaire à assumer sa responsabilité pour faire sortir le pays du statu quo politique actuel. Le vice-ministre de la Défense s'adressait indirectement à d'autres très hauts gradés de l'armée à la retraite, qui auraient inspiré ses écrits dans la presse. Dans sa réponse virulente, Ahmed Gaïd Salah a employé presque les mêmes phrases que celles du communiqué et de l'édito d'El Djeïch. Deux sorties médiatiques auxquelles les personnes ciblées n'ont pas répondu. Une question mérite donc d'être posée : pourquoi le chef de l'état-major a senti le besoin de répondre à nouveau et de relancer les mises en garde contre Ghederi et ceux qui seraient derrière lui ? Gaïd Salah voulait-il par là confirmer, à ceux qui en auraient douté, qu'il était bel et bien le responsable du contenu des deux précédentes mises au point ?