À l'approche du 17 avril, des messages, des exhortations provenant d'hommes politiques, de partis, de personnalités et de candidats rappellent l'ANP à ses missions constitutionnelles. Comme si, quelque part, on redoutait un éventuel parti pris de celle-ci. On lui prête le pouvoir de l'ombre de faire et défaire les présidents, on l'affuble du vocable de "grande muette", on la qualifie d'héritière de la glorieuse ALN et on répète inlassablement, à ceux qui voudraient bien y croire, qu'elle s'est retirée officiellement du champ politique depuis la fin des années 1980. Pourtant, l'ANP ne s'est retrouvée au cœur du débat politique qu'à l'occasion de l'élection présidentielle qui aura lieu dans une dizaine de jours. À l'approche du 17 avril, des messages, des exhortations provenant d'hommes politiques, de partis, de personnalités et de candidats en lice, la rappellent à ses missions constitutionnelles. Comme si, quelque part, on redoutait un éventuel parti pris de l'ANP au profit du Président-candidat. "La mission de l'armée n'est pas de ramener des présidents, mais de surveiller les frontières (...) Et les officiers qui sont âgés de plus de 80 ans doivent aller en retraite", a déclaré, hier à Arzew, Ali Faouzi Rebaïne, dans une allusion à peine voilée au chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, le plus âgé des soldats, réputé proche du président Bouteflika. La veille, depuis Tamanrasset, où l'ANP a fort à faire avec la surveillance des frontières, Ali Benflis a appelé l'armée à "n'obéir qu'à sa conscience lors de l'élection présidentielle du 17 avril". "Vous n'avez pas besoin qu'on dirige ou qu'on oriente vos voix durant la prochaine élection. Vous êtes conscients, vous êtes même l'exemple en matière de nationalisme. Je suis convaincu que le 17 avril, vous n'allez obéir qu'à votre conscience." Benflis n'a pas manqué de préciser qu'il s'adressait à l'armée à la veille d'une "échéance décisive, alors que le pays est face à des enjeux importants et à des menaces extérieures". Peu de temps auparavant, le RCD mettait en garde l'institution militaire contre une éventuelle implication dans les "jeux de pouvoir". "La pire des éventualités pour le pays et l'armée elle-même serait de voir cette dernière aspirée dans des aventures auxquelles elle ne peut ni ne doit faire face", écrit le RCD dans un communiqué. "Depuis plusieurs semaines, des informations insistantes, recoupées par des interventions de personnages se revendiquant de cautions de cercles militaires, demandent, voire annoncent, des initiatives de reprise en main du pouvoir politique par l'armée. Il semble même que des candidatures ne soient restées en lice que pour servir d'alibi à cette intervention", soutient le RCD pour qui "l'Algérie ne peut plus rester enfermée dans des mises en scène élaborées par les officines et animées par des acteurs interchangeables issus et au service du système responsable du malheur algérien". Il estime que les membres "les plus avisés" de l'ANP sont appelés à "faire faire à leur institution une difficile mais salutaire mutation (...) Il y va de la stabilité et de la sécurité de la nation", écrit-il. Cette "salve" simultanée, quelques jours seulement après la sortie de Gaïd Salah appelant les différents corps sécuritaires à poursuivre leurs efforts afin de "garantir un climat idéal au déroulement des prochaines élections présidentielles" et "veiller à la discipline et la vigilance", se décline-t-elle comme une mise en garde contre un parti pris de l'institution militaire ou suggère-t-elle l'existence de quelques velléités de donner un coup de pouce à quelque candidat ? En invitant l'armée à observer la neutralité, les différents acteurs politiques, notamment Benflis, ne souhaitent probablement pas revivre le scénario de 2004 où, en dépit des assurances répétées du défunt Mohamed Lamari, une aile de l'armée avait décidé de soutenir Bouteflika. Mais l'insistance de ces acteurs politiques pourrait exprimer également la persistance des tensions entre clans au sommet, devenues visibles depuis les restructurations opérées dans certains services du DRS, la mise à l'écart de certains de ses cadres et l'attaque au vitriol d'Amar Saâdani contre le général Toufik. D'où, probablement, l'appel pressant de l'ex-chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, aux trois décideurs, Bouteflika, Gaïd Salah et Toufik, à négocier une sortie de crise, ou encore cette observation du RCD qui évoque des "tensions latentes qui traversent l'armée et qui placent l'Algérie dans une situation qui interpelle tout patriote soucieux de la stabilité du pays". Que dira l'ANP ? K K Nom Adresse email