Le centre historique de la ville de Skikda n'a cessé, depuis des décennies, de vivre une réelle décrépitude. Au fil du temps, des parties importantes de ce patrimoine collectif continuaient de s'émietter. Du quartier du Colisée, au nord, jusqu'au Mamelon et à El Qobia, au sud, le patrimoine immobilier vit presque les mêmes séquelles du temps et de l'absence de toute politique d'entretien. Même les bâtisses de l'avenue Didouche Mourad (les Arcades) qui représentent le cœur battant de la ville n'ont pas échappé à cet état des lieux. Entre-temps, la population qui double de décennie en décennie continue de vivre dans les mêmes limites d'un espace aussi dangereux que contraignant. Aux quartier du Colisée, Houmet Ettalyène, Sebaâ Biar, Zkake Arabe, Sidi Ali Dib, le Marché, Faubourg, Zarabata, Mamelon et d'autres vieux quartiers de Skikda, l'état du bâti vit les mêmes décrépitudes, idem pour le taux d'occupation du logement qui avoisine les 8 personnes par habitation. Une situation héritée de considérations sociales, lesquelles ont été durement amplifiées par l'absence d'une politique d'attribution de logements sociaux à cette population depuis plus d'une décennie déjà. Faut-il rappeler que la dernière attribution de logements sociaux au profit des habitants du centre historique de Skikda remonte à l'année 2003 ? Dans cette situation de promiscuité, des centaines d'habitants sont nés dans ces lieux. Ils y ont grandi, s'y sont mariés et s'apprêtent, pour certains, à marier leurs descendants, le tout dans un F2, ou un F3. En plus de ces contraintes qui minent le quotidien d'un grand nombre d'habitants des quartiers de la vieille ville, reste aussi à évoquer l'état des bâtisses qu'ils occupent. Sur les 460 immeubles (plus de 2800 appartements) constituant le centre-ville, seuls 54 immeubles sont jugés en bon état. Les immeubles dont l'état est jugé plus ou moins dégradé dépassent les 50% du parc immobilier. Des immeubles fortement dégradés À ce sujet, la situation des immeubles des Arcades et ceux du Quartier Napolitain représentent un véritable échantillon de la décrépitude générale. Selon un document du CTC Est, intitulé «Plan de classement du niveau de dégradation des constructions» relatif aux ilots des Arcades s'étendant de la place du 1er Novembre jusqu'à Bab Qcentina, on décompte 22 bâtisses «légèrement dégradées», 36 immeubles classés «fortement dégradés» et 6 immeubles menaçant ruine, sans parler de ceux classés moyennement dégradés. Par contre, le nombre de bâtisses jugées en bon état, le long des Arcades, n'est que de 9 immeubles. Ce constat suffit pour témoigner de l'état du centre historique de la ville et n'a besoin d'aucun commentaire. Au Quartier Napolitain, l'état n'est guère rassurant. Dans ce quartier, le plus vieux de la ville et qui constituait, jusqu'aux années 1990, une véritable curiosité urbaine, le délabrement est presque identique à celui des Arcades. Selon une étude établie, la majorité des 153 immeubles du quartier enregistrent plusieurs délabrements. Seuls 32 immeubles sont jugés en bon état. Les 760 familles qui habitent ces lieux, c'est-à-dire plus de 4 000 habitants, en plus de la décrépitude ambiante dans laquelle ils survivent, depuis déjà des décennies, vivent dans des conditions pour le moins indignes. Ils s'adaptent comme ils peuvent à leurs propres logements construits au début des années 1840 pour abriter les premiers migrants italiens lors de la colonisation. Une partie de ces habitants partage, à ce jour, des toilettes collectives. Les trois quarts d'entre eux ne disposent même pas de salle de bain et 80 % de ces logements ne disposent pas de cuisine. Quant au taux d'occupation de logement, il est de 7,35 personnes, ce qui équivaut dans la majorité des cas à la présence de plusieurs familles dans le même appartement. Cet état peut facilement être projeté sur les autres vieux quartiers de la ville. À Zkake Arabe, les choses seraient plus graves encore, mais l'absence de toute étude relative à ces lieux ne permet pas d'apporter plus de détails. Il suffit cependant d'arpenter ce quartier et de forcer ses pas à visiter n'importe quel immeuble pour constater la dégradation dès le vestibule. Même situation pour le Faubourg, Zarabata, Sebâ-Biar, d'autres quartiers d'une ville qui s'émiette.