Depuis l'application du nouveau code de la route, les automobilistes se plaignent des punitions infligées. Pour de drôles d'accusations : vitres teintées. Port la djellaba. Téléphone en stationnement. « J'ai garé ma voiture place des Martyrs pour répondre au téléphone. Ca m'a coûté 2000 DA ! » Abdelkader, la trentaine, est furieux. D'autant que la police lui a aussi retiré son permis malgré ses protestations. Motif mentionné sur le procès-verbal : stationnement abusif. Il n'existe pourtant pas de panneau interdisant le stationnement ni même l'arrêt. Mais comme lui a répondu l'agent, « c'est connu internationalement : il est interdit de se garer sur la place des Martyrs ». « Le montant de l'amende est excessif ! Je suis fonctionnaire et cela représente une semaine du budget pour la famille ! », précise-t-il. Depuis l'entrée en vigueur, mi-février, dernier, des nouvelles dispositions du code de la route, de nombreux conducteurs s'interrogent sur les nouvelles sanctions et surtout sur… la façon de les appliquer. « Je me suis fait verbaliser parce que la vitre arrière de ma voiture est teintée, raconte Naïm. Je veux bien comprendre que les films opaques que l'on colle sur les vitres soient interdits, mais la mienne est teintée d'origine ! Alors qu'est-ce que je dois faire ? La casser ? » L'agent n'a pas su lui répondre. Mais a maintenu l'amende. Un peu sale Mourad, lui, s'est vu retirer son permis de conduire pour avoir franchi une ligne continue à la sortie d'une bretelle au niveau du pont de Bab Ezzouar où un point de contrôle de police est installé. « A cause du barrage de police, un immense embouteillage se forme quotidiennement. Mais la bretelle de sortie reste libre. Pour m'y engager alors que la voie est dégagée, je ne vais quand même pas attendre bêtement derrière un bouchon… Non vraiment, c'est de la hogra ! » Là encore, l'agent de police ne voulait rien entendre. Nasser, chauffeur dans une entreprise, a aussi appris à ses dépens que la police ne plaisante pas avec le nouveau code de la route. « J'ai dû prendre trois mois de congé en entamant mon quota des deux prochaines années, raconte-t-il. Tout ça parce que j'ai dépassé une ligne continue en freinant pour éviter une collision avec la voiture d'en face. J'ai essayé d'expliquer cela au policier. Mais il n'a rien voulu savoir ! Je dois maintenant payer 4000 DA dans les dix jours ! » Un peu salé. Plus étonnant : ammi Saïd, chauffeur de taxi entre Mostaganem et Oran, a aussi écopé de 2000 DA d'amende sous prétexte qu'il portait… une djellaba. « Depuis quand est-ce interdit par la loi ?, s'interroge-t-il. Si c'est le cas, on devrait mieux nous informer ! » Le permis de conduire est devenu « un carton rouge pour dégager de la circulation », ironisent des conducteurs.