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Matoub est le seul auteur-compositeur qui bénéficie d'un intérêt particulier chez les étudiants Dr Saïd Chemakh. Enseignant au département de langue et culture amazighes de Tizi Ouzou
– Vous êtes président du colloque sur l'œuvre de Matoub Lounès organisé à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Pouvez-vous nous parler de l'objectif de cette rencontre ? Nous voulons, à travers l'organisation de cette rencontre scientifique, profiter de l'occasion pour attribuer, à titre posthume, le Prix de la mémoire à Matoub Lounès comme nous l'avons fait à un autre artiste de la région, Lounis Aït Menguellet, qui a été déjà honoré par notre université en lui décernant le Doctorat honoris causa. Il s'agit d'une décision prise par le conseil scientifique de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou pour décerner ce titre honorifique à Aït Menguellet et le Prix de la mémoire à Matoub Lounès. L'autre objectif recherché à travers ce rendez-vous scientifique consiste également à réunir l'ensemble des chercheurs qui travaillent dans le domaine de la littérature amazighe ayant trait à la poésie de Matoub. Je tiens à vous préciser, en outre, que nous avons deux doctorantes qui préparent leurs thèses sur le Rebelle. Il s'agit de Lynda Ouatah de l'université de Béjaïa et Rachida Fettas de l'université de Tizi Ouzou. – Comment peut-on expliquer cet intérêt que manifestent des étudiants pour la réalisation de leurs travaux de recherche sur le Rebelle ? Je peux vous dire que Matoub est le seul auteur-compositeur qui bénéficie d'un intérêt particulier chez les étudiants. Des auteurs aussi ont travaillé sur sa vie et son œuvre. Il y a, d'ailleurs, 15 livres publiés en français et en tamazight sur le Rebelle. J'encourage toujours mes étudiants à travailler sur Matoub, qui est l'un des rares chanteurs qui a cassé les tabous dans la société algérienne. Il a abordé des thèmes qui étaient frappés d'interdiction. – Comment voyez-vous l'apport de la poésie de Matoub pour la promotion de la langue amazighe ? Matoub est le seul artiste qui a parlé dans ses albums plus de 15 fois du problème de la langue amazighe. Il s'est également opposé à l'arabe comme langue du système dominant. Avec ironie, il a aussi dénoncé l'utilisation de l'arabe comme langue de domination culturelle. – Y a-t-il d'autres rencontres sur le Rebelle en perspective ? Suite à la réussite des travaux et après la publication des actes de ce colloque, nous allons organiser d'autres rencontres scientifiques sur Matoub, voire un colloque international sur son œuvre et sur la littérature kabyle moderne. – Des bourses pour des travaux de recherche sur Matoub Les étudiants et enseignants universitaires qui réaliseront des travaux de recherche sur le Rebelle pourront bénéficier de bourses octroyées par la fondation Matoub Lounès. C'est ce qu'a déclaré Malika Matoub, à la veille du colloque, lors d'une conférence de presse animée à la maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. «La sélection des bénéficiaires de cette bourse sera assurée par un comité scientifique composé d'enseignants universitaires», a-t-elle annoncé. Lors de la même rencontre, elle est également revenue sur le bilan des 20 ans d'existence de la fondation Matoub Lounès qui a été créée, a-t-elle insisté, pour préserver, entre autres, le patrimoine matériel et immatériel du défunt. «Nous allons réaliser le musée privé, propriété de la fondation Matoub Lounès. Il sera implanté au niveau de l'école primaire mitoyenne à la maison. Nous avons fait toutes les démarches nécessaires pour obtenir, auprès de la présidence de la République, une autorisation de création de ce musée. Nous avons également sollicité le ministère de la Culture pour nous accompagner sur le plan technique, car la construction d'un musée obéit à des normes techniques. Tout ce qui est patrimoine matériel et immatériel de Lounès appartient à la mémoire collective», a-t-elle déclaré. H. A.