Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural va racheter le surplus de production de pomme de terre pour éviter aux agriculteurs de vendre à perte, a annoncé ce ministère dans un communiqué rendu public jeudi. Le département de Rachid Benaïssa a instruit la Société de gestion de participation productions animales (SGP Proda), pour racheter l'excédent de production auprès des producteurs pour le stocker dans des entrepôts frigorifiques. Le communiqué du ministère précise que pour « les agriculteurs n'ayant pas les moyens de stocker leur production dans des entrepôts frigorifiques, la SGP Proda se chargera de payer les frais de stockage ». Les producteurs seraient contraints de vendre à perte leur récolte. Les prix auraient dégringolé pour atteindre le seuil de 10 DA le kilogramme dans les marchés de gros. Cette baisse, qui fait le bonheur des ménages, se fait par contre au détriment du premier maillon de la chaîne, à savoir les agriculteurs qui voient leurs revenus se réduire comme peau de chagrin. L'important repli des prix « s'explique par la production obtenue en arrière-saison et évaluée à environ 1 million de tonnes, contre 700 000 t à la même période de l'année écoulée », note le ministère. Une amélioration de la productivité, qui est passée de 20 à 26 t à l'hectare, a également été constatée. Cette période dite de soudure est habituellement marquée par une baisse de production. Or, l'augmentation de la superficie consacrée à la culture de la pomme de terre dans les wilayas à fort potentiel s'est traduite par l'effet contraire. La production de primeurs dont la récolte est toujours en cours est meilleure que les années précédentes. Elle est estimée, à fin mars 2010, à 79 000 t, contre 37 000 t, à la même période de l'année dernière. Le ministère table sur une production de plus de 90 000 t. Ainsi, les services agricoles se retrouvent à gérer l'abondance avec quelques difficultés après avoir été confrontés à une situation de pénurie. L'année dernière, le prix de la pomme de terre avait atteint 70 à 100 DA/kg, voire 120 DA/kg dans certaines régions du pays. Le ministère avait actionné le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) pour concilier les intérêts des agriculteurs, des commerçants et des consommateurs. Environ 120 000 t de ce produit agricole avaient été stockées. Le problème qui risque de se poser avec acuité est lié aux infrastructures de stockage insuffisantes. L'amélioration de la production n'a pas été accompagnée par la mise en place d'une organisation logistique. Les capacités de stockage, dont disposeraient les services agricoles, sont de deux millions mètres cubes, soit l'équivalent de 700 000 t. Le ministère devait récupérer les moyens de froid qui étaient détenus par l'ex-Onafla et l'ex-Onapsa, qui sont évalués à près de 300 000 m3. La prise en charge de cet aspect devient impérative. D'autant plus que le ministère vise pour les prochaines années une production de 40 millions de quintaux.