D'importantes quantités de pomme de terre risquent de pourrir en raison du manque criant, voire de l'absence d'aires de stockage et de conditionnement. Présents, hier, à la réunion du comité interprofessionnel de la filière de la pomme de terre organisée au ministère de l'Agriculture, de nombreux professionnels n'ont pas manqué de tirer la sonnette d'alarme sur le sort funeste qu'encourt leur production. Ils sont unanimes à critiquer le nouveau système de régulation et de commercialisation de la pomme de terre. Celui-ci est censé éradiquer la spéculation et développer la filière. « Nous n'avons pas où stocker notre production évalué à 8000 tonnes. Elle présente déjà des signes de rabougrissement », se plaint un agriculteur de la wilaya de Sidi Bel Abbès au ministre de l'Agriculteure et du Développement rural. Il n'est pas seul dans son cas. Un autre agriculteur de la wilaya de Maghnia, dont la production s'élève à 2000 quintaux, a soulevé le même problème. Pourtant, cette wilaya dispose d'une chambre froide d'une capacité de stockage de 6000 tonnes. Mais il semble qu'elle a été dévoyée de sa vocation initiale. D'autres professionnels se sont relayés afin d'interpeller le ministre sur l'urgence de trouver une solution à leurs doléances. Ils ont relevé que l'insuffisance des moyens de stockage, exacerbée par la vétusté d'une bonne partie des infrastructures existantes, constitue depuis longtemps le talon d'Achille de la filière pomme de terre. En 2008, malgré l'abondance de la production, les prix avaient atteint de pics déraisonnables. D'ailleurs, un agriculteur a prévenu le ministre sur les conséquences de l'absence d'espaces de stockage dans certaines régions. « Le prix de la pomme de terre risque de connaître une hausse importante durant le mois de Ramadhan », a-t-il dit. Pris de court par l'ampleur de réclamations des agriculteurs, Rachid Benaïssa, qui n'a pas cessé de dire, à l'entame de la réunion, que la filière pomme de terre se portait bien, a instruit illico presto ses services aux niveaux central et local afin de remédier à cette situation, qualifiée de « contraignante » par les agriculteurs. Et pour défendre sa politique, il a rappelé que la problématique du stockage a été prise en considération par la Société de gestion des participations des productions animales (SGP Proda). Il a fait savoir qu'elle procédera à la mise en place de nouvelles aires de stockage et réhabilitera d'autres dépôts sous froid. Même des propriétaires de chambres froides privées ont été mis à contribution, a-t-il précisé. En revanche, le ministre reconnaît que les efforts accomplis « demeurent insuffisants ». D'autres agriculteurs, issus des wilayas de Bouira et de Mascara, ont sollicité le ministre pour une éventuelle augmentation du prix de référence la pomme de terre. « Les agriculteurs ont consenti des investissements importants dans la lutte contre le mildiou. Avec l'actuel prix de référence, nous vendons notre production à perte. C'est pourquoi nous demandons une augmentation de 2 à 3 DA », réclame un professionnel, également représentant des agriculteurs de la région de Bouira. Interpellé, M. Benaïssa a refusé de répondre à leur sollicitation, les invitant à adresser leurs propositions au comité interprofessionnel de la filière pomme de terre.