Naâya, barakat ! La peur doit changer de camp. C'est le quatrième enlèvement dans notre village depuis septembre dernier et le dixième dans la daïra de Boghni depuis 2009. » L'homme qui parle fait partie des centaines de citoyens partis, vendredi, dans les maquis de la région à la recherche d'un ex-entrepreneur enlevé, chez lui, par un groupe terroriste, le 22 mars dernier. Nous avons rencontré ce citoyen à la sortie d'une réunion qui a regroupé, hier, les représentants des comités des villages d'Ath Koufi, Boghni, Bounouh, Assi Youcef, Mechtras et Ath Mendès. A l'ordre du jour, un seul point : la reconduite des actions de recherche pour la libération de l'otage qui était hier à son 13e jour de captivité. « Nous ne reculerons pas. Nous avons décidé de lancer un nouvel ultimatum de 24 heures aux ravisseurs pour la libération sans condition de ammi Ali sous peine de les pourchasser là où ils se trouvent », explique notre interlocuteur. Il faut dire que la mobilisation n'a pas baissé d'un iota depuis le rapt de Hassani Ali, 80 ans. Des appels à prendre part aux rassemblements en signe de soutien à sa famille sont affichés dans les rues et les cafés. Les citoyens veulent désormais affirmer par les actes leur engagement à résister et à faire reculer la peur. « On ne peut pas rester les bras croisés quand même. Les services de sécurité ne sont pas assez présents. Ils ne font pas grand-chose à part verbaliser les automobilistes pour la ceinture de sécurité. Normalement, la sécurité des citoyens et des biens incombe aux pouvoirs publics. Ce n'est pas le cas malheureusement ici, à Boghni. Ce n'est pas à nous d'aller traquer les terroristes dans la montagne à mains nues. C'est le travail des différents corps des services de sécurité. Où étaient-ils lors de la sortie de vendredi dernier dans les maquis ? », s'est indignée une personne d'un certain âge abordée non loin du siège de la mairie. Cinq casemates découvertes Son constat est corroboré par les avis d'autres citoyens qui estiment qu'il faut plus d'engagement des autorités pour protéger les habitants de la région. En attendant donc, le sursaut des villageois sert déjà à souder les rangs devant l'hydre terroriste et ses nombreuses ramifications dans le milieu du banditisme. Le phénomène, en effet, ne cesse de prendre de l'ampleur depuis quelques années, laissant souvent les familles des victimes de kidnapping pratiquement seules et désarmées devant les exigences et la cruauté des ravisseurs. Ainsi, près d'un millier de villageois des quatre communes de la daïra de Boghni (30 km au sud de Tizi Ouzou) ont marché vendredi vers les lieudits Tinzer et Assif Ichamlalen, non loin de Tala Guilef. Objectif de cette action : lancer un ultimatum « de vive voix » aux terroristes pour la libération de l'otage. Un citoyen mobilisé raconte : « Ils étaient venus de partout pour exiger la libération de ammi Ali. Nous avons lancé des appels à l'aide de mégaphones. Nous avons découvert cinq casemates à Oued Ichamlalen. A l'intérieur, il y avait un peu de tout, des ustensiles de cuisine, des fils électriques, des denrées alimentaires, dont un grand stock de boîtes de thon, de quoi remplir la benne d'un camion. » Selon une source sûre, le rapt de Hassani Ali a été perpétré par huit terroristes armés de kalachnikovs et habillés en civil.