On ne le dira jamais assez : le monoxyde de carbone, qualifié de «tueur silencieux», est la principale cause des intoxications accidentelles en milieu domestique. Chaque hiver – et cette année encore – des familles entières meurent dans leur domicile, intoxiquées par les gaz brûlés. Pourtant, pour y échapper, le mode d'emploi est simple. Explications. Depuis le 1er janvier, 57 personnes sont décédées et 596 autres, plus chanceuses, ont été secourues à temps. Ce sont les chiffres qu'avance un bilan de la Protection civile rendu public hier. La cause ? Rien de monstrueux, c'est le monoxyde de carbone qui continue à faire des ravages parmi nous. «Cinquante-sept personnes sont décédées et 596 autres ont été secourues durant le mois de janvier suite a l'inhalation du monoxyde de carbone émanant des dispositifs et appareils de chauffage et chauffe-bain», indique le bilan de la Protection civile. Sur les interventions enregistrées durant ce premier mois de l'année, les enquêtes révèlent, dans la majorité des cas, des failles dans le comportement de prévention et de sécurité des citoyens. A savoir l'absence de ventilation, le mauvais montage, les appareils vétustes et l'utilisation de certains appareils qui ne sont pas destinés au chauffage. 1- Des systèmes de ventilation et d'aération obstrués Principale erreur et origine de la plupart des interventions opérées par la Protection civile : la mauvaise aération et ventilation des domiciles. En effet, selon les explications du capitaine Nassim Bernaoui, chargé de communication au sein de la Protection civile, le monoxyde de carbone s'accumule en cas de diminution du taux d'oxygène dans l'air, ce qui fait du mauvais système de ventilation et d'aération des domiciles la cause principale des asphyxies. Quand la ventilation et l'aération sont faites de manière permanente et répondent aux normes, il n'y a pas de risque d'asphyxie. «Ce système, que l'on retrouve dans les habitations répondant aux normes, consiste en l'existence de grilles d'aération en bas des portes, ainsi que des ouvertures en haut des pièces pour évacuer l'air chaud et les gaz brûlés», souligne-t-il. Plus grave encore, les gens font la grande erreur de ne pas aérer les pièces où est installé un chauffage ou autre appareil fonctionnant au gaz. «On a rencontré beaucoup de cas où les gens ont obstrué les bas de porte avec des serpillières ou des serviettes pour mieux chauffer les pièces», ajoute le capitaine Bernaoui. 2- L'installation d'appareils de chauffage faite par des bricoleurs Il faut installer les appareils à gaz dans des endroits aérés de la maison, garantir une évacuation étanche et libre des gaz brûlés, opter pour des tuyaux en cuivre au lieu de ceux en caoutchouc…. Ce sont des règles et techniques à suivre que seul un professionnel chauffagiste peut maîtriser. D'ailleurs, c'est une autre erreur que relèvent souvent les services de la Protection civile chez les victimes d'asphyxie. «Certains citoyens font intervenir des bricoleurs pour l'installation. C'est une autre erreur qu'on rencontre souvent. Par exemple, les non-connaisseurs utilisent souvent des tuyaux en caoutchouc pour raccorder les appareils, alors que ce sont ceux en cuivre qu'il faut choisir ; d'autres installent des sorties non conformes… ce sont des facteurs qui augmentent le risque d'inhalation du monoxyde de carbone», explique le capitaine Bernaoui. 3- On utilise de vieux appareils, mais pas que ! Autre élément essentiel rencontré par les éléments de la Protection civile : l'utilisation de vieux appareils qui ont servi pendant dix, quinze et jusqu'à vingt ans. «On peut les appeler n'importe comment sauf appareil de chauffage !» lance Nassim Bernaoui. Et d'ajouter : «On est aussi beaucoup intervenus chez des gens qui utilisent des appareils de cuisson comme chauffage des "tabounas" ou même des appareils d'éclairage.» 4- La sensibilisation semble ne pas faire d'effet Plusieurs campagnes de sensibilisation avec les différents acteurs et partenaires, au profit des citoyens, ont été lancées depuis novembre dernier par la Protection civile afin d'instaurer une culture préventive et réduire le nombres de victimes par inhalation de gaz brûlés. Mais, en voyant le nombre de victimes d'intoxication au monoxyde de carbone, on se dit que rien n'a été fait. Cette situation est «paradoxale», selon le capitaine Bernaoui. «C'est le paradoxe ! Lors des campagnes de sensibilisation, après discussion avec les citoyens, on les sent convaincus, on sent une certaine prise de conscience. La plupart connaissent le monoxyde de carbone, ses dangers et comment les éviter, mais quand on voit les accidents se multiplier ou qu'aucune prévention n'a été faite chez eux, on ne sait pas quoi penser… On ne sait même pas où classer l'erreur ! C'est un oubli ? Une exclusion ? Une faute de moyens pour s'offrir un chauffage adéquat ? c'est le paradoxe total», déplore-t-il. «Ce qu'on peut dire c'est que le froid ne tue pas. Donc, se chauffer avec une cuisinière ou une tabouna, ça passe, mais fermer toutes les évacuations possibles… c'est à mon avis une inattention et une inconscience», soulève M. Bernaoui. – La Protection civile appelle à plus de vigilance 1. Ne bouchez pas les prises d'air dans les pièces. Quel que soit le système de chauffage que vous avez dans votre domicile, veillez à préserver le système d'aération 2. Penser toujours à ventiler votre logement lors de l'utilisation des appareils de chauffage ; aérez au moins 10 minutes par jour et n'obstruez jamais les bouches d'aération de votre logement 3. Ventilez la pièce pendant l'utilisation de l'appareil 4. Faites entretenir et régler régulièrement vos appareils par un professionnel. 5. Ne laissez pas un moteur de voiture tourner dans un garage fermé. 6. Ne vous servez pas de tels appareils dans des pièces dépourvues d'aération. 7. Appelez le numéro d'urgence de la Protection civile, le 14, en précisant l'adresse exacte et la nature de l'accident pour une prise en charge rapide et efficace. 8. N'utilisez pas de moyens de chauffage traditionnels tels que tabouna ou des appareils de cuisson. 9. Utiliser des détecteurs de gaz et de monoxyde de carbone