La zone d'étude devant permettre l'élaboration de la carte de microzonage d'Alger concernera, selon les experts japonais réunis avec leurs homologues algériens jeudi dernier au siège du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, 35 communes sur un périmètre de 225 km2 (sur les 800 km2 que compte la wilaya d'Alger). L'aire en question s'étalera de Aïn Bénian à la commune de Aïn Taya et englobera une population de quelque 2 000 000 d'habitants. Premier séminaire du type, la rencontre de jeudi a surtout permis aux experts algériens, « associés » à un projet voulu véritable transfert technologique algéro-japonais, d'émettre des réserves quant à la nature même des échanges. En effet, toute la question est de savoir si, limitée à un simple rôle de provider de données, l'Algérie sera, via ses chercheurs, à même, plus tard, d'élaborer le même type d'étude pour Constantine et Oran ? Néanmoins, le scepticisme ambiant n'a pas empêché les responsables, notamment les chercheurs des organismes de contrôle, du Craag et du secteur du bâtiment, pour ne citer que ces derniers, de poser des questions liées, entre autres, aux critères de sélection de la zone d'intervention précitée, sachant qu'Alger n'a jamais été qu'affectée par des séismes survenus dans des zones situées hors de l'aire d'étude (épicentres : Chlef, Zemmouri, Aïn Bénian). A cette question, les experts japonais ont avoué l'inexistence de critères de sélection de la superficie des 225 km2. Ceux-ci étant plutôt relatifs à la densité urbaine au niveau de l'étendue. Alger est donc retenue pour son statut de capitale, comme cela a été précédemment le cas pour Téhéran et Istanbul. Les techniciens algériens s'interrogent, par ailleurs, sur le type d'investigation marine (en mer) ou continentale prévu par les experts de la Japanese International Cooperation Agency (JICA). Les autres questions ont trait à la méthodologie d'approche de l'étude de microzonage : Probabiliste (fixer préalablement un seuil de non-dépassement en termes de scénario de catastrophes) ou déterministe qui consiste au contraire à ne pas déterminer de seuil mais à prendre le scénario catastrophe extrême. Plus indiquée pour le cas d'Alger, l'approche déterministe est, selon les chercheurs algériens, celle qui devrait être retenue. Hélas ! à cette question, les experts japonais ne répondront pas non plus. Si le but de l'étude de microzonage, à laquelle sont officiellement associés le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme et, en aval, le Centre de génie parasismique, les différents organismes de contrôle technique (CTC Centre Est et Ouest), le centre de géophysique (Craag), le secteur de l'hydraulique, la Protection civile, la gendarmerie nationale, etc., est connu et a été détaillé lors de la rencontre et si cette dernière en tant que modèle à prendre en compte permet de déterminer a priori les dégâts matériels et les pertes humaines en cas d'occurrence d'un séisme, tous les détails afférents au déroulement des échanges et à leur nature sont littéralement occultés, regrettent les chercheurs. Exclusivement technique, le séminaire de jeudi n'a de fait pas manqué d'exacerber la crainte des scientifiques algériens de se voir une fois de trop marginalisés, d'autant que la carte de microzonage sismique d'Alger est un projet de la plus haute importance.