Les filiales de Sonatrach ne sont pas épargnées par les enquêteurs. L'Entreprise nationale des travaux aux puits, à travers l'Entreprise nationale de forage (Enafor) serait au milieu d'un gros scandale : une affaire de 150 millions de dollars concernant l'achat de matériels défectueux. La gendarmerie enquête actuellement au siège central de l'ENTP à Ouargla. L'affaire remonte à 2007, lorsque l'ENTP réussit à décrocher un contrat de 80 millions de dollars au sultanat d'Oman, en partenariat avec l'entreprise nationale des hydrocarbures omanaise PDO. Des fonds ont été levés pour financer l'opération d'achat de dix stations de forage auprès de l'entreprise américaine National Oilwell Varco LP et expédiées quelques mois plus tard de Houston vers Mascate. Les dix stations en question « ont été faites passées pour neuves alors qu'il s'agissait d'équipements chinois. Le matériau utilisé était de l'alliage et non de l'acier pur, conformément aux normes internationales ». L'entreprise américaine a donc, selon une source proche de l'entreprise, « délivré du matériel défectueux » à l'ENTP à Oman. Le contrat liant l'ENTP et la PDO a été récemment résilié car « la société PDO a émis des réserves sur les deux stations en raison des risques liés à leur utilisation sur les champs pétroliers (risques d'explosion ou d'incendie lors du forage) ». Dans un premier temps, « les deux parties ont convenu de revoir à la baisse le montant de location des deux stations de 18 000 à 11 000 dollars par jour. Mais étant donné l'état défectueux des installations, les opérations de forage n'ont jamais été lancées », révèle notre source. Suite à cela, le matériel a été rapatrié au port de Mostaganem, assure notre source. « Huit d'entre elles sont actuellement en phase de montage au niveau de la base principale de l'ENTP, à Ouargla, et présentent des anomalies multiples. Il s'agit, en réalité, de stations rénovées, déjà utilisées sur des champs pétroliers aux Etats-Unis. » Selon des rapports d'expertise interne à l'ENTP, dont El Watan Week-end détient une copie, les experts de cette entreprise ont décelé, après des tests, des anomalies jugées graves dans ce matériel, comme l'éclatement du manomètre de purge. Résultat : « Ils ne peuvent être utilisées en raison des dangers qu'ils présentent. » « C'est pour cette raison que de nombreuses stations vieilles de 30 ans ont été remises en service dans plusieurs sites pétroliers alors qu'elles devaient être définitivement réformées », confie un cadre de l'entreprise sous couvert de l'anonymat. Des dizaines de cadres et d'ouvriers non qualifiés de l'Enafor ont quitté Oman et regagné ces derniers jours l'Algérie, via le port de Mostaganem, après résiliation du contrat ; ils ont été remplacés par des employés de la société omanaise PDO, ce qui constitue un gâchis financier pour l'ENTP (frais de déplacement, contrats d'embauche…).