L'association culturelle Patrimoine, distributeur et promoteur de films d'animation, participera demain au African Movie Academy Awards au Nigeria. Fadel Tewfik, son président, revient également sur le prochain rendez-vous du Festival international du film d'animation d'Alger prévu pour décembre. La participation de l'Algérie au AMAA 2010 est-elle significative ? Quelles seraient les retombées ? Cette nomination au African Movie Academy Awards est pour nous une consécration et une reconnaissance de la création algérienne. D'autant plus que le domaine est un peu le parent pauvre du 7e Art, mais qui a grandi de jour en jour en Algérie. Depuis 2004, l'association Patrimoine tente de vulgariser et de valoriser le cinéma d'animation à travers les journées internationales du film d'animation. Nous avons constitué une base de données de réalisateurs algériens de films d'animation de qualité internationale. Les retombées, concernant les AMAA, sont multiples, la plus importante est une meilleure visibilité par rapport aux institutions culturelles algériennes qui sont sollicitées pour accompagner et aider cet art. L'Algérie a participé avec deux films, à votre avis pourquoi le jury a-t-il arrêté son choix sur ces deux films ? Effectivement, nous avons été nominés avec deux films dans la catégorie films d'animation ; Lyrics et Five steps of love. Pour le premier, c'est un film utilisant la technique de dessin animé et le deuxième c'est la technique du graphisme simple et fluide. Je pense que les films algériens ont cette faculté de transcender les valeurs et l'identité arabo-africaine et en même temps s'inscrivent dans les concepts universels de réalisation de films d'animation. Quelles sont les tendances en matière de films d'animation en Algérie, plus pâte à modeler ou 3D ? Chaque génération de réalisateurs porte en elle le modèle de ses aînés et des tendances mondiales. En Algérie, nous avons constaté, après six éditions des journées internationales du film d'animation que les réalisateurs algériens ont tout de suite compris, que l'image doit faire la transcription fidèlement de notre culture. Toutes les techniques connues mondialement sont utilisées. L'association a toujours affiché son intérêt pour les réalisateurs de films d'animation. Expliquez-nous cette démarche... Notre démarche se veut d'abord pédagogique, c'est pour cette raison que les journées du film d'animation sont toujours accompagnées d'ateliers de réalisation et d'initiation, ouverts aux étudiants des Beaux-Arts, de l'ISMAS et des passionnés de cet art. Parlez-nous de la double casquette qui fait la spécificité de l'association, puisque vous êtes distributeur et organisateur du festival de films d'animation... Je dirais triple casquette puisque comme son nom l'indique « Patrimoine », l'association active aussi pour la valorisation et la sauvegarde du patrimoine algérien dans toutes ses expressions. Au début, nous étions guidés par la passion du cinéma d'animation, donc on voulait la partager et la faire apprécier par d'autres, à travers nos multiples participations aux festivals internationaux, l'envie de distribuer ce genre de film en Algérie semblait utile. Le cinéma d'animation est un véritable vecteur culturel et un outil de communication entre les peuples. Que prévoyez-vous pour la prochaine édition du film d'animation d'Alger ? Et quand se tiendra-t-elle ? La 7e édition pourrait tourner autour du thème « Anthologie du cinéma d'animation » du premier Mickey dessiné au crayon au cinéma relief. Le budget pour louer les machines de projection de films en relief est faramineux, nous sommes en négociation avec des institutions étatique et privée pour faire accepter le projet. Dans un autre cas, nous prévoyons de mettre en place un atelier maghrébin de réalisation de films d'animation. Vu que nous sommes un peu loin de la tenue du festival, qui est prévu pour décembre prochain, nous avons aussi le projet de porter la 7e édition sous le thème « Rétrospective du cinéma d'animation mondiale » avec des projections ponctuelles, des ateliers et des conférences. L'expérience marocaine en matière de film d'animation, pourra-t-elle servir la nôtre ? Ce que nous avons retenu de nos deux participations au Festival international du film d'animation de Meknès, c'est que le Maroc n'a pas un véritable cinéma d'animation. Bien que nous ayons rencontré de très bons réalisateurs, il me semble que le métier n'est pas bien pris en charge, contrairement à la Tunisie qui est très féconde en matière de productions, avec une grande école de formation. L'ambition de Patrimoine est de réunir tous les créateurs maghrébins pour constituer d'abord une force à travers des réalisations de films en partenariat, afin d'affronter les grands festivals mondiaux.