A Oran, la mobilisation pour rejeter l'éventuelle candidature du président Bouteflika est bien loin de s'essouffler. Hier, ce sont des dizaines de milliers d'Oranais qui sont sortis dans les rues pour dire «Stop !» au président Abdelaziz Bouteflika, et à toute sa smala de courtisans politiques, qui veulent à tout prix tenir les rênes du pouvoir pour cinq années encore. La manifestation à Oran a drainé un monde incroyable en ce 1er mars 2019 : femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, des Oranais de toutes les catégories sociales sont sortis dans les rues, dans une liesse populaire indescriptible, pour dire d'une seule voix leur ras-le-bol de voir ce régime, qui n'hésite pas à insulter leur intelligence. Si le président Bouteflika a été copieusement mis à l'index, il faut dire qu'il n'était pas le seul : Ahmed Ouyahia en a également pris pour grade. Les manifestants, surtout dans le rang des plus jeunes, n'ont pas hésité à le tourner en ridicule. De l'avis, la manifestation de ce vendredi a été bien plus importante et imposante à Oran que celle du 22 février dernier. Autre chose à relever : le fameux slogan, qui renvoie aux origines marocaines du président Bouteflika, n'ont pas été scandés, ou alors si peu. Les manifestants lui ont préféré : «Makach el khamssa ya Bouteflika» (pas de cinquième mandat Bouteflika), ou encore : «Hada chaâb la yourid, Bouteflika w Saïd» (ce peuple ne veut ni de Bouteflika ni de son frère Saïd). La manifestation s'est ébranlée à la place du 1er Novembre, puis a pris la direction de la place des Victoires en passant par la rue Larbi Ben M'hidi. Par la suite, les manifestants, qui ne cessaient d'affluer à mesure que la procession avançait, se sont dirigés vers le siège de l'ENTV après avoir fait une halte à la wilaya d'Oran. Malgré le soleil tapant, les milliers de manifestants, qui arrivaient de partout, n'ont pas été découragés pour autant, ils se sont ainsi redirigés vers le centre-ville, en empruntant le front de mer. Il est difficile d'avoir un chiffre exact sur le nombre de manifestants, mais comme indicateur, nous pouvons dire que les trois kilomètre du front de mer étaient en grande partie remplis de monde. Des fenêtres des immeubles alentours, on lançait aux manifestants des bouteilles d'eau en guise de solidarité. Le cortège des manifestants a mis le cap de nouveau sur la place du 1er Novembre, qui n'a pas tardé à être noire de monde. Les manifestants scandaient en chœur : «Tous les jours des manifestations, jusqu'à ce que vous partiez !», l'air de signifier qu'ils n'ont pas encore dit leur dernier mot, et qu'ils sont bien loin de s'être essoufflés. A l'heure où cet article est mis sous presse, il est à préciser que nombre de manifestants sont toujours à la place du 1er Novembre.