Des milliers de jeunes et moins jeunes ont sillonné, hier vendredi, les principales artères des grandes villes, mais également des villages du pays pour s'opposer au cinquième mandat que brigue le président Bouteflika. Des manifestations imposantes ont été enregistrées, particulièrement dans les grandes villes, en réponse à un appel anonyme à manifester, posté sur les réseaux sociaux durant toute la semaine. A Alger, Tizi Ouzou, Annaba, Sétif, Béjaïa, Sidi Bel Abbès et Oran les marches étaient imposantes, drainant des milliers de personnes. Alger, la capitale du pays, a été, hier vendredi, le centre des marches de protestation contre le 5ème mandat. Jamais la capitale n'a enregistré un tel déferlement de foules, de manifestants depuis la décennie 1990. Tous les quartiers du centre-vile avaient été envahis dés la fin de la prière du vendredi par des milliers de personnes. Incroyable, mais des milliers de manifestants ont marché hier à Alger, sur deux objectifs : la présidence de la République à El Mouradia et le Parlement et le Sénat, boulevard Zighout Youcef. Dans les deux cas, un imposant cordon policier a été mis en place pour empêcher les manifestants de s'y rassembler. Ailleurs dans la ville, le boulevard Colonel Amirouche était noir de monde, tout comme la rue Larbi Ben M'hidi, la place Maurice Audin, le boulevard du Front de mer entre le square Sofia en bas de la grande poste et la place des Martyrs, puis vers le populeux et populaire quartier de Bab El Oued. C'est dans le calme que la manifestation s'est déroulée, les forces de police, qui quadrillaient les quartiers où la manifestation se déroulait, observaient, et n'étaient pas intervenues jusque vers 16 h 30. Des milliers de personnes convergeaient des quartiers populaires du centre-ville vers la place du 1er Mai, d'où le cortège devait s'ébranler vers l'avenue Hassiba Ben Bouali. encadrée par un imposant service d'ordre, la marche s'est déroulée dans le calme, les manifestants scandant des thèmes contre le 5ème mandat et le FLN. «Chaâb et Chorta khawa khawa (peuple et policiers sont des frères), ou «Chaâb yourid tagh'yir nidham'', 'le peuple veut le changement du système». Des milliers de manifestants, à la file indienne affluaient vers la place du 1er Mai d'où s'était ensuite ébranlé le cortège. De Bab El Oued à la place du 1er Mai, tout Alger était dehors. Sur les hauteurs, au-delà de la rue Didouche Mourad, vers la place Addis Abeba, des manifestants ont tenté d'atteindre le siège de la présidence, à El Mouradia, mais ils ont été empêchés par les policiers, qui ont utilisé des grenades lacrymogènes pour les en dissuader près du palais du Peuple. Globalement, les manifestations à Alger se sont déroulées dans le calme par une belle journée ensoleillée, pour dire 'non au 5ème mandat''. On a également marché à Annaba, Oran, Sétif, Tizi Ouzou et Béjaia Dans l'antique Hippone, des centaines de personnes, des jeunes, des vieux et des femmes sont sorties sur le Cours de la Révolution manifester leur opposition au 5ème mandat. Des images et des vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient des manifestants parfaitement organisés, certains enveloppés dans l'emblème national. Au rythme de chansons nationales et patriotiques, les manifestants ont marché dans le calme, le service d'ordre ayant encadré discrètement cette manifestation. De jeunes manifestantes chantaient en choeur 'marche pacifique contre le 5ème mandat'', alors que d'autres manifestants marchaient en portant une banderole 'non au 5ème mandat''. Mais, c'est à Béjaïa et à Tizi Ouzou, et dans une moindre mesure à Sétif que ces marches ont entraîné une marée humaine dans le centre du pays. A Tizi Ouzou, une imposante marche a été organisée bien avant la fin de la prière du vendredi, selon des sites sociaux. Le regroupement des manifestants, vers 13 heures, a commencé devant le centre universitaire de Hasnaoua, lieu de départ de la marche qui s'est ébranlée vers 13.30 pour suivre un itinéraire vers le siège de l'ancienne mairie de Tizi Ouzou. La foule des manifestants grossissait au fur et à mesure de la marche vers l'ancien siège de la commune de la ville des Genêts, la foule chantant des slogans contre le 5ème mandat pour Bouteflika. «Non au 5ème mandat», était repris par les manifestants. La seule banderole que brandissaient les manifestants en tête de la marche était le drapeau aux couleurs berbères, jaune, vert, rouge. Sur l'itinéraire de la manifestation, peu de policiers, notamment en tenue civile. A Béjaïa également, une imposante manifestation avait commencé vers 14 heures, après la prière du vendredi. Des centaines de jeunes et moins jeunes avaient sillonné les grandes avenues de la ville, avec des slogans stigmatisant le 5ème mandat et le pouvoir. «Y en a marre de ce pouvoir», scandaient les manifestants. En prélude à cette marche, plusieurs centaines de manifestants s'étaient rassemblées sur l'esplanade de la maison de la culture de la ville, indique la page facebook 'Bejaia soit l'Observateur''. Des manifestants sont intervenus pour stigmatiser le pouvoir et dénoncer le 5ème mandat. A Akbou, par contre, des violences ont été enregistrées avec l'attaque par des jeunes du commissariat de police local. Les jeunes ont également fermé les principaux accès de la ville en brûlant des pneus, a indiqué le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, cité par des sites électroniques. Il a rapporté que des jeunes se sont attaqués au commissariat et ont lancé des pierres. Sans provoquer de réaction pour l'heure des services de sécurité, a-t-il ajouté. Même ambiance contestatrice à Bordj Ménaiel (wilaya de Boumerdès) où des manifestants criaient en choeur «y en a marre de ce système», et «ya Bouteflika, non au 5ème mandat». Des pancartes où étaient inscrits «Libérez le président'' et '20 ans, barakat» étaient également portées par des manifestants. Dans la wilaya de Sétif, on a également marché contre le 5ème mandat où des centaines de manifestants sont sortis dans la rue. Banderoles en bandoulière 'nous voulons un Etat moderne, qui reste après les personnes'', ou «arabes, musulmans, amazighs, non au 5ème mandat'', des manifestants sillonnaient les artères du vieux Sétif. Même ambiance à Bougaa, un village montagneux où le climat est rude, avec des centaines de manifestants contre le 5ème mandat. Constantine et Oran contre le 5ème mandat A Constantine, scandant des slogans hostiles au 5ème mandat et au FLN, des centaines de manifestants, près de 3 000 personnes, selon des recoupements concordants, se sont regroupés, hier, après la prière du vendredi, au centre-ville, avant de s'ébranler dans une marche qui leur fera traverser les allées Benboulaïd (jusque devant la Cour), les avenues Messaoud Boudjeriou et Belouizdad, en redescendant par la rue Abane Ramdane et rejoindre leur point de départ, devant le palais Mohamed Laïd Al Khalifa. Au départ, aux environs de 14 heures, juste après la prière du vendredi, rien ne laissait croire qu'on allait assister à une marche massive, car seules quelques personnes circulaient dans la nonchalance au centre-ville. Puis, quelques jeunes retirent des affiches, où on pouvait lire des écrits au stylo, généralement «non au 5ème mandat», et la foule a commencé à se rassembler autour d'eux. Puis, c'est l'effet boule de neige, avec un rassemblement qui grossissait à mesure que les minutes passaient. Jusqu'au moment où les petites ruelles de Constantine ne pouvaient plus les contenir. 'Djazair Horra démocratia» (Algérie libre et démocratique), «pouvoir assassin», «FLN dégage», «makanech ôhda Khamissa» (pas de 5ème mandat), tels sont les slogans qui fusaient dans la foule durant sa marche, ponctuée par des arrêts. Une marche pacifique, encadrée par un imposant service d'ordre, qui a bloqué toutes les issues menant vers le siège du cabinet du wali. A Oran, plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l'appel de la marche contre le 5ème mandat. Les premiers slogans de manifestants ont commencé à s'entendre juste après la fin de la prière du vendredi. Des jeunes, des moins jeunes, des hommes et des femmes ont, en effet, marché côte à côte et pacifiquement sous haute protection policière. Les principales places de la ville, à l'instar de la place du 1er Novembre, la place des Victoires ou encore l'intersection Larbi Tebesssi - rue Mohamed Khemisti, ont toutes été bouclées par un imposant dispositif policier, dont un hélicoptère, qui suivait la marche. Le cortège des manifestants s'est ébranlé de la place du 1er Novembre, vers les rues Emir Abdelkader, Larbi Ben M'hidi, Mohamed Khemisti en passant par Larbi Tebessi, puis retour vers la place du 1er Novembre par le même itinéraire. Un dispositif policier discret mais bien présent, suivait les péripéties de cette marche, à laquelle se sont joints par la suite des jeunes des autres quartiers de la ville. Par la suite, les manifestants se sont scindés en deux groupes, l'un s'est rassemblé devant le siège de la wilaya, alors que le second s'est rassemblé devant le siège régional de l'ENTV. Portant des banderoles, ou l'emblème national, plusieurs manifestants ont entonné des slogans contre le 5ème mandat, alors que des femmes, de leurs balcons poussaient des 'youyous'' d'encouragement. Par la suite, les manifestants se sont dispersés dans le calme.