La visite de travail et d'inspection de Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, jeudi dernier dans la wilaya de M'sila, a permis de faire le constat sur la technique de réalisation de routes sur des sols instables à forte teneur en sel, utilisée pour la première fois en Algérie. La liaison routière entre les communes de M'cif et Aïn Khadra à travers le chott El Hodna, sur une distance de 12 km, en est la toute première expérience. M. Ghoul, souhaitant voir cette route baignant dans les eaux saumâtres du chott, mais la sécheresse de cette année l'a privé de ce spectacle féerique d'une mer en milieu désertique, s'était contenté de faire le constat que cette route a tout l'air d'une digue. « La traversée du chott, a dit M. Ghoul, s'effectue pour la première fois en Algérie et constitue un cas d'école ; il faudrait que les étudiants en travaux publics s'en imprègnent d'ores et déjà. Cette technique pourra être généralisée par la suite. » Cette technique consiste en le recouvrement du sol d'une nappe de géotextile, une matière synthétique de protection contre la salinité du sol. Sur cette nappe est déversé du remblai sur une épaisseur de 30 cm, a-t-on expliqué au ministre, sur lequel est étalé le géogrille, une matière synthétique, en couches successives qui viennent se superposer et renforcer le sol. Des tubes de polyéthylène sont placés sous la chaussée pour assurer le drainage des eaux, a enchaîné le technicien. Par ailleurs, il semblerait que le volet environnement n'ait pas été pris en compte dans la réalisation de cet ouvrage, car cet aspect n'a pas été mis en relief de manière singulière. Ce volet revêt une importance capitale du fait que le chott El Hodna est classé zone humide selon les critères de Ramsar, occupant une surface inondable de 800 000 ha et renfermant une diversité d'espèces floristiques et faunistiques que l'aménagement de cette route et sa fréquentation permanente pourraient affecter. A en croire M. Benbarek de la Société des études techniques de Sétif (SETS), c'est le volet touristique qui semble avoir pris le pas sur le volet environnemental. Cette technique a déjà été utilisée dans certains pays du Golfe, notamment en Arabie Saoudite. Elle permet, dira M. Benbarek, à l'ouvrage d'avoir une durée de vie de 100 ans. Enchaînant, le responsable de Cosider, l'entreprise de réalisation, soutient, en brandissant un document qui devait être la fameuse étude italienne, que « nous opérons conformément aux directives d'un bureau italien qui est en charge du suivi de la ville de Venise ». En outre, l'inspection de certains projets a permis au ministre d'appréhender l'ampleur du retard de la wilaya de M'sila en matière d'infrastructures routières. En effet, sur le réseau de routes nationales de la wilaya d'une longueur de 924 km, dont la vétusté n'est plus à démontrer, seuls des tronçons totalisant 61 km ont été renforcés, une proportion qui ne représente en fait que 6,6% du réseau traversant la wilaya. M. Ghoul a instruit ses collaborateurs qui l'accompagnaient de pallier ces lacunes en inscrivant un certain nombre de projets, notamment le doublement des voies sur la RN60 reliant M'sila à M'hir dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, de la route reliant Ouled Derradj à Magra, de celle reliant M'sila à Bordj Bou Arréridj et sur la RN45 reliant M'sila à Bou Saâda.