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Algérie, le sursaut, aujourd'hui
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2019

Notre pays est aujourd'hui gravement atteint. Chacun en son lieu, et par sa propre expérience le constate. Notre pays est dans un besoin urgent de sauvetage, sauvetage, comme on le dirait d'une urgence médicale. Le pronostic vital de notre pays est largement engagé. Chaque jour qui se lève nous rapproche, nous tous Algériens, d'un terme inconnu. Inconnu, tant l'errance, le pillage, l'irresponsabilité, l'incompétence, la corruption, sont si grands, si étendus, qu'il serait bien difficile d'en tracer les contours.
Voilà. Cinquante-sept années sont passées depuis que nous, Algériens, avions été proclamés indépendants. Ce temps passé devrait nous imposer le rude examen du chemin ainsi parcouru, mais en conscience, en intransigeance, en honneur, et avec le sentiment de déposer devant l'Histoire, car il n'y a plus de prochaine étape pour nous refaire, comme on le dirait d'un joueur décavé. Il est indispensable, nécessaire, et moralement obligatoire, d'écrire et de rendre publique le bilan de tout ce qui a été entrepris en Algérie depuis son indépendance.
Conjecturons qu'un bilan achevé, inévitablement annoncerait des ruptures. Avec tout ce qui a conduit à d'innombrables faillites, et avec ce qui pourrait en continuer le mouvement, vite vers la mort de notre pays. Nous pensons naturellement à la chienlit d'une échéance présidentielle, où le même, en d'infâmantes conditions, en espère la cinquième. Elle n'est pas moins chienlit que les précédentes. Car aucune ne vient de quelque légitimité, et aucune jamais n'y a préparé.
Il est urgent de rompre avec les hommes et la descendance politique des hommes qui n'ont pas rendu au peuple au jour même de son «indépendance», la seule indépendance qui ait un sens : pouvoir décider par soi de ses futurs et des chemins qui y conduisent. Le temps est venu de l'arracher de nouveau. C'est à nous, et pour nos enfants que revient la terrible responsabilité de terminer l'indépendance de notre pays. C'est une responsabilité qui ne peut ni se différer, ni se déléguer.
Il faut le marteler et le redire : avant toute action (la réalisation d'un programme politique et économique), il est indispensable, nécessaire, et moralement obligatoire d'écrire et de rendre public le bilan de tout ce qui a été entrepris en Algérie durant toutes les présidences depuis son «indépendance».
Clore un bilan n'est pas une exemption de responsabilité pour qui veut agir, c'est l'obligation de tracer une frontière avérée, reconnue et salutaire qui sépare une période passée d'un futur engagé avec les nouvelles énergies qui viennent d'idées neuves et que portent des hommes neufs.
Ce bilan devra concerner de prime abord le long vagabondage de la gouvernance depuis le premier coup d'Etat contre le premier gouvernement algérien, celui du GPRA. Des conséquences multiples se sont immédiatement révélées : impossibilité de détacher l'exercice du pouvoir de la personne qui strictement le manifeste et qui finit par le confisquer. Seul un rapport de force au bénéfice d'un autre prétendant, mieux loti en forces et en alliances, en change le destinataire, qui à son tour va l'exercer avec la même exclusion, et la même absence de futur pour la multitude.
L'arbitraire, les outrances, les errements, les incompétences, la rapine et la corruption s'ajoutent, alors que diminuent les chances de justice et d'équitable répartition des richesses dans un pays qui pourtant n'en manque pas. Si les désespoirs pouvaient se sommer, ils rendraient compte d'une effroyable détresse chiffrée.
Cette détresse résulte de beaucoup d'échecs accumulés, et il n'est pas faux de le dire, depuis les jeunes années de notre pays. Les expériences de construction de l'économie nationale et celle du gouvernement de nos affaires ont été conduites sans l'indispensable savoir des situations et des moyens, souvent avec des personnels insuffisamment préparés, et presque toujours sans la sagesse du doute.
Mais les Bons samaritains vont immanquablement invoquer «les réalisations» : routes ouvertes, électrification, constructions d'écoles et d'universités, les progrès d'un système de santé gratuite, un enseignement de masse… mais cela est l'indispensable, sinon pourquoi avoir si fort désiré l'indépendance ? De quelle gloire peut-on se prévaloir à seulement nourrir des enfants qu'on a voulu mettre au monde ?
Il en est ainsi du champ de l'éducation nationale
La mise en langue arabe brutale et idéologique de l'intégralité du cycle de l'enseignement primaire et secondaire, dans un premier temps, puis son extension à l'essentiel des études supérieures, en moins d'une décennie, a privé nos enfants d'un précieux outil dans la conquête de la modernité, par la nécessaire acquisition des savoirs et des compétences scientifiques, mais les a également éloignés de la maîtrise d'une grande palette de technologies. La langue française n'a pas été «un butin de guerre», selon la puissante recommandation de Kateb Yacine.
Ce constat, amer, n'est en rien un réquisitoire contre la langue arabe : elle est traversée par une multitude de discours sectaires, qui avec constance ont réduit le fait religieux à un promontoire politique, et l'arabité à une crampe tribale, et l'ont mise en échec de promouvoir le socle d'une robuste et sereine identité nationale, qui accueille les Algériens, les réunit et leur donne une place reconnue.
Il en est ainsi de la famille algérienne
L'échec du projet éducatif, la totale absence d'une élite qui pose des repères et pointe des valeurs, qui imagine des chemins à entreprendre pour la construction de symboles, la lourde présence d'un pouvoir politique attentif à la seule prospérité de ses intérêts, l'âpreté dans la recherche du profit, devenue l'unique règle et l'unique loi pour la multitude, l'érosion rapide des ancestrales solidarités, la perte de tout sens éthique qui établit les indispensables hiérarchies (l'école algérienne ne sait plus le favoriser et le transmettre) a brutalement détruit le creuset familial, qui va perdre toutes les luttes contre la déperdition scolaire, la prostitution, l'usage des drogues, la délinquance des plus jeunes, et l'influence des discours sectaires.
Nous sommes les témoins, meurtris de la montée du désespoir de nos enfants, qui maintenant, plutôt que de mourir à petit feu, préfèrent celui rapide des immolations, ou le suicide par la harga.
Il en est ainsi de l'économie nationale
Une minorité d'entre nous vit en rentier dispendieux, dilapidant un patrimoine fini de ressources non renouvelables. Les considérables revenus pétroliers, gaziers et miniers ne sont à l'origine d'aucune richesse vraiment libérée d'une rente qui nous prive de l'essentiel de nos moyens, qui devrait pourtant être génératrices de ressources énergétiques et financières, épis pour le pain de demain.
Il en est ainsi de notre Diplomatie
De grands périls cernent la maison Algérie. Des feux allumés à ses frontières et de puissants ferments de division en menacent directement la stabilité et peut-être l'unité. Les intérêts et les motifs qui les portent sont difficilement lisibles, et les réponses données par nos dirigeants sont incertaines, faibles ou ambiguës, et même parfois allant à contresens de l'Histoire.
Nous n'avons plus rien à proposer dans les grands forums mondiaux, nous ne sommes plus présents dans les coulisses des grandes négociations, même quand notre souveraineté est en cause. Récemment encore, notre ministre des Affaires étrangères, lors d'une réunion de la Ligue arabe qui devait examiner le cas de la Syrie, a été publiquement et vulgairement humilié par le représentant d'un pays du Golfe. Notre parole est bridée, sous influence, et nous nous découvrons de nouveaux jougs et de nouveaux maîtres.
Il en est ainsi de notre Justice
L'expression du troisième pouvoir est maintenant tellement dévaluée, et qu'elle se tient si éloignée de sa boussole éthique, que le parquet est devenu un lieu de convergence de l'impunité tarifée et monnayée, et maintenant arrogante et affichée.
Il en est ainsi de notre spiritualité
La religion musulmane fourvoyée dans la garrigue politique, désemparée, discréditée et impuissante. Un constat s'impose par sa dureté : l'islam a été objet de manipulations, de travestissements, de détournements, lui ont été greffés des intérêts et des buts qui ne servent ni les Algériens, ni l'idée ancienne qu'ils ont de la vie commune.
Où est l'islam de l'Emir Abdelkader ? Où est cet islam qui fondait l'intime algérien, lui donnait les songes et les forces pour notre espérance, l'endurance pour nos travaux et nos jours, les mots pour la joie au moment de nos réussites, ceux de la patience et de la consolation pour nos deuils, notre art de discourir pour cerner les événements qui nous tiennent au monde, et l'élan silencieux qui nous désigne le plus précaire, vers qui toujours nous tendons la main.
On peut égrener longuement ce chapelet d'échecs. Les souffrances qui en sortent, en enfilade, nous imposent sans délai, et maintenant avec le caractère de l'urgence, un renouveau rapide et vraiment fondateur de notre pays.
Ce renouveau, le seul qui vaille, est celui qui annonce et prépare l'établissement d'une 2e République, avec des institutions érigées et légitimes, qui donnent à la multitude l'assurance d'une vie juste et digne, afin que la responsabilité des plus forts soit toujours examinée et le cas échéant reprise, afin que la précarité des plus faibles, si elle n'est pas réduite, soit plus faible, pour que les femmes et les hommes qui peuplent ce pays et y vivent deviennent en droit, en titre, et à part entière, des citoyens, et que leur multitude organisée et reconnue puisse dire la vraie parole de souveraineté.
Cette souveraineté est source de toute légitimité, ce qui la place ainsi en surplomb de toute activité qui organise et structure notre Société. Et le Peuple est bien ainsi la première des personnes juridiques.
Une 2e République, nécessairement, sera fondée sur une nouvelle Constitution, c'est-dire une nouvelle organisation des pouvoirs publics, appelée par une évolution de la Société algérienne qu'il est devenu impossible d'ignorer, en cela qu'elle manifeste une suite importante de son histoire. De nouveaux champs de la vie collective vont concerner le légiste, car ils sont en accord avec les aspirations apparues et exprimées, souvent avec violence, par beaucoup de nos concitoyens.
Cette nouvelle organisation des pouvoirs publics doit être adossée à des principes éthiques de justice, de solidarité et surtout d'exercice démocratique dans la désignation des élus de la nation, à tous les échelons. Une Charte nationale devra en fixer les principes éthiques et républicains et nous assurer de la permanence de leur pouvoir à tisser l'essentiel de la vie collective. Elle sera mesure et inspiration pour la rédaction du texte de la Constitution.
Ce ne sont pas là de vains mots, ce sont ceux du principe même de cette 2e République : le principe de citoyenneté. Même si une majorité (politique et parlementaire) est une réalisation de l'exercice démocratique, elle ne prive pas la minorité de ses qualifications politiques.
La citoyenneté vérifie au jour le jour cet ensemble de droits inaliénables : la dignité par le travail, sa protection par des syndicats voulus, l'éducation, la sécurité des personnes et des biens, moyennant un effort raisonnable, le droit d'avoir un logement décent pour vivre dans des cités à échelle et forme humaines, le droit d'être informé de l'état des richesses de notre pays, le droit d'être informé des positions et de la parole de notre pays dans les forums internationaux, la liberté d'entreprendre sans les contraintes de la corruption, la liberté d'exprimer une opinion différente du point de vue officiel, la liberté de conscience, y compris pour affirmer et vivre d'autres expériences spirituelles ou religieuses, la liberté d'élire de véritables représentants au Parlement.
Le principe de citoyenneté assure qu'aucune force politique, même élue et majoritaire, ne peut se prévaloir de la souveraineté, et donc être en pouvoir de la confisquer. La citoyenneté est un guide d'action : le citoyen est celui qui conquiert le droit de faire partie du Souverain. Mais la citoyenneté refuse le diktat de la rue et de l'émeute, car souvent la violence est sans projet. Seule la juste colère, c'est-à-dire en galbe politique, peut capitaliser des avancées et fixer des conquêtes.
Si toute élection dérive d'un choix initial, partisan et chevillé à des problèmes particuliers, porté par des femmes et des hommes dans des conditions particulières, l'élu qui siège représente la nation dans son intégralité.
Les singularités que le principe de citoyenneté préserve, en aucun cas ne doivent retrancher de la communauté nationale les citoyens qui les portent, mais inspirer à tous un besoin de complément, de juste proportion et finalement de respect.
Les singularités sont des aptitudes à recevoir et exprimer différemment le monde et les rapports avec le prochain, qui peuvent se traduire par la conscience aiguë d'un chemin particulier à vivre. Cette libre disposition des consciences peut avoir des effets politiques. Ces singularités, éléments nécessaires à la composition de la vie collective, ne peuvent en aucune manière récuser ni l'esprit, ni la lettre des textes fondateurs de la République.
Comment rassembler un peuple si fragmenté aujourd'hui ?
On peut rassembler le Peuple par l'usage de drogues politiques ou idéologiques, aussi puissantes «qu'incapacitantes» : les mauvais leviers du nationalisme, du narcissisme religieux, par la peur, par la violence. Dans cette optique, le rassemblement est effectué par la plus petite part qui relie les citoyens. Le résultat est toujours précaire, car dans l'adversité cette part déjà menue, peut encore s'amoindrir et effriter le rassemblement. La Citoyenneté, au contraire qui rassemble par l'espérance est durable. Si les peines et les malheurs se vivent individuellement, l'espérances, toujours, s'éprouve et vit collectivement.
Depuis le vendredi 22 février 2019, la joie, la compacité et l'universalité dans le refus du peuple des Algériens à être une nouvelle fois ignoré et tenu en dehors de son histoire, l'a fait entrer dans une situation révolutionnaire. Les cadres de pensée et les règles de l'action en usage sont devenus intolérablement dévalués, car sans chemin pour le futur. Cette situation réalise le paradoxe d'un appel à un lendemain inconnu, il n'a jamais été vécu, souhaitable, il est ressenti comme devant être vécu, et enfin de visage lisible, car nous savons y aller.
L'élection présidentielle d'avril 2019 avec les candidats qui l'animent actionne la bonne procédure pour reconduire le régime dans les seuls états qui lui sont connus et utiles. En situation révolutionnaire, toute élection est de ce fait illégitime. Des élections maintenues ne donneraient aucun futur à ce présent, et ne retarderaient que l'issue révolutionnaire en la rendant plus coûteuse.
Doit-on alors parler d'un état de citoyenneté ?
L'idée d'un «Etat de citoyenneté» ne peut pas nous convenir. Nous lui préférons celle «d'Etat de droit». Par nature, par vocation, par fonction, par nécessité historique, un Etat de droit est l'amorce d'un état (au minuscule) de citoyenneté. L'Etat de droit impose à tous l'idée d'une force droite et juste. Le «droit» qui définit un Etat de droit n'est qu'une simple notion juridique, mais une instance éthique : elle dit que tout ce qui peut s'entreprendre dans la société doit l'être en conformité avec les principes éthiques déposés dans une Charte, voulue et approuvée par tous les citoyens.
Deux idées en sont le fondement
Rétablir la confiance. Des actions justes et uniquement dirigées vers le redressement de notre pays sont encore possibles. Les femmes et les hommes qui portent cet idéal existent. Ils sont prêts aujourd'hui pour une véritable relève. Avec ces actions menées, notre pays peut sortir de la malédiction qui le poursuit depuis plus de cinquante ans, et qu'il peut retrouver son rang et une vraie prospérité. Cette confiance est indispensable, car elle seule peut donner du sens à tout ce qui va s'entreprendre dans notre pays. La phase actuelle, si elle devait se poursuivre, serait celle d'une pure restauration morale, d'une coûteuse restauration morale.
Elle reprendrait, appellerait les valeurs de Novembre 1954. Il est significatif de relever que la grande espérance qui lie aujourd'hui les Algériens a converti une colère ancienne, venue non pas des échecs économiques qui ont laissé à l'arrêt notre pays, non pas de vies étriquées, impossibles à vivre, mais une colère fouettée par la totale faillite morale, l'impunité érigée, la rapine, l'abaissement, l'infestation et la corruption de tout ce qui peut indiquer une voie juste, au double sens de justice et de justesse, de tout cela qui depuis son apparition a caractérisé ce régime. De tout cela qui est forfaiture, et qui a précipité les Algériens dans la plus infâme de toutes qui lui ont été infligées : être gouvernés par un spectre.
En toute légalité, le peuple doit être informé de toute les raisons de l'absence du chef de l'Etat et de toute mesure constitutionnelle pour assurer la continuité de l'exercice du pouvoir. Le mensonge à la Nation est un grave délit. Un président qui dérobe sciemment une information essentielle, indispensable à l'équilibre des institutions, et à la sécurité du pays, se rend coupable de haute trahison, aussi la santé du président ne relève en rien de sa vie privée.
Sa bonne santé, au moins jusqu'au seuil de l'empêchement, est la garantie réelle de la continuité de l'Etat. Sa bonne santé est une ressource nationale. Le président de la République, qui est premier magistrat, est également chef suprême des forces armées et ministre de la Défense, concentre l'essentiel du pouvoir et tous les attributs de la souveraineté. A ce titre, son absence ne peut être que préjudiciable à la sûreté de l'Etat. Au plus grave de sa maladie, et durant son séjour à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, la loi de finances complémentaire n'a pas été signée. Alors, on a estimé que, finalement, on pouvait s'en dispenser.
On s'est dispensé de la réunion du Conseil du gouvernement. Tâche qui strictement incombe au président de la République, c'est le ministre des affaires étrangères aujourd'hui qui signe les lettres d'accréditation des ambassadeurs. On ne sait pas qui signe les ratifications de traités déjà conclus. Mais également la loi de finances principale, qui chaque année engage le budget de fonctionnement de tout l'Etat. Que faire si notre souveraineté était soudainement menacée par le fait d'une grave agression terroriste ou d'une guerre qui nous serait imposée ?
Une deuxième idée : l'entrée de notre pays dans une vie politique nouvelle, avec une relance économique (conforme à nos besoins, et surtout conforme à l'état de nos richesses), avec une nouvelle présence dans le concert des nations ne peut réellement être efficace qui si elle passe par une période de transition. Cette période de transition a une double utilité : guérir notre pays d'un long passé fait de pillages et de trahisons, et assister nos jeunes institutions dans leur fonctionnement.
Nous souhaitons à notre pays de réussir ce que le Monde et l'Histoire lui imposent d'entreprendre. C'est-à-dire l'édification d'une réelle et puissante civilisation maghrébine. Les succès de l'Algérie en feraient un modèle d'imitation qui susciterait un large mouvement d'adhésion, et d'abord pour nos voisins. Le mouvement de fragmentation en petites nations, aussi nombreuses qu'impuissantes, serait brisé et remplacé par un mouvement contraire d'unité et de construction.
Il est important que naissent en notre pays ces seules ressources qui peuvent donner cet élan de vraie vie, avec une voix forte et juste dans le concert des nations, qui lui assurent l'estime des voisins et amis et le respect des partenaires.


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