Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, est formel, «ou bien le régime se rend à l'évidence qu'il faut répondre favorablement aux doléances du peuple algérien, ou bien il s'entête et on va vers l'irréparable». Lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier au siège de son parti, à Zéralda, à l'ouest d'Alger, celui-ci a affirmé que «les choses peuvent devenir hors de contrôle», si le régime ne réagit pas dans l'immédiat. «Aujourd'hui, c'est une grève. Si on continue comme ça, on se dirige vers une désobéissance civile», a-t-il déclaré. C'est dans le souci de préserver l'Etat, et non le régime comme il l'a précisé, que Jil Jadid soumet aux Algériens une proposition de sortie de crise, en passant par une «transition douce». «Il y a un risque de rupture de la continuité de l'Etat», a indiqué Soufiane Djilali, avant d'exprimer sa crainte que le pays bascule «d'une insurrection contre le régime à une insurrection contre l'Etat». D'où la nécessité pour les tenants du pouvoir de réagir vite. La proposition de sortie de crise de Jil Jadid, une «remise du pouvoir au peuple», s'articule autour d'un processus transitoire qui débutera par la reconnaissance de l'actuel chef de l'Etat de son «inaptitude à gouverner» et l'annulation de l'élection présidentielle d'avril 2019. C'est Abdelaziz Bouteflika lui-même qui chargera «une personnalité consensuelle ou un comité d'engager immédiatement des consultations avec la classe politique, les syndicats, la société civile et des personnalités nationales», et ce, «pour la mise en place d'un forum national, dont les membres seront bénévoles, et pour former un gouvernement neutre, non partisan, dont la durée et les missions seront également négociées (entre 6 et 12 mois)». Chose qui devra se faire, a-t-il précisé, avant le 26 avril prochain, date de la fin de son mandat. Si Djilali plaide pour une «implication» de l'actuel chef de l'Etat dans ce processus, avant «la remise des pouvoirs régaliens d'un chef de l'Etat à une personne ou à une instance», prélude à son départ à la fin de son mandat, c'est pour éviter des situations délicates, telles qu'un «coup d'Etat» ou un «vide institutionnel». «Si on attend jusqu'au 26 avril pour le voir partir, c'est pour l'Etat et non pas pour le régime», a-t-il déclaré. Pour le président de Jil Jadid, pour qui «il n'est nullement question d'une revanche» à prendre sur Bouteflika, «il faut une victoire raisonnable». Les prochaines étapes, dans le processus proposé par Djilali Soufiane, sont la «suspension» de la Constitution, la dissolution du Parlement (APN et Sénat) et le Conseil constitutionnel ainsi que la désignation par le «forum national» par consensus d'«une personnalité ou un comité pour assurer les fonctions de chef de l'Etat pour la continuité de l'Etat». Ce dernier se chargera par la suite de l'organisation d'une élection présidentielle dans un délai n'excédant pas les 12 mois en réunissant, bien évidemment, les conditions nécessaires garantissant la transparence (commission d'organisation indépendante). Le nouveau Président devra dès son élection «engager un processus constituant pour une Loi fondamentale consensuelle, couronné par un référendum», «organiser des élections législatives et mettre en place des institutions prévues par la nouvelle Constitution».