Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, n'a pas été tendre, hier, dans sa réaction à la dernière sortie du SG par intérim du RND et chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, concernant la crise économique que vit le pays. Pour M. Djilali, les propos tenus par Ahmed Ouyahia, selon lesquels le gouvernement n'est pas responsable de la crise, relèvent de la "lâcheté". Le président de Jil Jadid a rappelé qu'Ahmed Ouyahia était, à plusieurs reprises, chef de gouvernement, et il a "imposé des orientations économiques désastreuses pour le pays", citant, à titre d'exemple le crédit documentaire... Visiblement très remonté contre le SG par intérim du RND, Soufiane Djilali est allé jusqu'à lancer un défi à Ouyahia l'invitant à un débat public sur la situation du pays. Soufiane Djilali n'a, par ailleurs, épargné aucun responsable au sein du régime. À ses yeux, ils sont tous responsables des maux qui rongent le pays, à commencer par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. M. Djilali a appuyé ses dires sur la situation qui prévaut actuellement. Dressant un constat sans appel de la crise multidimensionnelle que vit le pays, il a mis en garde "contre l'effondrement de l'Etat, de l'autorité morale des autorités", mais aussi "de l'atteinte à la sécurité nationale" induits, selon lui, "par un coup de force imposant un 4e mandat" et "une crise du régime qui se transforme en crise de l'Etat". "La situation est très grave", a-t-il encore dit, se défendant, toutefois, de ne pas chercher à faire peur aux Algériens, contrairement aux tenants du régime "qui manipulent Mezrag et autres salafistes, qui ont imposé Bouteflika de force en menaçant les Algériens de leur faire comme les Syriens ou les Libyens"... La sortie d'hier de Soufiane Djilali est aussi suivie de propositions de sortie de crise. Ainsi, il a appelé à la réduction des impôts pour les investisseurs nationaux, mais aussi à "une criminalisation des bureaucrates qui bloquent les investissements", à travers une réforme du code de procédures pénales. Il a aussi plaidé pour une réelle prise en charge des "secteurs primaires", comme l'agriculture, la pêche, les services. Interrogé sur la CLTD, dont Jil Jadid est membre, Soufiane Djilali a appelé au renforcement des rangs de cette coordination avec des associations de la société civile, des personnalités nationales et des partis politiques, car "elle a besoin de renforcer ses rangs", a-t-il dit. Il a estimé, en outre, que la CLTD a réalisé l'objectif de réunir une partie de l'opposition, avec, en prime, des orientations claires, référence la plateforme de Mazafran. Quant aux propositions, il a souligné que les pourparlers doivent être menés avec les gens du pouvoir, lesquels doivent accepter "une période de transition", qui sera l'œuvre commune de l'opposition et du pouvoir autour "d'une personnalité consensuelle" et "du chef de l'Etat", afin de préparer "des élections présidentielles anticipées". M. Djilali a précisé que le pays n'est pas préparé à organiser une élection anticipée tout de suite. M.M.