Le président Bouteflika est apparu aujourd'hui lundi sur la télévision publique. Visiblement très malade, le chef de l'Etat a reçu le premier ministre Ahmed Ouyahia – qui lui a remis sa démission- ainsi que Gaid Salah et le diplomate Lakhdar BrahImi. Cette apparition, qui intervient après un séjour médical de plus de semaines à Genève, a été précédée d'un message adressé à la nation, pour annoncer que le président Bouteflika a renoncé au 5e mandat, mais qu'il garde le pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur. « Il n'y aura pas de cinquième mandat et il n'en a jamais été question pour moi, mon état de santé et (…) », lit-on dans le message présidentiel qui annonce aussi qu'« Il n'y aura pas d'élection présidentielle le 18 avril prochain ». Le message a été axé autour de la Conférence nationale inclusive et indépendante qui sera, assure la même source, « une enceinte dotée de tous les pouvoirs nécessaires à la discussion, l'élaboration et l'adoption de tous types de réformes devant constituer le socle du nouveau système… » Laquelle conférence, ajoute-t-on, « doit s'efforcer de compléter son mandat avant la fin de l'année 2019 ». Il a été rappelé dans ce même registre, que « Le projet de Constitution qui émanera de la Conférence sera soumis à un référendum populaire. La Conférence nationale indépendante fixera souverainement la date de l'élection présidentielle à laquelle je ne serai en aucun cas candidat ». L'élection présidentielle sera organisée « sous l'autorité exclusive d'une commission électorale nationale indépendante dont le mandat, la composition et le mode de fonctionnement seront codifiés dans un texte législatif spécifique qui s'inspirera des expériences et des pratiques les mieux établies à l'échelle internationale ». L'autre proposition de la présidence soumise au peuple porte sur la formation d' « un gouvernement de compétences nationales bénéficiant du soutien des composantes de la Conférence nationale » qui « assumera la supervision des missions de l'administration publique et des services de sécurité et apportera sa pleine collaboration à la commission électorale nationale indépendante ». Il a été assuré également que « le Conseil constitutionnel assumera, en toute indépendance, les pouvoirs que lui confèrent la Constitution et la loi en matière d'élections présidentielles ». L'offre de Bouteflika (ou celle de son entourage), qui vient de charger Bedoui de former un nouveau gouvernement, ne convaincra pas tout le monde. Une large partie de la population algérienne est déjà dans l'après-Bouteflika et exige maintenant un changement du système politique. Les promesses du chef de l'Etat, certes accompagnées de décisions concrètes, demeurent douteuses et peuvent servir de moyens à régénérer le régime politique en place. La réponse des Algériens aux propositions de Bouteflika devra être connue demain ou dans les prochains jours.