Si la rue persiste dans ses revendications, êtes-vous prêts à faire plus de concessions ?» «Quels sont les scénarios et éventualités que vous êtes en train d'envisager actuellement ? L'éventuelle intervention de l'armée ?… Des questions restées sans réponses lors de la première conférence de presse du nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui, hier à Alger. Bedoui, accompagné du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ne s'est pas montré convaincant lors de sa première sortie. On le sent même déstabilisé par moment. Tantôt esquivant les questions, tantôt les contournant, il est resté vague dans ses réponses. Le sentiment d'avoir un discours préétabli. Sa devise : «s'écouter et se concerter mutuellement et travailler ensemble, loin de toutes les sensibilités», a été servi à toutes les sauces ! Aux questions concernant l'ouverture du dialogue avec les représentants du mouvement ou encore l'opposition, Bedoui a affirmé que les portes du dialogue seront ouvertes à toutes les composantes de la société «sans exclusion et sans exception» pour faire face à la situation «sensible» que traverse le pays. Concernant le nouveau gouvernement, dont la composante sera annoncée la semaine prochaine, il a indiqué : «Nous sommes en cours de concertation. Le prochain Exécutif sera composé de technocrates et sera représentatif des forces et compétences nationales à même de contribuer à gérer la période de transition qui ne devrait pas dépasser une année pour répondre aux aspirations du citoyen algérien.» Le Premier ministre a également affirmé que le prochain gouvernement s'attellera, dès son installation, à préparer la Conférence nationale indépendante (CNI) et inclusive de consensus à laquelle avait appelé le président Bouteflika. Pour sa part, le vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra, a exclu l'éventuelle dissolution du Parlement, assurant que «toutes les institutions constitutionnelles continueront à travailler jusqu'à l'élection du futur président de la République, partant du principe de la permanence de l'Etat». Ce dernier a réitéré le rejet catégorique de l'Algérie de toute ingérence dans ses affaires internes. Noureddine Bedoui, pour son discours préétabi, n'a pas cessé de répéter que l'Algérie vit un moment historique marqué par une dynamique politique «particulière, pacifique et civique». Il a par ailleurs rappelé à de nombreuses reprises que l'Algérie est «au-dessus de tout», appelant les citoyens à serrer les rangs pour faire de l'Algérie un pays «fort et stable» et aller de l'avant vers «un avenir meilleur consacrant l'Etat de droit». A la fin de la conférence, on ne sait toujours pas si la CNI se tiendra si la «rue» et l'opposition refusent d'y participer ? Et que se passera-t-il si cette conférence ne valide pas le maintien du président sortant Bouteflika après le 27 avril.