Bouteflika est toujours président jusqu'à l'élection de son successeur. C'est dit et c'est confirmé. Il ne quittera point El Mouradia ce 28 avril comme le stipule la Constitution. Seul nouvel élément annoncé depuis sa déclaration du 11 mars dernier, «la conférence nationale sera tenue dans un avenir très proche», précise celui qui a rédigé le communiqué de la présidence. Ses membres auront pour mission de réformer le système et de modifier la Constitution. Sauf que le peuple parle d'autre chose. Les millions de manifestants des quatre coins du pays exigent «le départ de tout le système». Certes, il se pourrait que la marche d'aujourd'hui se tienne dans des conditions météorologiques un peu particulières. Il pleuvra probablement toute la journée. Mais cela n'a pas l'air de décourager les algériens qui ont déjà inventé le nouveau slogan de la marche du dernier mot : «Yetnahaw Ga3» (qu'ils partent tous), la fameuse phrase du jeune Algérois qui est intervenu spontanément dans un direct de la chaîne SkyNews le jour de l'annonce du retrait de Bouteflika et l'annulation de l'élection présidentielle sera scandé dans toute l'Algérie. Les soutiens du pouvoir démissionnent les uns après les autres. Tout le monde déclare rejoindre le mouvement populaire, y compris le patron du FCE et les partis de l'alliance présidentielle, dont le FLN et le RND. Mais cela n'a pas l'air d'intéresser les Algériens qui les appellent plutôt à descendre avec le peuple sur le terrain afin de manifester publiquement leur position du rejet du système auquel ils appartiennent. Les vidéos se multiplient sur les réseaux sociaux, notamment depuis hier. Les internautes appellent au pacifisme afin de maintenir la cadence de la pression contre le pouvoir. D'autres expliquent comment protéger les pancartes en cas de pluie. C'est le cas du chanteur Amazigh Kateb, qui dans un direct sur sa page Facebook a expliqué, entre autres, qu'il faut les protéger soit à l'aide de cellophane ou de scotch, mais pas que. Il a aussi adressé un message aux manifestants quant à la marche d'aujourd'hui et sur l'adhésion des partis au pouvoir et ceux de l'opposition au mouvement populaire. «A partir de demain, nous n'avons plus de revendications. Nous n'avons que nos exigences», affirme-t-il. Et d'ajouter : «Ils doivent nous rendre la démocratie en tant que citoyens à travers des assemblées constituantes. Personne ne volera cette démarche qui est celle du peuple. Celui qui dit qu'il est avec le mouvement voulait dire qu'il n'y était pas. C'est trop facile de dire : je suis avec ! Il faut dire : je suis dedans ! Je ne crois pas à ces partis. Cette résistance est celle du peuple. Ne vous laissez pas abuser», insiste-t-il.