Plusieurs syndicats ont rejoint tôt le mouvement de protestation citoyen contre le 5ème mandat et pour le changement de régime politique dans le pays, et ont activement participé à la mobilisation populaire pour rejeter la candidature du Président Bouteflika à un 5ème mandat. Le «Hirak» algérien, au sortir du 4ème vendredi de suite contre cette élection présidentielle, le 5ème mandat ou la prolongation du 4ème mandat, a pris une telle ampleur qu'il est devenu une force sociale et politique avec laquelle le pouvoir doit composer pour trouver une solution de sortie pacifique et consensuelle. Pour des syndicats de l'Education, comme pour ceux de la Santé notamment, le « ras le bol » citoyen n'est pas venu comme çà. « Il n'est pas venu comme çà, il y a eu quand même des mouvements avant, nous, surtout les syndicats de l'Education, on ne s'est jamais tu », explique au Quotidien d'Oran' Boualem Ammoura, coordinateur du SATEF. « Maintenant, c'est la goutte qui a fait déborder le vase avec l'injustice du système. Tout le monde vous dit qu'il faut que le système parte, parce que quelque part, il y a beaucoup de hogra' dans ce pays », estime-t-il avant de faire remarquer que « ce n'est pas parce que le peuple algérien a faim. Non, parce qu'il y a la hogra' et que nous avons subi, tous, cette hogra' », expliquant qu' « il y a une poignée de gens qui ont pris en otage l'Algérie. » Pour le coordinateur du SATEF, les gens du pouvoir « ont tous les privilèges. Et on a vu des travailleurs qui sont payés à 18.000 DA, en 2019 avec 4 à 5 enfants ». « Et donc, a-t-il dit, c'est la goutte qui a fait déborder le vase ». « Dans ce pays, il faut un changement radical », explique t-il encore, avant de souligner que « nous n'avons pas d'autres choix, soit une rupture radicale avec ce pouvoir et contre ce pouvoir, soit une rupture négociée pacifiquement ». « Cela aussi est discutable, mais je ne sais pas si ces gens du système vont partir tranquillement», s'interroge-t-il. Il a par ailleurs indiqué que « maintenant, je pense qu'il faut encadrer ce mouvement, et je ne vous cache pas qu'il y a une initiative avec les gens de la société civile, le SATEF est dedans. On a tenu deux réunions pour savoir que faire après ce mouvement, il lui faut une certaine organisation». Avant de s'interroger : « demain on lui dit (au système, NDLR) dégage, il dégage, et puis qu'est ce qu'on va faire ? Qui va prendre les rênes, organiser la vie publique » ? C'est bien beau de dire « dégage », mais il faut préparer « l'après dégage ». Messaoud Boudiba, coordinateur du CNAPEST, explique de son côté que le Hirak' est « un mouvement populaire, avec son caractère pacifique, qui s'est imposé à tous, et ce mouvement est respecté ». « Cela a montré, explique t-il, que c'est une des caractéristiques de la société algérienne, et dès lors s'il y aura des dérapages, on saura que ce n'est pas venu du côté du peuple algérien, mais de trublions du pouvoir ». « Nous en tant que syndicats, on était très vite, depuis le début, dans le mouvement, depuis le début on avait insisté qu'il fallait soutenir le «Hirak» ensuite on doit le protéger, et troisièmement, il faut qu'il se poursuive. » « Nous avons appelé, ajoute-t-il, les autorités pour le protéger, et qu'elles doivent répondre aux revendications du peuple algérien ». « Ce sont là nos positions en tant que syndicat et les syndicats de l'Education qui ont une expérience du terrain, ont participé, qualitativement, depuis le 22 février à ces manifestations, à travers leurs membres », ajoute M. Boudiba, selon lequel « on a organisé une journée de grève, le 13 mars et des marches imposantes, qui ont donné un souffle nouveau au Hirak' ». « C'est une accumulation d'injustices qui a débouché sur un ras le bol, qui s'est exprimé ensuite dans la rue », estime de son côté Meziane Meriane, coordinateur du SNAPESTE. Pour lui, « il fallait s'y attendre. J'ai dit, il y a plus d'une année que ça va éclater, mais quand ? Personne ne le savait ». « C'était prévisible avec toutes ces injustices, toute cette hogra' ne pouvait finir que par un ras le bol qu'on est en train de vivre, actuellement, dans la rue », souligne Meziane Meriane selon lequel « c'est la goutte qui a fait déborder le vase : on a ignoré le peuple algérien jusque-là, le peuple algérien a été toujours considéré par le pouvoir politique comme étant mineur, et il leur a démontré qu'il est majeur. » « Maintenant, a-t-il dit, il faut rendre hommage au peuple algérien ». Il a expliqué d'autre part que « généralement, les accumulations d'injustices se transforment en force destructrice, et Dieu merci, le peuple algérien a démontré sa maturité », avant de s'interroger : « qui a allumé la mèche ? C'est le 5ème mandat. Le peuple n'est pas dupe, en tant que président, que Dieu le guérisse, il est malade, il est dans l'incapacité d'écrire. Il faut le dire, on ne doit plus cacher la vérité comme on a l'habitude de la cacher, car il est dans l'incapacité de dicter, de parler». Et d'ajouter qu' « on parle en son nom. Donc, c'est une façon de leur dire barakat, ne mentez plus » ! « Maintenant l'avenir, on doit penser à l'Algérie nouvelle, où il n'y aura plus de violence, où il n'y aura plus de corruption, où il y aura une justice sociale, où chacun prend son dû, et chaque Algérien va se retrouver libre dans son pays, il ne va plus subir d'injustice, il y aura une justice indépendante, la séparation des pouvoirs, voilà les jalons que pose ce mouvement ». Pour le coordinateur du SNAPESTE, « il faut que ce soit le plus rapidement possible, car la rue est en position d'attente, et la manifestation d'hier (vendredi 15 mars), il faut la considérer comme une rupture avec le système hérité de 1962, à ce jour ». Pour le SG du syndicat des Imams Djelloul Hadjimi, « il faut que les choses soient bien maîtrisées. Nous avons été précurseurs dans la revendication du changement », et « nous avons transmis aux autorités nos doléances », a-t-il ajouté. Quant au syndicat des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires, il a affirmé dans un communiqué, daté de jeudi 14 mars, son « soutien indéfectible et sa solidarité sans faille aux revendications légitimes de notre valeureux peuple ». Il a également indiqué qu'il s'oppose « à la décision prise de prolonger le 4ème mandat du président de la République et de l'organisation d'une conférence pour un consensus national ». Le SNECHU a, par ailleurs, appelé au « changement réel du système ( ), qui passe par deux phases : le respect par le président de la République sortant de la Constitution à l'issue de son 4ème mandat, et la mise en place d'un gouvernement de transition et d'une Assemblée constituante ». Enfin, chez des membres du Collectif autonome des médecins algériens (CAMRA), il y a une « certaine amertume, car nous avons milité, nous aussi, pour le changement, sans vraiment être écoutés. Nous sommes, cependant, solidaires et soutenons le «Hirak ».