Bien qu'il reconnaisse que le président américain soit apprécié à Caracas, le diplomate constate que la lune de miel avec Washington n'est pas pour demain. L'élection de Barack Obama n'a pas suffi pour détendre les relations entre les Etats-Unis d'Amérique et la République bolivarienne du Venezuela. Même si les USA ont changé de président et que « Obama est bien apprécié à Caracas, il n'en demeure pas moins que la politique de Washington à l'égard du Venezuela n'a pas changé ». C'est ce qu'a déclaré hier l'ambassadeur vénézuélien, Hector Michel Mujica, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son ambassade à Alger. Il a précisé que les relations diplomatiques avec « l'empire » ne sont pas aussi bonnes qu'on les présente. « Rien de nouveau sous le soleil de l'impérialisme. Nous voulons des relations de respect mutuel avec les USA, à condition qu'ils respectent notre souveraineté », a souligné M. Mujica. Cependant, le Venezuela constate avec regret les « ingérences permanentes » des Américains, a fait savoir l'ambassadeur. La secrétaire d'Etat, Mme Hillary Clinton, en visite à Brasilia, le 2 mars dernier, a prêché comme une brebis égarée de l'arrière-cour américaine en déclarant : « Nous espérons un nouveau départ du gouvernement vénézuélien pour restaurer la propriété privée et revenir à l'économie de marché. » Une déclaration perçue à Caracas comme une énième immixtion des USA dans les affaires internes du pays. Au Venezuela, on ne se fait pas d'illusion quant à la normalisation des relations entre les deux pays. Même si Obama veut rompre avec la stratégie de son prédécesseur, « les lobbies américains, plus puissants, l'empêcheraient de normaliser les rapports entre nos deux pays », a fait savoir Hector Mujica. Bête noire de Washington Le diplomate n'a pas manqué de rappeler, à l'occasion, que depuis l'arrivée de Hugo Chavez aux commandes du pays en décembre 1998, le Venezuela « n'a pas cessé de subir les coups tordus d'une opposition étroitement liée à l'empire ». Des attaques « couronnées » par un coup d'Etat le 11 avril 2002. Hector Mujica est revenu sur cet événement qu'il a qualifié « de dictature la plus courte de l'histoire ». « Le patronat et un syndicat corrompu aidés par des généraux félons ont perpétré un coup d'Etat contre Chavez. Le putsch a eu rapidement l'approbation de Washington et de Madrid. Mais fort de sa popularité et de sa légitimité démocratique, 48 heures après le coup d'Etat, Chavez est revenu au pouvoir. » Conscient des « risques » qu'il encourt en raison des ses choix politiques et économiques qui ne « plaisent » pas aux USA, Chavez a œuvré pour bâtir un front de résistance. Des dirigeants acquis aux idéaux de « la bête noire de Washington » arrivent au pouvoir dans beaucoup de pays latino-américains. « Propulsé par ses succès au plan national comme au plan diplomatique, il a travaillé pour élargir ce front aux pays de l'hémisphère Sud », devait souligner l'ambassadeur du Venezuela. C'est pourquoi il dit souhaiter « une coopération très solide avec les pays en développement, dont l'Algérie ». Un pays avec lequel « nous devons multiplier les efforts afin d'arriver à un niveau de coopération très dense ». Ceci, même s'il admet qu'au plan économique, « il y a peu de choses qui se font entre nos deux pays ».