Dans le cadre des rencontres «Les débats de l'UMMTO» organisées à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou sur la conjoncture actuelle que vit le pays, l'auditorium du campus de Hasnoua a abrité, lundi, une conférence animée par le professeur Madjid Bencheikh, ancien doyen de la faculté de droit d'Alger. Ce dernier a parlé, lors de son intervention, du mouvement populaire et du«ralliement des apparatchiks et l'internationalisation de la crise». «Il faut continuer la mobilisation enclenchée le 22 février dernier, car le rapport de force n'est pas encore favorable», a-t-il souligné. Pour le même professeur, en cas de transition, «on ne peut pas organiser des élections libres dans trois mois. On ne peut pas construire un processus démocratique en trois mois», a-t-il insisté. Et pour étayer ses propos, le conférencier a, en outre, précisé qu'il ne suffit pas qu'on parte à des élections et à mettre en place d'autres institutions pour dire «qu'on a réalisé un changement et un état démocratique qui répond aux aspirations du peuple». «Il faut continuer la mobilisation et tracer des perspectives, d'autant plus que le système est là depuis 57 ans. Dès lors, il ne faut pas croire qu'on peut le faire partir facilement. Il faut rappeler qu'il a commencé son règne par un coup d'Etat», a-t-il rappelé. «Il y a un début de dislocation au sein des rouages du système, mais il y a toujours l'emprise du commandement militaire dans le contrôle politique de la société. Il y a eu une violation de la Constitution. Pour progresser dans la construction de l'Etat, il faut toucher l'emprise du commandement militaire», a-t-il plaidé. «Il n'y a pas de séparation des pouvoirs en Algérie. Si on avait respecté la primauté du politique sur le militaire, on n'aurait pas subi le coup de force de 1962», a-t-il fait remarquer, tout en relevant la nécessité de construire l'Etat de manière démocratique, mais en dehors du système. «Avec les élections libres et honnêtes se prépare le changement. Il faut des gens pour contrôler le fichier national. Si on veut aller aux élections avec les actuels walis, chefs de daïras, les bureaux du FLN, vous allez accepter de perdre 90% de ce que vous prétendez avoir arraché», a-t-il estimé. «Ceux qui veulent construire la transformation de l'Etat doivent avoir aussi le maximum d'appui sur le plan international», a ajouté le Pr Bencheikh. Par ailleurs, notons que les rencontres des débats de l'UMMTO se poursuivront, aujourd'hui, avec une autre conférence. Celle-ci sera animée par Dr Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, qui interviendra sur le mouvement de contestation et les mécanismes pour une transition démocratique. La semaine dernière, Dr Saïd Khelil et Karim Tabbou avaient donné de conférences à l'université de Tizi Ouzou. Par ailleurs, rappelons que «Les débats de l'UMMTO» sont animés par des universitaires et des représentants de la société civile sur la nature et les mécanismes de la transition démocratique. Ces rencontres sont initiées par des enseignants et le personnel ATS de l'UMMTO pour «apporter leur contribution par l'action, mais surtout par la réflexion, pour tenter de traduire de la meilleure des façons les aspirations du peuple». Les initiateurs de ces rencontres veulent ainsi «rouvrir les espaces de débat qui ont été pervertis ou détruits et offrir des éclairages sur les problématiques que vient de poser avec acuité le mouvement populaire enclenché depuis le 22 février dernier pour exiger le départ du système».