La commune d'Aïn Turk, 7 km au nord-ouest de Bouira, est connue pour être l'une des régions les plus touchées par le terrorisme intégriste. En dépit de son emplacement géographique important, la municipalité sombre dans la précarité. Le mal a commencé durant les années du GIA, quand des villages entiers ont été désertés. A ce moment-là, il était urgent de fuir, abandonner maison et terre. D'autres gens ont tenu tête, à l'image des habitants de la localité de Mergueb. Issue du dernier découpage administratif de 1984, la commune d'Aïn Turk, à l'instar de plusieurs régions rurales de la wilaya, souffre de l'enclavement. Face à cette précarité et sous-développement qui rongent les villageois, les autorités locales restent de marbre. Djamel, âgé de 38 ans, avait quitté son village Zeboudja avec sa famille au tout début du terrorisme. Comme nous l'avons constaté dès notre arrivée dans cette localité, les infrastructures font énormément défaut. La commune a l'air d'un grand village abandonné. Aucun investissement n'a été prévu pour que les gens se sentent mieux. Aussi, le logement se fait terriblement désirer. Quant aux infrastructures de jeunesse, il existe une seule aire de jeu pour toute la commune. Grande fut notre surprise, quand nous avons découvert que le chef-lieu communal tout entier ne dispose même pas de cafétéria. Chômage, exode rural, marasme dans les villages…Ce sont là les principales déclarations et témoignages de nombreux citoyens que nous avons rencontrés aux alentours de l'APC. À défaut des projets qui pourront offrir plus d'opportunités d'emploi, les jeunes vivent dans le désespoir. Une situation qui, pour rappel, a provoqué l'ire des jeunes qui se sont déplacés en force, au courant du mois de janvier dernier vers le siège de l'APC pour réclamer de l'emploi. Ils étaient près de 400 jeunes chômeurs qui ont fini par saccager le service de l'état civil. Ils ont protesté contre leur exclusion de la liste de l'emploi de jeunes. En passant par le village Mergueb, Djamel nous a montré l'endroit où les islamistes ont commis il y a dix ans l'un des horribles attentats ayant coûté la vie à 11 personnes dont des écoliers. Le climat d'insécurité régnant durant cette période a contraint l'ensemble des villageois à prendre les armes. « Au début, ce sont les citoyens de Mergueb qui se sont battus contre les terroristes, puis c'est l'ensemble de la population qui s'est mobilisée pour mettre fin aux agissements des islamistes », lance-t-il. « Zeboudja était, durant la période du terrorisme, le fief des groupes armés », souligne notre interlocuteur. « J'ai perdu mon père durant cette période », dira-t-il tristement. À Zeboudja, beaucoup de citoyens ont témoigné de la terreur des islamistes. Ils ont préféré aller vers d'autres régions que de subir les affres des intégristes. Ainsi, la population d'Aïn Turk garde toujours en mémoire l'attentat, au mois d'août 1994, qui a coûté la vie au P/APC de cette époque. « Il était en compagnie du responsable du parc communal, à leur sortie du siège, ils ont été surpris par un groupe terroriste qui les a conduits vers un endroit inconnu, le maire a été froidement égorgé et sa tête a été retrouvée le lendemain à quelques mètres du siège de la mairie et son corps est toujours disparu », nous dira un citoyen. Au-delà des traces encore visibles de la décennie noire, notamment à Zeboudja, Djamel affirme que le retour de quelques habitants vers leurs villages a eu lieu grâce à la mobilisation citoyenne et les forces de sécurité implantées dans la région. Après de longues années, la vie commence à reprendre ses droits, mais le développement n'a jamais trouvé son chemin. Les villages demeurent privés de commodités, permettant aux habitants de vivre une vie décente. Et, afin de permettre à la population de retourner chez elle, les pouvoirs publics ont mis en oeuvre plusieurs projets, notamment dans le secteur des travaux publics pour désenclaver certains villages, à l'image d'Ikabouthen et Ivourahlathen. Par ailleurs, les choses semblent différentes pour le P/APC d'Aïn Turk, M. Laïb Saïd. Il a toutefois affirmé que beaucoup de projets ont été lancés et d'autres le seraient incessamment, à l'instar des travaux de raccordement au réseau du gaz naturel.