Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent se réunir aujourd'hui et demain pour apporter les dernières retouches au projet de déclaration finale du 17e sommet d'Alger de la Ligue arabe dont les travaux se tiendront les 22 et 23 mars. Au regard du travail accompli par les délégués permanents auprès de l'organisation panarabe, les chefs de la diplomatie arabes n'auront pas à déployer de grands efforts pour trouver au texte une mouture finale. Les experts de la Ligue arabe ont adopté jeudi dernier un projet de déclaration finale qui a, en effet, obtenu le soutien de l'ensemble des délégations arabes. Le Sommet arabe d'Alger devrait ainsi répondre aux ambitions de l'Etat algérien qui a voulu faire de ce rendez-vous une étape importante dans la réforme démocratique des structures de l'organisation panarabe, créée en 1945. Depuis cette date, les règlements de la Ligue arabe n'ont, rappelle-t-on, connu aucune modification. Beaucoup d'entre eux sont désuets et constituent un frein à l'expression de l'action arabe commune. contrairement aux précédents sommets de la Ligue arabe, peu de dossiers font l'objet de litiges. Les questions laissées en suspens sont au nombre de trois. Elles concernent la proposition jordanienne de paix avec Israël, la distinction entre les volets financier et politique concernant la question palestinienne et la représentation africaine au sein du futur Conseil de sécurité réformé. Ainsi que le prévoit le règlement en pareil cas, c'est aux ministres des Affaires étrangères arabes que revient la responsabilité de trancher ces questions. Autre détail : le projet de déclaration finale du sommet arabe a été enrichi de nouveaux points. Ceux-ci portent sur la coopération entre la Ligue arabe et l'Union européenne et la Chine, le prochain sommet pays arabes-Amérique latine, la lutte contre le terrorisme et la modernisation dans les pays arabes. Les délégués permanents auprès de la Ligue arabe ont adopté, précise-t-on, six propositions présentées par l'Algérie dans le cadre de la réforme de l'organisation panarabe et de l'amélioration de l'action arabe commune qui seront directement soumises aux dirigeants arabes pour approbation. Parmi ces six points figurent notamment le mécanisme de vote au sein de la Ligue arabe. Désormais, celui-ci sera fondé sur la règle du consensus d'abord, puis de la majorité qualifiée des deux tiers s'il n'y a pas d'unanimité, dans les questions politiques majeures. Les questions de procédure habituelle seront adoptées à la majorité simple. Il restera aux ministres des Affaires étrangères de dresser la liste des questions de fond et de procédure. Les experts se sont mis d'accord également sur la mise en place d'une troïka composée des trois pays présidant les sommets arabes actuel, passé et prochain, qui aura les prérogatives d'un comité de suivi et de surveillance des décisions prises par la Ligue arabe. Ce dernier point sera intégré dans la Charte de la Ligue arabe modifiée. Outre l'examen des questions politiques liées à la situation en Irak et en Palestine, il a été convenu, en outre, la création d'un Parlement arabe transitoire qui sera appelé à devenir une assemblée permanente. A mentionner qu'en prévision du sommet de la Ligue arabe, les ministres arabes de l'Economie et des Finances se sont aussi réunis le même jour à Alger, dans le cadre du Conseil économique et social (CES) arabe. Ils ont endossé les principales propositions formulées par les experts du conseil et ont retenu le principe de l'institution d'un mécanisme de coordination entre les différentes structures d'intervention et de secours dans le cas de catastrophe naturelle et de lancer un satellite commun aux pays arabes pour les mêmes besoins. Le conseil ministériel du CES a également entériné la proposition de la dynamisation de la zone de libre-échange arabe en vue de favoriser les échanges de produits agricoles et industriels par la levée des barrières tarifaires et non tarifaires. L'objectif est la mise sur pied d'une union douanière arabe. Les ministres ont adopté, en outre, les recommandations portant sur le suivi des résolutions du sommet de Tunis qui ont pour finalité la modernisation de la société arabe au plan politique (réformes, démocratie) et social. Au titre de la réunion d'aujourd'hui, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a mentionné hier que les travaux « seront caractérisés par la concertation politique ». Dans cette perspective, il a plaidé en faveur du « règlement des problèmes interpellant la nation arabe en utilisant les voies politique et diplomatique ». M. Belkhadem a indiqué, par ailleurs, que la « situation au Liban et es relations libano-syriennes seront des sujets de concertation politique » lors des travaux du Conseil des ministres puis lors du sommet des chefs d'Etat et souverains arabes. Il a ajouté que l'Algérie plaide pour le « retrait des forces d'occupation israéliennes de tous les territoires arabes occupés et pour la concrétisation d'une paix durable et totale dans la région du Proche-Orient ».