Le monde de la culture, notamment le milieu de la musique et de la chanson andalouses à Constantine, reconnaît l'honorable place qu'occupe le doué cheikh Abdelkader Toumi. Nul à Constantine ne peut contester les compétences avérées de si Abdelkader en tant que professeur érudit et une lumière dans son domaine. D'une humilité et d'une simplicité incroyables, cheikh Toumi a de tout temps vécu « noyé » dans la foule parmi les siens, loin des feux de la rampe à telle enseigne qu'on le nomma « le génie oublié ». Né à Constantine au début du siècle (1906), il fréquentera très jeune l'école coranique, et apprendra par cœur le saint Coran dès son plus jeune âge, ce qui lui vaudra de diriger la prière du taraouih pendant de longues années dans les mosquées de la vielle ville sous l'autorité du cheikh Abdelhamid Benbadis dont il était un élève assidu. Son esprit studieux et sa discipline de caractère lui permettent de décrocher à l'époque un « diplôme », en l'occurrence un certificat d'études primaires qui l'aidera beaucoup tout au long de sa vie professionnelle, jalonnée par les tracasseries de l'administration coloniale. Adepte de la confrérie hansala, il y puisera la ferveur religieuse et la spiritualité dont il a toujours fait preuve ainsi que la base de son patrimoine musical qu'il aura à transmettre à plus de quatre 4 générations successives. De la même génération que les trois grands cheikhs du malouf constantinois, si Abdelkrim Bestandji, si Ahmed Bestandji et Omar Chakleb, il saura puiser au sein de cette pépinière de talents la plus grande partie du répertoire constantinois à savoir le malouf, le haouzi, le mahdjouz, le zedjel sans oublier le medh et les qasidate des deux confréries hansala et aïssaoua un répertoire colossal qu'il est difficile de cerner. Plus connu dans le monde musical en tant que violoniste, cheikh Abdelkader prit le violon à cœur, et d'une main de maître va atteindre les sommets de son art. Il était à l'époque l'un des rares violonistes jouant des partitions de musique universelle. Ex-professeur au lycée Hihi El Mekki, actuellement en retraite, à l'âge de 99 ans, il est l'un des doyens de la musique andalouse. Doté d'une mémoire exceptionnelle et d'un caractère plein de sensibilité et d'humour, il n'a rien perdu de son patrimoine culturel. A ce titre, un vibrant hommage devrait être réservé, de son vivant, à ce monument de la musique andalouse, afin de marquer en lettres d'or un siècle de générosité durant lequel il a offert au monde de la musique un riche et diversifié répertoire. Abdelouahab Merdjana (Ancien élève du cheikh)