Quels sont les scénarios possibles pour l'après-Bouteflika ? Quelles sont les prochaines étapes du processus de transition politique ? Comment va se dérouler l'après-Bouteflika? Qui assurera la transition ? Après des semaines de contestation, Abdelaziz Bouteflika a fini par démissionner mardi soir, mettant fin à deux décennies de pouvoir. Le Hirak est venu au bout du règne de Bouteflika. Et maintenant ? Une nouvelle ère s'ouvre pour l'Algérie, mais aux contours incertains. Le mouvement populaire, qui a drainé des millions d'Algériens, à certes poussé Bouteflika à démissionner, et à rallier l'institution militaire à sa cause ; cependant, la crise politique n'est toujours pas résolue. En effet, le peuple ne veut plus des symboles de l'ex-pouvoir. «Ni Bensalah, Ni Belaïz, Ni Bedoui et son gouvernement», ont fortement scandé les Algériens, lors de leur sortie nocturne mardi soir, après l'annonce de Bouteflika. Quels sont les scénarios possibles pour l'après-Bouteflika? Quelles sont les prochaines étapes du processus de transition politique ? Comment va se dérouler l'après-Bouteflika? Qui assurera la transition ? Les partis de l'opposition, des personnalités nationales ainsi que le mouvement populaire, ont fait part de plusieurs scénarios. Certains, prévoient des solutions constitutionnelles. D'autres refusent catégoriquement cette option, exigeant son gel. D'autres suggèrent des solutions d'ordre politique, alors que d'autres plus consensuels estiment nécessaire de rester dans la légitimité constitutionnelle, tout en l'accompagnant par des mesures politiques. C'est le cas du professeur du Droit constitutionnel, Rachid Lourari. Contacté hier par nos soins, Me Lourari a fourni une lecture juridique et politique de l'après-Bouteflika. Notre interlocuteur a souligné la nécessité d'actionner les solutions et propositions de la classe politique et de la rue, tout en respectant l'esprit de la Constitution. Explication : «Le pays vit une situation exceptionnelle, une crise politique aiguë». Selon Me Lourari, «cette situation requiert un dialogue de concert entre les différentes parties, afin de trouver un terrain d'entente permettant de sortir de cette crise». L'expert en Droit constitutionnel refuse l'idée de la geler, plaide pour le respect de l'esprit de la constitution. Que prévoit la Constitution ? Les procédures sont bien définies. «L'article 102 exige au Conseil constitutionnel, présidé par Tayeb Belaïz, de se réunir de plein droit et constater la vacance définitive de la Présidence de la République. Par la suite, le Parlement se réunit en plein droit, en congrès, c'est-à-dire l'Assemblée et le Conseil de la nation (Sénat) au même temps, et vote par la majorité la vacance du poste de Président. Ce dernier aura comme prérogative de gérer les affaires courantes de l'Etat. Mais, surtout, préparer les élections présidentielles, pour un retour au cadre constitutionnel. Ils investiront officiellement par la suite, le président du Sénat comme Président d'Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, comme stipule l'article 102, alinéa 4 de la Constitution». Donc, Abdelkader Bensalah sera de facto Président durant cette période et assurera l'intérim. Sauf qu'il est farouchement contesté par les Algériens. A cela, notre interlocuteur propose l'application des articles 7 et 8 de la Constitution. «L'article 7 stipule : Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple. L'article 8 permet de passer aux solutions politiques, selon ses explications». «Les Algériens refusent Bensalah, Belaïz et le gouvernement de Bedoui, il n'est pas difficile de les pousser à la démission. Un peuple qui a pressé Bouteflika à démissionner, n'aura pas de mal à le faire pour les autres», a-t-il souligné. Pour lui, il existe des mesures politiques d'accompagnement. «Après avoir poussé Bensalah à quitter la présidence du Sénat, le Conseil de la nation doit se réunir pour élire une personnalité pouvant faire le consensus, afin de diriger la période de transition», a-t-il noté. La seconde étape passe, selon Me Lourari, par le respect de l'article 8. «Le pouvoir constituant appartient au peuple. Le peuple exerce sa souveraineté par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne, par voie de référendum et par l'intermédiaire de ses représentants élus», ce qui permettra, selon lui, de trouver une solution politique. «Le peuple refuse le gouvernement, les élus du peuple doivent respecter cette volonté, et mettre en place un gouvernement de transition pouvant faire le consensus. La troisième étape consiste, selon lui, à la révision de la loi électorale, et non pas de la Constitution. Mais également, élire une commission indépendante de surveillance des élections».